Lettre à grand-père : Le Mali entre larmes et vacarme

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Oui cher grand-père, notre pays traverse larmes et vacarme sous le sceau du dédain et du déni.  Oui grand-père, le lendemain de la fête de Ramadan, les forces du mal ont encore frappé. Elles ont fait des morts et des blessés. Mais, cher grand-père, tant pis pour les morts ! Des larmes le jour, nous passâmes aux vacarmes la nuit. Du deuil au seuil du dédain. Hélas !

Oui hélas ! Grand-père ! Si le samedi, nous fûmes réveillés par des assauts terroristes entre voitures piégées, tirs d’armes lourdes et le crash d’un hélico, une journée hollywoodienne de larmes, la nuit et le dimanche, comme si de rien était, nous passâmes au vacarme. D’un côté le deuil. De l’autre, la fête. Le même Mali et le même Malien.

Sur les réseaux, il ne fallait pas voir. Malgré ces actes barbares et terroristes, certains trouvaient des opportunités pour de fausses informations et de faux communiqués. A quel dessein ? Quand même le coup a marché. Car le but était de créer dans la tête des Maliens qu’il y a d’autres Maliens qui se réjouissent de ça. Et souhaitent le mal au pays.

Oui grand-père ! Le coup a marché et pourra porter fruit parce qu’il faut continuer à diviser les Maliens, idéologiquement, politiquement et pourquoi pas militairement un jour, c’est-à-dire armer les Maliens un jour les uns contre les autres plus que ce que l’on a vécu et que l’on en train de vivre.  C’est la loi des marchands d’armes. Ce n’est point la stabilité mais le chaos qui enrichit.

En plus grand-père, désormais, tu n’auras plus droit à l’information. J’attendrai juste les versions officielles pour t’informer. Oui ça a d’ailleurs trop duré, des communicants qui écrivent comme des journalistes, des journalistes patriotes et un peuple qui préfère des oreillers à la lumière. Celle-ci fait mal aux yeux et coupe souvent le sommeil.

Donc, il ne faut plus t’attendre à des informations de ma part. Au Mali, on ne cherche plus à donner forme à l’esprit mais dorloter les cœurs. Tu n’auras désormais que le communiqué final. On ne veut plus douter, on veut la certitude. On veut nos oreillers. On veut dormir et gare à celui qui tape à la cloche.

Le journalisme contre-pouvoir et contrôleur du pouvoir est mort. Le gouvernement est unique, la pensée est unique. Idem pour l’opinion. Un Malien, une pensée, une opinion au sens unique. On fracasse notre chemin de destin entre dédain et déni pour un jour voir le bout du tunnel. Jusqu’ici, grand-père, on n’a fait que contourner le problème ou créer un autre problème mais jamais une réflexion approfondie pour de véritables solutions.

Celui qui trouve quelqu’un d’autre pour porter le chapeau de ses problèmes, ne portera jamais les loupes de la solution et portera difficilement la couronne de la réussite. Qu’Allah aide notre pays, nos militaires, nos dirigeants et nous donne nous la force de voir en nous-mêmes, ce qui n’a pas marché et aller à des vrais actes de solution, Amine ! A mardi pour ma 65e lettre.

Lettre de Koureichy

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