Les humeurs de Facoh : Le coq à l’âne de la gent politique

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On savait notre classe politique très fébrile sur le plan idéologique et donc de l’idéal de la société à bâtir pour les citoyens, sur ses rapports ambigus avec l’exécutif mais aussi sur le caractère vague du contenu de ses programmes imitant souvent sans analyse ce qui se fait en France métropolitaine. Un certain raccourci de l’histoire fait aussi qu’avec la valse des transitions abattues sur le pays depuis octobre 2021, elle démontre de jour en jour son amateurisme teinté d’opportunisme.

Déjà sous ATT (2002-2011) on avait assisté, la honte dans l’âme au ralliement de la quasi- totalité de cette classe politique à son consensus qui s’analysait à l’époque comme un aspect de la démocratie en terre africaine. La course aux honneurs et aux postes richement rémunérés avait amené certains chefs de parti pour être le plus près possible du prince, à se prostituer en vue de participer à l’enrichissement illicite général organisé. Et Quand le Mali tomba en 2011 aux mains des djihadistes et des narcoterroristes, ce ne fut plus seulement ATT qui fut montré comme responsable de cette sale situation mais toute la classe politique. Il est vrai qu’un chef de parti, celui de l’Adéma-PASJ, Dioncounda Traoré, alors président de l’Assemblée nationale, avait dirigé la Transition qui permit à IBK d’être élu président de la République en 2013.

Dans ce pays arbitrairement classé l’un des plus démocratiques d’Afrique noire, il est curieux de constater que de Alpha Oumar Konaré à IBK, aucun chef d’Etat ne choisit son chef de gouvernement au sein de sa majorité à l’Assemblée nationale. Tous préférèrent aller vers les relations personnelles, les camarades de promotion et vers les fraternités du voisinage, ce qui faisait que le président lui-même était à tu et à toi avec toute l’équipe gouvernementale.

La transition militaire actuelle fut dénoncée dès le départ et boudée par tous les barons de la classe politique avec des arguments comme l’inconstitutionnalité du putsch militaire et le droit non reconnu à un régime putschiste, de changer de constitution et donc de régime. Ce tambour fut battu pendant au moins deux ans mais maintenant les barons de la classe politique veulent changer de musique. La nomination par la transition d’une commission chargée de rédiger la nouvelle constitution, fut décriée en son temps et dénoncée comme un complot contre le peuple. La qualité de ces constituants fut mise en cause et l’on prédit un texte mal écrit avec des idées confuses sur la laïcité et la bi nationalité des gens de la diaspora. Tout cela se faisait quand les colonels se tenaient droits dans leurs bottes, ordonnant aux écrivaillons de poursuivre leur œuvre. Le texte sorti de cet huis-clos de la caserne fut reçu comme un empilement de balivernes juridiques indigestes pour un démocrate.

Mais par un tour de passe-passe à la fois politique et démagogique, les hommes politiques qui avaient promis la poubelle à ce texte, appellent maintenant à voter massivement le 18 juin prochain en sa faveur. Quand dans les autres pays, démocratie ou non, les hommes politiques se distinguent par la fidélité aux idéaux proclamés, le respect des engagements pris, les nôtres se plaisent à jouer aux larrons en foire. Il est vrai que Napoléon, sous qui perçait déjà Bonaparte, selon le mot de Chateaubriand, ne s’y était pas pris autrement pour imposer l’omerta à la classe politique française jusqu’à sa chute à Waterloo en 1818.

 

Facoh Donki Diarra

écrivain

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