Lettre à grand-père : En attendant le paradis

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Cher grand père, le paradis annoncé n’est encore pas là. On nous avait promis ici, qu’après le 18 août, c’était le paradis. On nous avait promis ici qu’après votre départ, c’était la transparence, la fin de l’impunité et la corruption. On nous avait promis ici, qu’il y aurait aucune tuerie après vous. Qu’aucun militaire ne tomberait. Qu’on entendrait plus parler d’exactions ou de bavures. On nous avait promis le paradis. Il n’est toujours pas là.

Oui cher grand-père ! Des démocrates de 1991 et des religieux se sont réunis ici contre vous en insurrection populaire baptisée désobéissance civile pour vous faire tomber. Un régime démocratiquement élu. En contrepartie, on devrait avoir le paradis à portée de main. En contrepartie, un Mali grandement développé et sécurisé. La montagne a accouché d’une souris. L’éléphant annoncé est arrivé avec un pays cassé.

Oui  grand-père ! On nous avait promis une démocratie renforcée. Des institutions solides, une justice indépendante. Des services sociaux de base partout et à hauteur de souhait. On nous avait promis, l’Etat sur toute l’étendue du territoire. On nous avait promis une armée forte, démocrate et républicaine. On nous avait promis, l’autosuffisance alimentaire, la sécurité et nos libertés. On nous avait promis un paradis sur terre. Un Mali bien développé.

Bientôt deux ans, cher grand-père, le bilan est là, Abas la France, Abas la Cédeao, Abas l’Onu. Le bilan est là, l’éducation ternie dans le silence. Le bilan est là, gouvernement qui se flatte des actions judiciaires devant l’organe législatif. La séparation des pouvoir mort de sa belle mort. Les libertés menacées. Une pensée unique en projet. Changer de maître pensant changer de statut. Rompre avec le monde, nous isoler bien pour mieux nous sécuriser.

Oui grand-père ! A la place du paradis promis, nous avons des blocages partout. Un embargo inédit. Des entreprises internationales qui n’ont pas fini avec Covid-19, bloquées sans aucun plan de riposte. Une éducation sourde aux réformes dont des états généraux ne figurent que dans les archives du souvenir. En matière de justice que je l’ai dit, les procédures judiciaires font désormais partie des actions du gouvernement. Et ça flatte devant le CNT. Mort de rire ! Montesquieu est vraiment mort de nouveau !

Toutes nos reformes reparties en 516 incantations mystérieusement gardées dans les archives des assises nationales de la Refondation. On ne sait même pas par où commencer la reconstruction de l’Etat. Connait-on d’ailleurs l’Etat ? Car ça m’étonnerait fort qu’un vrai ingénieur d’Etat se retrouve au boulevard de l’indépendance, ce jour du 18 août et précédents pour faire tomber un Etat et prétendant en reconstruire un autre. Il faut tout ignorer de l’Etat pour commettre ce crime. Comment des ingénieurs qui ne peuvent même pas construire le Boulevard de l’indépendance qui les abritent peuvent construire un Etat. Comment ?

Cher grand-père, peut-on donner ce que l’on n’a pas. Ils n’ont pas l’Etat en eux et ne pourront jamais en donner un. Jamais. Quelle loi modifier avant quelle loi. Quel modèle d’Etat instaurer. Quelle structure mettre en place avant quelle ? Comment procéder ? Poser et superposer les briques, les unes après les autres pour faire sortir du néant un Etat pour le Mali. Voici tout le comble auquel l’on fait face au sommet de l’Etat aujourd’hui. Et pour distraire, on joue du tamtam. Continuons à jouer. En attendant c’était ma 18ème lettre après vous cher grand-père. A mardi inch’Allah !

 

Lettre de Koureichy

 

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