Lettre à mon oncle Bass

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Cher oncle,

Cette lettre que tu tiens entre les mains, mon oncle, est la dernière de l’an 2010 que je t’envoie.

Non pas (bien sûr), que je vais me suicider, mais parce que, mon devoir de traquer la bouffe, (où qu’elle soit), m’appelle et m’interpelle.

Oui tonton, je suis un oiseau migrateur, qui doit poursuivre son en vol : celui qui mène vers la graille, où qu’elle se trouve.

Or, à Bamako, toi même, tu sais, cher Bass, il n’y a rien pour moi, rien pour la plupart des Maliens d’en bas !

Parce que, tous ces machins créés ça et là pour, disent-ils, "promouvoir l’emploi des jeunes", ne sont que chimères.

Enfantées dans la hâte, mal ficelées, mal conçues, chaotiquement gérées, toutes les « usines » de fabrication d’emplois, n’auront été que des mirages, d’implacables « trompe espoir ».

C’est pourquoi, à défaut de pouvoir jusqu’ici m’exiler "alimentairement" en France, j’ai décidé d’aller dans les rizières de Niono, pour m’y faire embaucher comme manœuvre.

Mais, Wahahi, Bihali, je jure, je n’y irai pas tout seul.

"Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne", j’irai à Niono.

"J’irai par la forêt, j’irai par la montagne".

J’y amènerai, (de gré ou de force) tous les bras et les bouches de la troupe familiale.

Chacun apprendra à gagner sa bouffe, en travaillant.

Et, comme d’habitude, puisque, Allahou Sabahatalla, nous a permis de conserver nos carcasses de misère, tout le long de l’année 2010, je lui rends hommage, au nom de la troupe familiale et de tous les Maliens d’en bas encore physiquement vivants.

Au nom donc de la "République d’en bas", de tous les Maliens par terre (qui conservent encore leur carcasse de misère), je rends grâce à Allahou Soubahanatala.

A Lui, et à Lui seul !

A toi aussi, cher oncle ! Merci surtout à Dieu, de nous (les Maliens d’en bas) donner cette force morale de ne devoir nous prosterner devant aucun mortel pour reconnaissance de services rendus.

Eh oui, oncle Bass, respirer la misère, bouffer de la poussière, et n’avoir à manger qu’une fois tous les 3 jours, ont aussi l’avantage de maintenir intacte cette portion de notre dignité. Celle-là même que la plupart de nos Maliens d’en haut, ces nouveaux riches de la 25ème heure, ces arrivistes sans vergogne, ces implacables voleurs de la République, sont obligés de piétiner dans la boue, aux seules fins de conserver les privilèges et les biens mal acquis.

Que retenir cher Bass de la République d’en haut, au cours de l’année qui agonise ?

Principalement la célébration pendant toute l’année du cinquantenaire de l’Indépendance du Mali.

Certes, l’homme ne vit pas que de pain, mais, il vit d’abord de pain. Walahi, Bilahi, je jure !

Célébrer un anniversaire n’est pas condamnable, mais, il faut tout de même tenir compte de la réplique de la fourmi à la cigale "ayant chanté tout l’été" : "vous chantiez ? Eh bien, dansez maintenant !"

Aussi, ATT, plus que quiconque sait bel et bien que la faim et la soif, l’injustice et la corruption, la pauvreté et la misère constituent les problèmes "cardinaux" des Maliens d’en bas, l’écrasante majorité de notre peuple.

Et, que ce sont, justement, sur ces "terrains" que tous, nous les "piétinés", l’attendaient. Hélas. En dehors de la célébration du 22 septembre 2010, même les danses, les poésies, les discours, contes et devinettes n’auront pas été au rendez-vous.

Où sont alors passés les centaines de millions de nos francs débloqués pour la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Mali ? La réponse est facile : ce sont les caïmans de la République, les spécialistes en organisation de spectacles qui se sont remplis les poches.

Je le dis pian !

Walahi, Bilahi, je jure tonton Bass, les solutions aux problèmes de la Nation ne sauront s’obtenir dans des salles de discours et de défoulement populaires où, les organisateurs des cirques sont plus préoccupés et intéressés par leurs perdiems, et les détournements de fonds publics que de dégager des résolutions et recommandations à même de faire avancer le pays. Ça aussi, je le dis pian !

Toujours concernant la République, elle aura enregistré quelques heureux événements courant l’an 2010. "Il faut le dire, c’est normal".

Il s’agit de la pose par ATT de la première pierre du barrage de Taoussa dans la région de Gao.

D’un coût total de 130 milliard de nos francs, cette œuvre hydroélectrique a entre autres comme objectifs, de réguler le cours moyen du fleuve Niger, de booster la production agro-sylvo-pastorale et d’accroître la disponibilité énergétique dans la région.

Toutefois, il ne faut guère crier victoire car, entre la première pierre et la dernière, il y a tout un océan.

L’autre bonne nouvelle, c’est la pose de la première pierre d’une cité universitaire par le Président de la République.

L’infrastructure scolaire qui coûtera environ 25 milliards de nos francs sera construite à Kabala sur la rive droite du fleuve Niger à Bamako.

Et ce qui m’a ému et choqué au cours de la cérémonie, c’est le fait que, ce sont les élèves et étudiants (jadis semeurs de troubles et grévistes patentés) qui ont supplié leurs enseignants à mettre fin à leur grève illimitée et les exhorter et à sauver l’école malienne. Allah Akbar !

Sur un tout autre plan, la République, a aussi plusieurs fois reçu, le ministre français des Affaires étrangères. M. Bernard Kouchner.

L’homme était dans nos murs, avec comme objectif de "faire libérer" son compatriote Konaté, pardon Camatte.

Et il réussira son pari car l’otage français menacé d’exécution par ses ravisseurs a finalement été échangé contre des terroristes en détention chez nous.

Une chance que n’aura pas cet autre vieil otage français, Michel Germaneau qui a été tué par des terroristes sur le sol malien.

Le pauvre a été tué, parce que, en réponse à l’exigence de ses ravisseurs, d’obtenir la libération de certains de leurs camarades en échange de la sienne, la France de Sarkozy (en collaboration avec la Mauritanie voisine) sûre de ses "muscles" a procédé, et sur le territoire malien à un raid contre les terroristes.

Cela, sans même avoir informé nos hautes autorités de leur entreprise. Conséquence de l’acte irresponsable, un innocent a été froidement abattu.

Sur un tout autre plan, notre pays a vécu une tragédie le 25 février 2010, car la mort dans sa cruauté a frappé, sans discernement.

La tragédie s’est passée à Tombouctou quand, au cours d’une bousculade autour de la célèbre mosquée de Djingareyber, 26 personnes (principalement des enfants et des femmes) ont été tuées et 54 autres grièvement blessées.

Autre événement qui m’a indigné, c’est lorsque, Mme la ministre de la Communication et des Nouvelles technologies a été envoyée à Bruxelles pour représenter à une rencontre internationale, Mme la Première dame du Mali et sa Fondation.

Cela s’appelle mélange de responsabilités et de prérogatives. Ce qui est illégal et inadmissible car, aucun ministre ne doit être un porte parole d’une Fondation (fusse-t-elle d’une Première Dame) à moins que cela ne soit dans un cadre strictement personnel.

Par ailleurs, la République d’en "haut d’en haut" a été honorée par la visite du président Iranien, ce mal aimé des pays occidentaux.

A la tête d’une forte délégation, l’hôte d’en "haut d’en haut" a effectué un séjour de 48 heures dans notre pays.

Et, puisque, on ne vient pas dans un pays comme le nôtre sans lui apporter de l’aumône, le président iranien a fait un don au Mali de 20 véhicules (pick-up) et d’un bus pour le transport de hautes personnalités.

La "récolte" est estimée à 750 millions de nos francs.

Heureusement, et il faut s’en réjouir, ce don était en nature et non en espèce.

Du contraire, avant même le départ du donateur, il aurait atterrit dans certaines…. poches. Tant pis donc pour les loups de la République !

Concernant la lutte contre la corruption, il faut surtout retenir que le Vérificateur général, après avoir remis son 9ème rapport au Président de la République, a convoqué une conférence de presse.

Souple plus que jamais (il n’avait pas le choix car ATT avait déjà dit que l’honneur des hommes est sacré), il a simplement expliqué que, faute d’une bonne gestion, la "Calebasse Nationale" a perdu en 2009 plus de 111 milliards. Allah Akbar ! Mais, dis-moi oncle Bass, pour qui nous prenne-t-on ? De moutons ou de chèvres ?

Combien de structures "anti-corruption" ont elles, nos hautes autorités, déjà créées et à coups de milliards de nos francs ?

Combien de rapports, les Casca et les "Végaux" n’ont-ils pas produits ?

Mais, au nom du respect de "l’honneur", presque aucun voleur de la République n’a vomi ce qu’il a mangé. Les voleurs grands ou petits n’ont point d’honneur.

Et, tous sont connus, autant de la République que de la Rue publique.

Ce sont des ânes et des cafards.

Il faut, ou leur asséner d’implacables coups de bâton, ou les pulvériser. Un point, un trait ! Je le dis pian !

Ah ! J’oubliais de te signaler que le Haut conseil Islamique, cette redoutable Association a fait trembler la République d’en haut au point de la maudire publiquent il y a quelques mois, l’avant de taper sur la… peau de prière.

Elle jurait par Allah, de rendre le pays ingouvernable, si ses recommandations (à propos du nouveau code des personnes et de la famille) ne sont pas prises en compte.

Par ailleurs le pays aura aussi vécu au rythme du mois d’octobre, le mois dit de la solidarité.

Une brève occasion pour ce Ministère dit du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées, de donner l’impression d’avoir une raison d’être.

Développement Social ? Où, quand, au profit de qui ? Plutôt développement des ventres de ceux qui animent le département.

Solidarité ? De qui envers qui ?

Rien que de pitoyables mises en scènes pour, en échange de poignées de mains, de noix de colas et de quelques misérables billets de banque, obtenir des clichés pour les propagandes politiques.

Aussi, à propos de personnes âgées, Allah Akbar ! Il n’y en a même plus (presque plus) dans ce pays. L’écrasante majorité ayant été zigouillée par la faim, la soif, la maladie, la misère et le désespoir.

Concernant le marigot politique malien il faut principalement retenir qu’il a été quelque agité au cours de l’année 2010. Et, même ceux qui y étaient depuis longtemps en hibernation auront été en activité.

C’est le cas du PSP et de l’US-RDA qui se sont "réconciliés" et en présence du Président de la République, ATT, lequel aurait joué un rôle important dans la "réconciliation".

Un Président de "la Demande Sociale" (PDS), participer et assister à des "affaires" entre des partis politiques ?

Le fait a été inédit et extraordinaire.

"Je suis fils de l’US-RDA et j’appartiens aussi au PSP" a dit ATT à l’occasion.

Allah Akbar ! Dieu est grand, mais, ATT n’est pas petit. Walahi, Bilahi, je jure !

Enfin cher Bass, je dois te dire que, au cours de l’an 2010, non seulement le "chemin a été difficile, mais aussi, le difficile a été le chemin" !

Pour terminer cette lettre qui est la dernière de l’an 2010, je te souhaite une bonne et heureuse fin d’année.

Du fond du cœur, je souhaite de même, à tous les Maliens. D’en haut, comme d’en bas.

Mes vœux particuliers également de longévité à tous les voleurs de la République, aux corrupteurs et aux corrompus, à tous les crocodiles, caïmans, loups, vampires et autres prédateurs de l’économie Nationale, aux menteurs, aux malhonnêtes, aux méchants et aux "Nafigui". Afin qu’ils puissent être présents au Tribunal de l’histoire (ici même sur terre) et, payer leurs "crimes".

A l’année prochaine Inchallahou !

Par ton petit Ablo !

 

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