Les rues de Bamako sont jonchées de biens de seconde main. Dans tous les quartiers poussent pêle-mêle des stands d’articles électroménagers, de chaussures, d’accessoires de voiture, d’objet de toutes sortes qui font le bonheur de beaucoup de personnes, vendeurs comme acheteurs. Les secondes mains ce sont aussi les voitures, avec les nombreux parcs de véhicules très fournis. Il y a des véhicules qui stationnent très-très longtemps faute de preneurs. Cette situation ne s’apparente-t-elle pas à un usage inapproprié de l’espace public ?
Tous les matins, ils étalent leurs articles et le soir les ramassent et rentrent chez eux avec les gains du jour qui échappent probablement à toute imposition. Pour les véhicules, en revanche, c’est du permanent jusqu’à la conclusion de la vente. Bien souvent, ces vendeurs sont juste devant leur porte ou dans leur quartier. Le moindre espace vacant fait l’affaire ! Les marchés semblent avoir conquis toutes les rues de toutes les communes, difficile de voir le découpage en zones résidentielles, industrielles ou commerciales.
Ils vendent quand ils trouvent preneur, mais qu’advient-il des articles invendus ou défectueux : ferrailles, habits, verres, plastiques… quand nous savons les limites du système de recyclage et de gestion des déchets urbains ? Et pourtant il y a des solutions, les plus connus sont la prévention, la réduction, la réutilisation, le recyclage, la récupération et l’élimination.
D’ailleurs, dans le cadre de la prévention, y a-t-il un tri à l’entrée de ces articles sur le territoire ? Y a-t-il un contrôle des articles mis en vente à travers les rues ? Certains font penser à des objets ramassés dans des poubelles quelque part en Europe, en Amérique… qui se retrouvent dans notre ville, telle une déchèterie. Le paysage fait très peu envie, accentué par les déchets épars emportés par le vent de ces derniers jours, et nos yeux ont appris à ne plus voir cette réalité de notre environnement.
Oui, nous nous déplaçons machinalement vers notre objectif. Ces mots sont peut-être durs mais ne sommes-nous pas responsables de notre environnement ? Nous attendons toujours la part de l’Etat, des collectivités et des mairies pour tout.
Il est encore possible de réguler l’activité commerciale du marché de seconde main, par des textes mise à jour, clairs et précis. Pour exemple en 2021, le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et le Rwanda ont décidé d’interdire les vêtements de seconde main, dont la plupart sont importés des Etats-Unis et du Royaume-Uni.
Cette interdiction est due au fait qu’ils craignaient que l’importation de vêtements d’occasion puisse affecter leurs vêtements locaux. Avec cette interdiction, ils ont voulu favoriser l’industrie locale et la création d’emplois. Ces décisions peuvent être difficiles à prendre notamment à cause d’accords internationaux. Certains pays africains ne peuvent pas, par exemple, interdire les vêtements d’occasion venus des Etats-Unis en vertu de l’African Growth and Opportunities Act (AGOA). Cependant, le Mali n’est plus tenu par ces accords depuis le 1er janvier 2022.
L’Afrique surfe aujourd’hui sur la vague des réformes dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations, la croissance économique, et le sujet de l’environnement fait partie des impondérables pris à bras-le-corps partout dans le monde et chez nous aussi.
Parce que c’est notre Mali.
Muriel Jules