Cher grand-père…
Cette lettre est la deuxième que je t’envoie avec tous les doutes du monde, si tu la liras ou pas. Oui grand-père, je ne suis sûr si elle t’atteindra ou pas. Si tu la liras ou pas. L’au-delà reste un mystère inconnu. Notre destination finale à nous, mais où personne n’est contente d’y aller ou d’y accompagner un parent ami ou frère. La fin ! Avec tous ses doutes et toutes ses questions !
Oui ! Grand-père, la fin est toujours triste. La colère nous pousse souvent à la souhaiter sans pourtant cerner tout le contour et toutes les conséquences et aussi peut-être les avantages. Oui ! Cher grand-père, nous peuple grandement intellectuel et tout savant avons décidé le départ de la France ! Il faut qu’elle parte avec toutes ses valeurs pardon malheurs !
Oui cher grand-père ! Il faut que la France parte avec sa démocratie, ses élections, sa République, liberté de presse et de pensée, le multipartisme et l’Etat de Droit, les droits humains, la Justice indépendante et aussi la décentralisation. On ne veut ni de la France ni de ses valeurs. Oui, qu’elle n’oublie pas, qu’elle parte avec sa langue. Le français. C’est peut-être la dernière fois, que je t’écrirais en français. On ne veut plus rien d’elle.
Oui cher grand-père ! Nous n’avons plus besoin des valeurs de l’ordre démocratique et de la République. Notre junte nous suffit. Nous allons faire recours à la grande Russie. Elle va venir nous libérer. Elle viendra bâtir notre armée. Nous allons avoir un Etat fort et souverain. De Kayes à Kidal, nous allons instaurer notre pouvoir, notre puissant pouvoir du gouvernement.
Oui ! Cher grand-père ! La France peut partir avec la Constitution de 1992. Nous aurons notre Acte fondamental, pardon, notre Charte et nos armes. Elle peut rentrer avec le code pénal, la Justice sait déjà ce que veut le gouvernement. Ce qui est subversif, déstabilisant ou qui atteint le crédit ou la crédibilité de l’Etat. Elle saura mettre sous mandat. Vive Kim pardon, Assim !
J’ai oublié grand-père, nos Tourankés de France peuvent faire leur valise. On va leur trouver des plonges dans notre grande Russie. On va couper tous les ponts. On va quitter la Cédéao, l’Uémoa, l’UA et l’Onu. On va faire appel à tous nos ambassadeurs. On va créer notre propre monnaie. On va officialiser notre langue. De Kayes à Kidal, une langue obligatoire. Ha Ouais ! Grand-père !
Organiser des élections ? Jamais ! Pour quoi faire ? C’est mettre fin au pouvoir d’Assimi pardon au Mali. On a un gouvernement qui laisse les juges ouvrir les grands dossiers. La Justice peut même prendre les anciens dignitaires et les mettre en prison. On a fini avec la corruption. L’impunité aussi est morte enterrée. On a tout ça et il reste quoi à faire ? Pourquoi organiser les élections ?
Cher grand-père ! C’est ça la grande volonté du grand peuple du boulevard. Et il faut l’exécuter. Quand la France partira, tous nos maux partiront. Le manque d’éducation et de santé. La mauvaise gouvernance, la corruption et l’impunité. Le non–respect de nos lois, le manque d’initiative de nos dirigeants entre autres. Tout ça là, c’est la France. Il faut qu’elle parte. C’est tout. A mardi. Inch’Allah !
Lettre de Koureichy