Cher grand-père…
Je t’envoie cette 75ème pour te donner mes nouvelles et recevoir les tiennes. Moi je vais bien. J’espère de même pour toi. Maintenant c’est le concours d’entrée au Conseil national de Malick Diaw pardon de la Transition. J’ai déposé mes dossiers. Il faut prier que le président de l’intérieur Assimi Goïta, me confonde avec Malick Diaw et me désigne président du CNT. Croisons les doigts et prions. Dieu peut tout.
Cher grand-père, les Maliens s’endettent à la vau-l’eau. Les gestions claniques et oligarchiques refont surface. On ne tire aucune leçon du passé et ne pose aucun regard sur le futur. Juste des décisions à court terme qui donnent l’impression de gérer les problèmes or ne font que semer de très mauvaises graines pour l’avenir. Que Dieu nous en préserve !
Cher grand-père, l’heure est à un bilan. Un véritable bilan. Une revue de toutes les erreurs. Depuis Modibo Keita, Moussa Traoré, Alpha, ATT et jusqu’à IBK. Ils ont tous commis de grosses erreurs. Des erreurs communes à tous. Tant que nous ne pallieront pas ces erreurs répétitives, nous nous retrouverons face aux mêmes obstacles répétitifs. Coup d’Etat, soulèvement populaire, révolte, rébellion, révolution…
Oui cher grand-père ! Modibo Keita, Amadou Toumani, Alpha et IBK ont tous commis les mêmes erreurs. Tout ce qu’ils ont bâti, a été renversé d’un revers de main après eux ou même devant eux. Car ils se sont limités à construire des grosses industries et des grandes infrastructures. Ils ont oublié qu’il fallait des grandes institutions et des systèmes étatiques renforcés qui ne dépendaient pas de quelques hommes. Les grandes infrastructures et industries sans institutions fortes sont comme un immeuble sans sous-bassement. Tôt ou tard, ils s’écrouleront.
Oui cher grand-père, il faut donner au Mali des institutions fortes et un système démocratique renforcé. Quittons les chimères de l’homme providentiel, mettons en place des structures institutionnelles qui répondent à nos besoins, que le pays fonctionne comme tel écrit dans les textes et non la volonté de quelques légitimités (civiles, militaires ou politiques).
Oui grand-père ! Cette transition doit nous permettre de passer à un toilettage profond de nos textes d’en réviser les lacunes de mettre en place de grandes institutions et d’organiser des élections transparentes afin de permettre à des hommes et femmes valables bien élus d’acheminer le Mali vers le grand bonheur. C’est cela la Refondation de l’Etat.
Cher grand-père, aucun clan seul, ni militaire, ni civil ni politique ne pourrait réaliser seul cette refondation. Et pire, l’enfer c’est de confondre refonder et nettoyer par une soi-disant lutte contre la corruption. Pour une vraie refondation, il faut miser que sur l’avenir. Donner de nouvelles pulsions, des nouveaux gardes fous et une autre équipe au Mali. C’est en cela le salut. Et non une lutte anti-corruption qui n’engendrerait qu’un autre coup d’Etat. Qui ne chercherait pas couvrir ses arrières ? Or tous les chiens ont la gale au Mali.
Cher grand-père, une gestion clanique ne nous mènera qu’à un autre problème. Quand un pays s’effondre à ce niveau, on ne cherche pas la solution dans les caniveaux. Cela ne nous ne mènera que dans d’autres caniveaux. D’autres 18 août, d’autres 22 et 26 mars. Pour la réalisation des grands édifices, la force et la persévérance suffisent au maçon mais l’architecture fait appel à l’art et la science. La politique sans les politiques est utopique. A mardi prochain ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy