Kôrô, j’espère que tu es de retour de Copenhague où se tenait le sommet mondial sur l’environnement. Ma déception a été que je ne t’ai pas vu dans la salle des VIP. Et pourtant, il en y avait quelques uns de tes amis qui ont parfaitement participé aux débats. Puisqu’à mon avis, ta participation à ces assises ne fera qu’augmenter les effets de serre propagés dans notre environnement. Merci pour cette grande inutilité ! Bon, bref ! Revenons à ce qui nous divise.
Kôrô, je te l’avais souligné, il y a seulement six mois, que l’actuel ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, ne peut pas résoudre les problèmes récurrents de notre école. Tu ne m’avais pas cru. Aujourd’hui, j’au eu raison sur vous. Car, de rencontre en rencontre, notre super ministre n’est pas parvenu à dire la vérité aux syndicats des enseignants qui savent surtout que le ministre les leurre et que rien n’est en vue pour satisfaire leurs doléances.
Nos braves enseignants sont sidérés d’entendre le premier citoyen, le précurseur de la démocratie, le principal acteur de la modernisation du Mali, dire qu’ils (les enseignants) demandent trop à l’Etat. Les enseignants sont également révoltés contre le président de la fédération des parents d’élève qui se dit lui aussi instituteur. Ce dernier estime que les doléances de la « nouvelle génération » sont trop. Aussi, force est de constater que malgré la mise en place d’un comité de sage proposé par l’ancien ministre d’Alpha, Amadou Samassékou, les choses n’ont pas bougé. Au sein dudit comité, certains membres accusent Salikou de n’avoir pas mis en œuvre les différentes suggestions et recommandations censées faire sortir notre école de l’ornière. A té kè !
Kôrô, le fond du problème entre enseignants et Etat réside en grande partie à la mauvaise interprétation de la fonction publique territoriale. En effet, pour valoriser la fonction d’enseignant permettant aux enfants d’acquérir le maximum de connaissances, les syndicats d’enseignants ont demandé à l’Etat l’intégration de leurs contractuels à la fonction publique. L’Etat a voulu jouer au malin en acceptant cette doléance. Cette attitude fut applaudie par le corps enseignant. Mais, quelques jours plus tard, les infatigables se sont rendus compte qu’ils ont été dupés par le gouvernement de Modibo Sidibé, particulièrement par Salikou Sanogo leur ministre de tutelle.
Au fait, Kôrô, les enseignants bien qu’instruits ne sont pas parvenus à décortiquer la notion « fonction publique territoriale ». Or, cette appellation permet aux contractuels de Sikasso de faire toute leur carrière dans leurs localités, la 3e région administrative du Mali. Par exemple, la fonction publique territoriale n’admet pas à ce qu’un travailleur de Koulikoro soit muté à Gao ou à Kidal.
Kôrô, à la place de « territoriale », les hommes de M. Mallé demandent la « fonction publique » tout court. Ce qui, aux yeux de Modibo et ses catéchumènes n’est pas faisable. Du moins, il n’est, en tout cas pas possible, sous le soleil du natif de Soudou Baba. C’est pourquoi, dans un premier temps, les enseignants du fondamental ont décidé à faire du « Bagabaga », en faisant dix jours sans cours. Ensuite, ils prévoient dès leur retour du congé de Noel, d’observer une grève illimitée afin de contraindre l’Etat à satisfaire leurs doléances. Kôrô, u bé sé dè !
Kôrô, pourtant, je donne raison à la nouvelle génération. Tu ne te souviens pas de cette appellation très péjorative des enseignants sous GMT « Lakèrè muku ni papié ». La génération actuelle ne veut pas tomber dans cette erreur. Elle veut bousculer les choses pour qu’enfin leur profession soit respectée par l’ensemble des maliens. N’a-t-elle pas raison ? Aussi, l’argent que l’Etat malien met dans les inutilités peut bel et bien régler les problèmes des instituteurs, NON ? Comme pour paraphraser un vieil enseignant de la génération de mon père : « Tant que l’Etat malien ne revalorise pas la fonction d’enseignant, on ne peut pas s’attendre à des cadres valable ». A bon entendeur salut !
K’an bè tarata wèrè