La nouvelle a fait l’effet d’un petit tsunami hier au sein de l’administration malienne : «Le Conseil des ministres a procédé à l’abrogation des décrets portant nomination des Directeurs des Finances et du Matériel de tous les départements ministériels» nouvelle appellation des Directeurs administratifs et financiers communément appelés DAF.
Cette mesure présidentielle obéit à une triple motivation. Primo, la dépolitisation de la fonction pour que ses occupants ne puissent s’en servir pour alimenter les caisses des partis politiques, ce qui constitue hélas une pratique courante et tolérée. Cette première motivation s’inscrit dans le droit fil de la décision du président de n’admettre au sein du gouvernement qui vient d’être formé aucune personne qui nourrit des ambitions présidentielles. Histoire de faire en sorte que les fonds publics ne soient d’aucune façon utilisés pour assouvir des desseins électoralistes. Secundo, la moralisation des dépenses publiques pour faire reculer les fléaux que sont la corruption et la délinquance financière. Tertio, une professionnalisation de la fonction en instituant un concours d’accès ouvert à toute personne estimant avoir la compétence pour y accéder. Ce dernier point constituant une promesse électorale du président ATT
L’information est tombée, hier, après le traditionnel Conseil des ministres, comme un couperet dans l’ensemble des départements ministériels. En effet, au chapitre des mesures individuelles, le Conseil des ministres a procédé à ” l’abrogation des décrets portant nomination des Directeurs des Finances et du Matériel de tous les départements ministériels “. Sans d’autres commentaires. Mais, de l’avis de plusieurs observateurs, cette décision est motivée par trois raisons essentielles visées par le président ATT.
Premièrement, elle est la suite logique des critères de nomination des membres du gouvernement de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. A savoir, la ferme volonté du président de la République de se débarrasser de tous les ministres qui ont des ambitions pour la prochaine élection présidentielle. Cette décision trouve donc bien son explication dans la volonté du Président Touré “de ne plus avoir à faire à des Directeurs des Finances et du Matériel (nouvelle appellation des DAF : Directeurs administratifs et financiers) cachés derrière des formations politiques et pour lesquelles ils constituent un trésor de guerre“. Bref, ATT ne souhaite pas que les ressources de l’Etat soient utilisées en faveur d’un candidat ou d’un parti, mais permettre à tous les acteurs d’aller sur le même pied d’égalité lors des futures joutes électorales.
Deuxièmement, c’est une volonté présidentielle de moraliser les dépenses publiques pour réconforter son combat contre la corruption et la délinquance financière. Toutes choses, d’après nos sources, devant passer à travers une exploitation judicieuse des différents rapports du Bureau du vérificateur général. La troisième et dernière motivation est la tenue d’une promesse électorale du candidat Amadou Toumani Touré, depuis de 2007. En effet, celui-ci avait exprimé, haut et fort, son dessein de rompre d’avec la formule de nomination des DAF par les ministres en ouvrant leurs postes à la compétition.D’ailleurs, selon des sources bien informées les DAF seront désormais recrutés à partir d’un appel à candidature avec des critères de sélection bien précis. Nos sources précisent que tous les DAF éjectés peuvent faire acte de candidature ainsi que toute personne estimant avoir la compétence pour y accéder.Un concours sera organisé dans les prochains jours à cet effet.
ORTM : Guerre de succession à Sidiki Konaté
Le départ de Sidiki N’Fa Konaté du poste de Directeur général de l’ORTM qu’il occupait depuis Mathusalem à celui plus prestigieux de ministre de la Communication, qui plus est porte-parole du gouvernement de Sa Majesté impériale Amadou Toumani Touré, a donné lieu à une guerre de succession implacable, selon les renseignements captés par notre radar braqué, depuis le toit de l’hôtel Laïco, sur la vieille maison de Bozola.
Les protagonistes de cette guerre silencieuse mais potentiellement meurtrière seraient Manga Dembélé, Directeur de la télévision nationale, Salif Sanogo, Directeur de l’information à la même télévision, et Seydou Baba Traoré, Directeur de la radio nationale. Les trois hommes se livreraient à un lobbying acharné auprès des journalistes, animateurs, techniciens et administratifs de la boîte pour tenter de rallier les suffrages à leur cause.
Mais nul ne doute que le mot ultime appartiendra à Sidiki. D’où la cour assidue dont il fait l’objet de la part des trois protagonistes.
ATT, vrai chef du gouvernement
On sait depuis toujours qu’ATT est le vrai chef du gouvernement, même si notre Constitution fait un distinguo clair entre la fonction primatoriale et celle de président de la République, selon le principe républicain “Le président préside, le gouvernement gouverne“. Au Mali sous ATT, le président préside et gouverne à la fois. Le Premier ministre prétendument appelé “chef du gouvernement” n’est en réalité, comme on dit, le premier des ministres, nommé dans les mêmes conditions qu’eux parce que non désigné par la majorité parlementaire et donc révocable à tout moment. Comme ce fut le cas du pauvre Modibo Sidibé remercié sans le moindre égard.
Cette situation fâcheuse et lamentable va sûrement s’accentuer avec la nomination de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé à la Primature. Difficile, en effet, d’imaginer qu’il puisse en être autrement. Du reste, comme pour rassurer les personnes qui peuvent s’inquiéter des capacités réelles de Mme le Premier ministre à agir sur les grandes affaires de l’Etat, nos taupes tapies dans les couloirs et bureaux hyper climatisés de Koulouba laissent entendre que le vrai patron du gouvernement reste ATT. Nous n’en doutions pas.
Trésor verrouillé
Depuis le remaniement ministériel, le Trésor public a cessé tout paiement aux prestataires de l’Etat. Une précaution technique prise tout juste pour que les anciens ministres ne vident les coffres-forts avant de disparaître, nous dit-on.
Niaga Tembely et la philosophie de la trahison
“Il vaut mieux trahir que d’être trahi“. Cette phrase terrible a été prêtée par un confrère de la place au député Niaga Tembely, qui vient de nomadiser avec armes et bagages de l’ADEMA-PASJ à la CODEM. Le journal rappelle que Niaga Tembely a exercé “quatre mandats successifs au nom du parti de l’abeille“. Alors question : a t-il rendu le tablier parce qu’il n’est pas assuré d’obtenir un cinquième mandat ou a t-il obéi à des considérations purement ethniques, le président de la CODEM, Alhousseyni Amion Guindo, étant dogon bon teint comme lui ?
Gouvernement : la BAD, une fabrique de ministres pour ATT
Après avoir pêché dans la gibecière de la Banque Africaine de Développement (BAD), Mme Diarra Mariam Flantié Diallo, pour servir le Mali au sein du Gouvernement Modibo Sidibé, ATT vient de jeter encore son dévolu sur cette institution financière continentale pour y dénicher le nouveau ministre des postes et Nouvelles technologies, Modibo Ibrahima Touré.
Ce dernier, du fait des lourdes procédures de mise en disponibilité au sein de la BAD, n’a pas pu se libérer pour arriver à Bamako afin d’assister, le samedi 9 avril dernier, au tout premier Conseil des ministres.
Pendant ce temps, Mme Mariam Flantié Diallo fait le voyage inverse vers Tunis pour reprendre son poste. Les langues pendues, qui ne se taisent que pour dormir, se demandent justement comment on peut préférer le salaire d’un ministre malien au pactole des travailleurs de la BAD. Gageons que la motivation des concernés est alors loin d’être financière.