Les humeurs de Facoh : Les jeûneurs et les gêneurs

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Le ramadan est une imitation orientale du carême chrétien qui correspond à la période de préparation de la fête de Pâques. Dans sa forme passée et actuelle, il représente le 4e pilier de l’islam après la profession de foi, la prière et la zakat.

Il est prescrit aux musulmans sains de corps et d’esprit, ayant les moyens économiques et financiers de l’accomplir, mais les femmes enceintes, les personnes âgées, les enfants mineurs et les femmes qui allaitent en sont exempts.

Des voyageurs familiers aux pays d’islam, assurent qu’il est moins observé dans les pays arabes qu’en Afrique musulmane bien que l’islam y soit déclaré religion d’Etat comme au Maghreb et au Moyen-Orient.

Dans la même logique, les gens sont divisés en musulmans fréquentables et en mécréants infréquentables bien que dans le texte coranique il soit bien spécifié que c’est Allah Seul qui sait distinguer le musulman de l’infidèle.

De cette manière, à l’heure de l’électronique et de l’informatique, il se trouve encore des mosquées où à l’heure de la prière de l’aube, le muezzin hurle dans le micro. Mais le plus étonnant est que contrairement au milieu rural où peu de gens jeûnent à cause des occupations quotidiennes, dans la plupart des grandes familles de Bamako et des villes de l’intérieur, tout le monde jeûne, le repas de midi étant interdit aux adultes.

Mais la supercherie vient du fait que beaucoup de chefs de famille disent être à jeun alors qu’à midi les restaurants cossus sont pris d’assaut par les plus fortunés et les restaurants debout par les lascars dont la bourse est limitée.

Le plus étonnant est aussi que durant tout ce mois, les radios privées tendant leurs micros à tous les raconteurs de balivernes qui tombent facilement dans la pornographie en disséquant les dessous du mariage et souvent même dans la description vicieuse de l’anatomie féminine.

Des femmes lettrées en arabe appelées “malimatou” viennent s’ajouter à cette liste de prédicateurs improvisés pour imposer leurs lubies à une population mi païenne mi musulmane par peur de la terreur des marabouts.

Le ramadan, au lieu d’être un moment de ferveur religieuse, devient de ce fait l’occasion de creuser le fossé entre citoyens d’un même pays dit laïc et multi confessionnel. En somme une espèce de règlement de compte entre fondamentalistes et détenteurs des religions traditionnelles.

Facoh Donki Diarra

Ecrivain

 

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