Cher grand-père…
Tout est confus. On dirait que ce n’est pas tout récent cette situation politico-institutionnelle. On a tous oublié comme des malades d’Alzheimer. Le coupable est devenu la victime. On dirait que l’on n’était pas là lors des concertations nationales sur les Assises. Lors de l’élaboration de la Charte de la Transition. Tout est confus.
Aujourd’hui, le coupable est devenu la victime. On dirait qu’on n’était pas là quand le CNPS partait négocier seul le délai de la Transition. On dirait qu’on n’était là pas quand le parachèvement est devenu l’achèvement. On dirait qu’il y a de cela 100 ans, quand on mettait en place le CNT et le gouvernement. Comme si on savait tous comment Bah N’daw a été désigné pour diriger la transition.
Celui qui oublie d’où il vient, n’ira jamais loin. Faut-il le rappeler quand on prenait Choguel Kokalla Maïga comme bouclier ? Faut-il le rappeler quand on faisait recours au M5-RFP pour se faire accepter par la Cédéao ? Faut-il le rappeler, le pourquoi, un colonel a été accepté à diriger la transition. Ou faut-il renvoyer au dictionnaire pour savoir c’est quoi une Transition ?
Tout se passe comme si un Alzheimer collectif ravageait nos cerveaux et nous faisait tout oublier. Tout. Faut-il un rappel ? Ce qui s’est passé tout près le 18 août 2020 ? Faut-il rappeler que pour des problèmes de gouvernance, qu’au lieu de résoudre ce problème, nous avons juste ajouté d’autres problèmes. Faut-il le dire, que le coup d’Etat était un autre problème plus les autres problèmes.
Pour nous en sortir, l’erreur monumentale, ce serait de confondre un pays à ses dirigeants. Confondre l’avenir d’un pays qui existerait 1000 ans et plus à des hommes qui ne dépasseront pas 100 ans. L’erreur monumentale, c’est de confondre un pays et le régime qui le dirige. L’erreur monumentale c’est de limiter ses réflexions à des hommes mortels quand il s’agit d’un pays.
A chaque fois que l’on a lié le destin d’un pays à celui d’un seul homme ou d’un groupe d’hommes, les pas se sont précipités dans des guerres et des conflits sans limite. Le patriotisme, vrai, c’est de mettre la patrie au dessus de ses intérêts individuels. C’est de penser à l’avenir et le devenir d’un pays et des millions et milliards de fils et filles qui y vivront. Ne pas entamer d’aventures ambigües avec le destin de 22 millions d’humains.
Certes c’est difficile de travailler à quitter le confort du pouvoir mais Dieu aussi jugera tous ceux qui ont trahi leur serment. Eux et leur progéniture. On peut tromper les hommes mais pas le Divin. La charte a juré sur 18 mois, mais c’est à notre honneur de les tenir. Je le jure. A mardi prochain. Inch’Allah. Pour ma 126ème lettre.
Lettre de Koureichy