Cher grand-père…
C’est très difficile pour moi de t’écrire outre-tombe. Toi qui étais là parmi nous, il y a juste une semaine. Il y a juste quelques moments, tu étais là à la tête de ce pays entre ‘’Inch’Allah’’, ‘’Allah lé no lé’’, et ‘’Hasbounah lahou wa ni imal wakilou’’. Avec, « nul ne serait invité aux banquets s’il ne le mérite’’.et ‘’nous fûmes quand d’autres n’étaient pas’’. Tes mots résonnent encore en moi, comme si je devrais t’écouter de nouveau à ta future adresse à la natation. Mais hélas ! Tu es parti !
Tu es parti là où nous allons tous te rejoindre. Ce village sombre sans retour comme l’appelle ton jeune frère Magma Gabriel Konaté. ‘’Village des os’’, comme il le nomme. Tu nous as juste devancés et nous te rejoindrons. Inch’Allah ! En attendant, nous sommes là et continuons de nous leurrer sur du faux. Cette vie sans autre issue que la mort et dont la chose la plus que nous fuyons, reste cette même mort. Celle-là dont nous avons tous peur mais qui reste le destin final. Là où tu es parti !
Oui ! Cher grand-père… Que toi tu ne sois plus. Allah Akbar ! Quel prêche ! Quel sermon ! Ton départ doit tellement porter conseil. Ton départ doit tellement dissuader car il traite la finitude du pouvoir, de la gloire et aussi de l’homme. Ton départ dit tellement tout qu’en vérité, il n’y a plus rien à dire ! Rien à conseiller. Rien qu’à revoir l’histoire, ces grands actes, ces grands défis qu’ils s’amplifient davantage. Cette fuite et ce refus de prendre la bête par la corne, ce refus d’être franc et honnête pour le Mali et poser des vrais actes durables.
Cher grand-père, je ne vais pas être long. C’est ma première lettre posthume. Et inch’Allah, je continuerais à t’écrire et te donner les nouvelles de chère patrie. Notre bien commun. Et de là-bas, continue à prier pour ce pays. Le pays en a besoin. Prie pour qu’un grand Etat fort démocratique et républicain puisse sortir de tout ça. Prie pour notre retour au concert des grandes nations. Prie pour la paix et la réconciliation au Mali. Prie pour que la raison et le bon sens remportent sur les émotions et les passions.
Cher grand-père, je te laisse ici. Repose en paix. Que la terre te soit légère ! Amine !
Lettre de Koureichy