En plus d’être atypique, Katy est titulaire d’une maîtrise d’économie politique obtenue à Helsinki dans une université finlandaise
Le remaniement ministériel est passé par là et l’onde de choc du big bang gouvernemental n’a guère épargné les bars, les lupanars et autres lieux de plaisance qui inondent la capitale. Dans de nombreux coins, il régnait un calme plat assez révélateur de la grande détresse née de cette nouvelle situation. Même si dans les maquis, les pensionnaires préfèrent naturellement parler de sexe, de fric et de glamour certains dissertent aussi quelquefois sur l’après – ATT. Mais plutôt que de pleurnicher sur le sort de tel ou tel ministre, la tradition qui consiste toujours à saluer l’arrivée de chaque grand événement dans notre pays comme le choix il y’a quelques jours d’une femme premier ministre a été encore une fois respectée. Tout le monde a levé son verre au ciel et, toute la soirée, on a bu à la santé de Mme Kaïdama Sidibé, en espérant que notre pays se portera comme un charme durant sa courte régence.
Dans les conversations moins enjouées que d’habitude, un seul nom revenait sans cesse, c’est celui de notre cadre haut perché du tourisme, dont les visites se sont raréfiées dans ce magnifique décor de la « palmeraie » à cause sans doute de la démission forcée du gouvernement Modibo Sidibé. Même s’il reste un adepte de Bacchus et qu’il donne toujours l’impression (à travers des propos souvent épiques), qu’il est un dur à cuire, il est évident qu’il a été littéralement assommé par la retraite forcée de son ex-ministre PDES du tourisme, dont l’argent de poche (Tenez-vous bien !) était estimé à plus d’un million de FCFA par semaine. Et quand on vous dit qu’il a été pendant de longues années un cadre éminent du parti du « soleil levant » c’est vous dire.
Un puissant coup de fouet à leur virilité !
Personne ici ne croit que ce nouveau gouvernement fera des miracles, à commencer par la plantureuse Katy, une « serveuse » au look ravageur, manifestement pas comme les autres, car en plus d’être vraiment atypique dans de nombreux comportements, elle est titulaire d’une maîtrise d’économie politique obtenue à Helsinki, dans une université finlandaise. Mais comme vous le savez, les oiseaux de nuit n’écument pas les maquis, les bordels pour savoir le cursus universitaire de tel ou tel quidam. Leur langage codé surtout pour des néophytes tourne autour du sexe et des substances médicamenteuses qui donnent un puissant coup de fouet à leur virilité, ce sont des produits réservés uniquement aux hommes comme « tige de fer africaine » ou « African iron Rod » « Vegera » « Ophanatics » « Tonic Tea Sex » etc.
Mais lorsque j’ai demandé à N’Kati, devenue légèrement ivre (elle avait déjà avalé quelques verres de liqueur forte tirées de la cave) sur ce qu’elle pensait de ce nouveau remaniement, sa réponse ne se fit point attendre « En ce qui nous concerne dit –elle, il ne faut pas qu’elle touche à nos bars, nos « boutiquini » (rires), au nom de quelque prétexte que ce choix. Savez- vous combien de diplômées font ce travail pour vivre, combien de filles se sont recyclées en de vraies prostituées de luxe, pour survivre et subvenir aux besoins vitaux de leur famille. Aujourd’hui, on est tous face à un choix de vie devenu quasiment cornélien. Moi, je veux qu’on nous laisse tranquille, comme c’est encore le cas. Mais que sait-on de l’avenir. Si le Président ATT change mille fois de premier ministre, ce n’est pas mon problème ».
– Mais vous aimez tout de même le régime démocratique ?
– Non mon frère, moi je veux être une vraie révolutionnaire.
– Mais… où çà ? Dans un bar ?
– Au moins ici les gens disent ce qu’ils ressentent réellement du fond de leur cœur, ce n’est pas toujours le cas dans les rues de notre capitale, d’où malheureusement cette grave « crise de confiance » qui altère les meilleurs rapports humains. Notre société est si malade qu’il nous faut aujourd’hui une nouvelle révolution. Mais pour descendre sur les arènes, j’ai envie de faire comme cette révolutionnaire vietnamienne qui a du se stériliser sexuellement en consommant un produit qui vise à détruire l’œstrogène, cette hormone qui, depuis la nuit des temps, fait que les femmes cèdent à leurs pulsions.
– Ah bon, je ne connaissais pas cette histoire.
– Demain je vous raconterai la suite, mais à la seule condition que tu acceptes de m’offrir un verre (rires).
-C’est promis Katy… »
Notre bonne conversation a été soudainement interrompue par un appel téléphonique. A l’autre bout du fil, Kati jure la main sur le cœur, que ce monsieur est un cadre de haute volée de l’administration publique malienne.
– Tu sais ce qu’il me demande ? De l’accompagner dans son verger pendant au moins trois jours. Il va dire à sa femme qu’il partira pour une mission très importante dans un pays voisin. Prix du cachet 200.000FCFA. La somme est payée cash avant chaque décollage et au retour s’il est content et satisfait de mes prouesses sur le lit, il peut me laisser souvent un « cadeau » de 50.000 FCFA. Il m’a dit que sa religion lui interdit d’avoir des rapports sexuels violents ou « obscènes » avec son épouse, qu’il a rencontrée voici une bonne vingtaine d’années.
Dans ce décor paradisiaque de son grand verger, me dit Katy, qui n’était pas apparemment à sa première sortie, il y’a un peu de tout, car en plus du rôti offert à chaque visiteuse, quelques bouteilles de vin et champagne de luxe trônent aussi dans un coin secret de la chambre. C’est ainsi que loin de tous les regards, il s’empiffre abondamment d’alcool avant de se livrer avec cette « bête sexuelle » à une longue et savoureuse partie de jambes en l’air. A suivre !
Bacary Camara