A voir et lire ce qui se passe actuellement sur la scène politique, le sentiment se dessine que naît lentement mais sûrement un mouvement de retour à la normale après des mois d’incompréhensions et d’invectives inutiles. Le Premier ministre lors de son interpellation le 24 avril 2022 par les conseillers parlementaires du CNT, avaient été clair en déclarant au moment même où la foule criait, réclamant le départ de la France du sol malien, qu’il n’était pas question de sortir du F CFA et, donc de l’impossibilité de la création d’une monnaie nationale. Qu’à cela ne tienne, il se trouve encore de faux patriotes pour réclamer du Premier ministre de vaincre le mythe de Sisyphe.
Dans le même élan, même convaincu et entouré de tous les vieux barons de l’ancien système déchu, il affirma à la face du peuple tout entier que le Mali ne sortira jamais de la Cedeao et, cerise sur le gâteau, que le mandat de la Minusma serait renouvelé. Un peu comme dans la nuit des longs couteaux de la république de Weimar, les dirigeants politiques de tous bords politiques retiennent leur souffle, se demandant dans quelle direction, cet homme formé dans les Carpates voulait les conduites.
Il faut se rappeler des tapages contre la France dans les derniers mois du régime d’IBK. On avait alors eu le sentiment que la France et le Mali étaient en guerre, mais il en fallait plus que le désaccord entre les deux pays pour brouiller les relations franco-maliennes.
Le Mali, depuis un ou deux ans, est embourbé dans une situation politique dangereuse dans laquelle les opportunistes et les chauvinistes autoproclamés jouent les premiers rôles. Le plus grave est que les autorités de la transition militaire semblent admirer ce jeu malsain, en autorisant certaines sorties médiatiques démagogiques qui s’en prennent violemment à ceux qui pensent le contraire de leurs lubies. On voit à présent des gens qui dans un vrai débat démocratique n’en auraient aucune place, s’emparer du micro et de la caméra pour haranguer les foules en langue bambara, le français étant hors de portée pour eux.
Les conférenciers des boulevards, les émeutiers du Palais de la culture, tout en faisant reculer le Mali de 10 ans en arrière, nuisent honteusement à la réputation du pays.
L’erreur du gouvernement actuel est certainement de se laisser emporter par la vogue populiste au lieu de pratiquer la Realpolitik de Bismarck auquel dans un entrechat une certaine presse avait comparé son chef.
Facoh Donki Diarra
écrivain