Djo, comment me taire dans un pays où nos coutumes et mœurs sont foulées aux pieds? Comment me taire face à des situations honteuses qui ont comme finalité la dérive totale de notre système de gouvernance? Il est difficile voire inadmissible pour un mauvais «bon» citoyen, de ne pas décrier certains comportements qui font reculer le développement de notre pays et liquider sa jeunesse.
Kôrô, hier, le Sida était dans les bars, restaurants, coins cachés et chambres de passe. Mais, aujourd’hui force est de reconnaitre que ce mal est dans nos rues, devant nos portes et jusque dans nos familles. Les Maliens savent-ils que les filles faufilant dans nos rues sont plus professionnelles que celles qui fréquentent les bars? That’s the question? Oui Kôrô, elles sont plus professionnelles que leurs camarades qui en font un métier, donc un moyen pour vivre.
Comment peut-on imaginer dans ce pays que l’industrie du sexe est tellement développée, qu’elle rapporte plus d’argents que ceux envoyés par an par les Maliens de l’extérieur? Cette estimation ne vient pas de moi, Kôkè, elle figure dans un rapport secret adressé à qui de droit. La quasi-totalité des filles ont des motos Djakarta et de belles voitures. Certains parents se glorifient même de ces engins offerts à titre de «cadeaux empoisonnés». Ils ne cherchent point à comprendre, comment est-ce que Fifi ou Djénébus a pu avoir une moto ou une voiture de classe. Mieux, ils se disent tous musulmans. Mais, musulmans de quelle religion? Ce n’est pas quand même celle du prophète Mahomet (PSL).
Kôrô, ces engins viennent parer à une difficulté de transport. «Je t’achète une moto ou une voiture pour que tu me rejoignes dans un lieu secret à telle heure», c’est tout. Ce que la plupart des gens et particulièrement les filles oublient, c’est que les hommes ou les femmes qui achètent une moto ou une voiture pour leurs partenaires sont, pour la plupart, séropositifs. Oui, ils sont porteurs du virus et le font propager sur les collégiennes, lyciennes et universitaires. Le phénomène est compris mais tellement qu’il y a trop de laisser-aller au nom de la démocratie, les parents n’exercent plus de pressions sur leurs filles. Ils ont perdu tout pouvoir de contrôle.
Kôrô, dans les quartiers populaires du district, au moyen de «Bourou ni chô» il est facile d’entretenir une fille. A preuve, il suffit seulement que la nuit tombe pour voir les filles s’ériger en file indienne devant les gargotes. Ces filles n’ont aucune source de revenus. Ce sont leurs mecs qui leur en assurent en échange de…Un véritable facteur de l’extension du champ de destruction du VIH/Sida.
Kôrô, certains parents sont aussi responsables de la prostitution de leurs filles. Cette partie concerne beaucoup plus les mères. Certaines mamans font de leurs filles des prostituées, en les incitant à chercher de l’argent. «L’homme avec qui tu vis n’a rien. Et en vertu de quoi tu sors avec lui?». Ainsi, la fille se fait céder pour de l’argent. Aujourd’hui, elle est avec Jean et demain avec Paul. Or, Jean ou Paul peut être porteur de virus. A sara, a bana!
Voilà brossée, Kôrô, la situation des filles de nos quartiers qui sont plus professionnelles que les prostituées des bars et chambres de passe. Celles des quartiers sont plus exposées au virus du Sida que leurs camarades professionnelles. Allah k’an son hakili gnouman na!
K’an bin, Frangin!