Oui cher grand-père ! L’humanité a toujours connu des guerres. Elles ont été cycliques et mécaniques ; intrinsèques à l’évolution humaine et à des dimensions différentes. Les conflits font partie de nous, de notre société. Des échanges de cadeaux et mots doux aux injures et coups, des balles jusqu’à des bombes… cette communication (échange émotif) a toujours existé. Douce souvent et des fois violente.
Et les hommes ont toujours étudié les guerres et les conflits. Dans notre for intérieur, celle que nous menons entre la hauteur et la bassesse, l’égo et l’humilité, la luxure et la chasteté, la peur et l’amour, l’ignorance et la connaissance, cette guerre individuelle (jihad nafs), le combat de l’âme et la conscience. Depuis cette guerre intérieure, jusqu’à son extérioration d’avec les autres. Oui, cette guerre qui nous éloigne des autres et fait de nous des asociaux.
Et ensuite, quand elle prend une dimension collective pour uniformiser en elle, selon des consonances (sociales, politiques, religieuses et géographiques), elle commence une autre forme globale et crée un contraire à combattre et à vaincre. Elle, la guerre, alors prend des armes et communique désormais de la plus violente des manières et fait des victimes, veuves et orphelins. C’est ainsi qu’elle est cyclique et mécanique jusqu’au jour où la hauteur devient grande.
Oui grand-père ! Faut-il le rappeler, il y a deux cents ans, cette guerre d’appartenance entre la “Kadriya” et la “Tijaniya” entre le Fouta et le Macina ? Cette guerre de trois décennies et d’innombrables morts. Des embargos, des blocus, des sièges, de crime en crime. Ou faut-il parler de celle de moins 100 ans ? Oui grand-père ! Entre les 11 grains et les 12 grains. Ouf ! “Toi tu zikr-es une litanie 11 fois, moi 12 fois, je ne suis pas d’accord. Moi non plus et puff ! On va en guerre“ ! Et ça a fait des morts et des morts ! Triste !
Ah oui ! Grand-père ! Les causes qui ont fait les carnages d’hier ne peuvent pas être dites aujourd’hui. Un jour, dans 100 ans, quand celles qui sont menées présentement, se raconteront, il y aura des rires et des larmes. Seulement parce que des intellectuels ont manqué d’étudier les causes réelles et profondes et d’apporter des solutions réelles et profondes à ces carnages. On a cru à des “va-t’en guerre” pour des choses réellement jamais dites et on aurait sombré. Quelle qu’en soit l’issue, après une guerre, c’est l’échec.
Autrefois avant d’aller en guerre, on faisait appel à des grands esprits pour qu’ils examinent, les causes profondes et invisibles et les acteurs réels et invisibles avant de déclarer si on va ou pas en guerre. Car on savait, une guerre n’est pas seulement les acteurs visibles mais les alliés invisibles. Et il fallait éviter de se jeter dans une mare dont on ignore la profondeur. C’était tout l’art de la guerre.
A mardi prochain pour ma 217e lettre.
Koureichy Cissé