Cher grand-père…
Je vous adresse, depuis le bas de la colline, cette 25e lettre aussi triste que la mort, furieuse que Sidati ou le Sida malien et plus déçue que l’avenir d’un pays sans enfant. Oui grand-père, les adjectifs qualificatifs réunis et tous les adverbes rassemblés ne pourront vous dire ce que je ressens. Triste !
Cher grand-père, je suis triste face à un peuple coupable et victime, un exécutif sans repère, un judiciaire en sommeil, une Assemblée périmée et une Armée trahie au plus profond par elle-même aussi. Cher grand-père, longtemps nous avions tous pensé que l’ennemi était des Occidentaux, des groupes pétroliers, des frères rebelles ou terroristes, mais jamais nous n’avions imaginé qu’une si grave rage pouvait exister à notre sein, en ce moment si crucial de l’histoire du Mali.
Oui cher grand-père, à quel Dieu se confier ? Quel prophète consulter ? Celui de Bougouni ou des animistes perdus ? Quel messie attendre ?
Cher grand-père, au moment où le pays est en guerre. Au moment où notre armée est affaiblie, au moment où tous nos budgets se focalisent sur la grande muette pour la faire entendre, au moment où l’Armée reste la seule pirogue pour sauver le Mali, cher grand-père, nous découvrons qu’il y a des Maliens qui trahissent cette armée. Des avions cloués au sol et des armes volées. Silence radio !
Cher grand-père, entre celui qui arme mal un soldat et celui qui tire sur lui, je ne vois aucune différence. Aucun secret de Défense ne doit tenir devant cette trahison. C’est trop ! On ne peut rien faire de mal de plus. Rien !
Cher grand-père, si je pouvais, cette 25e lettre serait un 25e amendement pour le Mali. Un amendement de justice car la Grande muette ne parle pas mais si elle parle elle fait taire tout le monde. Vive nos FAMa !
Cher grand-père, je vous informe que l’Accord d’Alger en plus d’être caduque et inapplicable n’est plus un fétiche. Il serait désormais “soumettable” à une révision avec la bénédiction du grand-père Sidati et ses seigneurs (Barkhane et Munisma) Ndrl !
Cher grand-père, j’aimerai juste qu’on comprenne une chose, seule l’insécurité pourra diviser le Mali mais jamais un micro-Etat. Gao et Tombouctou diront NON. L’histoire qui nous unit est si grande et si glorieuse. Et on espère qu’un projet commun de développement nous réunira un jour. On espère que grand-père Sidati et sa bande comprendront que rien de tout ça ne profitera à cette zone qui existe entre Kayes et Kidal (Mali).
Cher grand-père, je sais que je te fatigue avec mes histoires politiques. Je sais que tu préfères savourer le paysage des nuages et la vue du soleil couchant ou levant pour vous remémorer la Grèce antique, mais je ne peux faire autrement. Je veux juste éviter le réveil brutal qui a toujours coupé tous les longs sommeils. A mardi prochain Inchallah !
Lettre de Koureichy