Lettre à grand-père : Cher grand-père…

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Cette fois-ci, dans cette dix-septième lettre, ce n’est pas la langue latine ou française qui nous posera un problème mais ce sont mes larmes. Oui grand-père, mes larmes mouilleront la lettre et rempliront l’enveloppe. Mes larmes noieront le coursier et peut-être vous le destinateur.

Si face à ce monde malheureux, je dois pleurer à ‘’Bataclan’’, pleurer à ‘’Charlie’’ pleurer pour Barkhane et pleurer au Sénégal. Hé ! Oui ! Grand-père ! Sans oublier le grand Maliba ! D’où Aguelhok a fait des centaines de morts, l’attaque de Konna, Kidal de la rentrée ‘’Mara-ènne’’. Sans se passer de Dioura la martyre, Dioura la violentée, ou de ‘’Guiré’’. J’ai cité les charniers de Nantaga et Kobaga, sans jugement ni procès, 27 jeunes peulhs en plein carême sont partis à jamais et tant d’autres.

J’ai nommé Koulô-ôgo. Oui grand-père, on a trop à pleurer, à crier, à gémir, à hurler et même à ne jamais se taire. Nous avons le record mondial du crime le plus odieux de la décennie. Je me prosterne grand-père pour dire Ôgossago et Sobanada. Quand des femmes et des enfants sont victimes de terrorisme et de contre-terrorisme. Voici grand-père, un bilan non exhaustif à pleurer de plus.

Pour plus d’infos, le reste est lisible sur le visage des veuves de Kati, dans le regard des orphelins du camp de Nioro et le cri de cœur des réfugiés de Niamana et de Faladiè. J’en passe.

Cher grand-père au cas où mes larmes vous permettront de lire ces lignes, sachez que le Mali avance, malgré quelques sabotages du sauvetage entamé par le gouvernement qui porte de gros fruits, le calme revient. Il faut tirer des leçons du passé, qu’on enlève toute ethnicité à la gestion politico-militaire du conflit. Marchons avec ces principes, les armes aux FAmas, les suspects devant le juge, aucune vengeance sur des civils, ce sera lent, mais nous verrons le bout du tunnel. Travaillons au retour de l’administration. Nous sommes un peuple grand. Nous sommes une nation. Si le passé nous a séparé, le futur heureux, de Kayes à Kidal, doit nous unir pour nos femmes et nos enfants. Nous sommes bientôt à 8 ans de retard et de guerre, aucune mosquée n’a vu le jour, aucune école, aucun hôpital, aucune pierre n’a été portée à l’édifice, ni à Kidal, ni à Kayes. Nous sommes les seuls perdants, pas ceux qui touchent les indemnités, mais ces enfants aux fins fonds de la brousse qui ne partent plus à l’école et cibles potentielles de l’obscurantisme.

Cher grand-père, après ces petits conseils, je vous souhaite une très bonne semaine. Mes larmes continuent, mais l’espoir existe. Je vous informe aussi que j’ai laissé pour vous 20 millions et 110 millions aux jeunes footballeurs, pardon, je voulais dire le Centre du Mali pour les zones qui n’ont pas pu cultiver cette année à cause de l’insécurité.

Votre petit-fils ! A mardi prochain ! Inch’Allah !

Lettre de Koureichy

 

 

 

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