En temps normal, lorsqu’une transition politique dans un pays devient nécessaire à la suite d’une grave crise politique, on assiste à un renouvellement soit partiel soit total de la classe politique, mais au Mali celle-ci ne veut pas se mettre au repos. Ainsi en 1968, après le renversement du président Modibo Keita, avec les conseils de Jacques Foccart et des autres têtes nobles du Quai d’Orsay, le CMLN renouvela entièrement la classe politique, ne gardant dans le 1er gouvernement militaire de Yoro Diakité qu’un ou deux ministres du régime précédent.
Au Burkina Faso, après le départ de Blaise Compaoré en 2014, ce renouvellement s’accomplit au moins de moitié avec la mise au placard des têtes de proue de ce régime sanguinaire et sauvage. On peut faire la même remarque à propos d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire après le départ forcé de Laurent Gbagbo en 2011 vit venir au gouvernement et dans l’administration beaucoup de cadres du RDR. Il est toutefois curieux de constater que l’opposition politique à IBK ne fut pas conduite par des partis politiques majeurs mais plutôt par des petits qui s’accrochèrent à l’imam Mahmoud Dicko pour une seconde vie politique. Au Mali, on oublie trop souvent que tous les hommes politiques ne sont pas doués comme l’abbé de Talleyrand qui longtemps louvoya et participa à plusieurs régimes de France.
Nos hommes politiques vont même jusqu’à oublier la vieille rengaine de Ségou selon laquelle un homme de caste se sert pas deux maîtres différents et qu’on peut extrapoler en posant que la politique c’est la défense des idéaux et non celle des intérêts. N’ayant hérité de leurs ascendants ni de la duplicité ni de l’ambivalence, ils en sont devenus des champions tout simplement pour être riches et sortir du décor de la médina.
Les dinosaures de la scène politique, à moins d’être bannis et emprisonnés pour des faits de corruption avérés ou assassinés de quelque manière, déposent rarement les armes. Ils déploient fallacieusement l’argument selon lequel la relève ne serait pas assurée ou que les jeunes qu’ils ont eux-mêmes formés, ne seraient pas à la hauteur et donc qu’il est impossible de leur faire confiance pour la gestion du pays. Il est vrai que ceux-ci donnent l’impression d’être plus absorbés par la recherche de l’argent que par la quête du savoir indispensable à une bonne carrière politique .Ce faisant, ils négligent inconsciemment de soigner leur image de marque et donnent implicitement raison à leurs aînés qui les disqualifient souvent sans preuve. Il n’a qu’à regarder les résultats des concours de recrutement de la fonction publique pour se convaincre du niveau très bas de nos cadets.
En dépit de la corruption par l’argent et de la médiocrité des chiffres statistiques, sur 100 candidats dans n’importe quelle discipline, péniblement 8 à 10 arrivent à émerger. Mais il faut savoir aussi que le niveau d’instruction n’a rien à voir avec l’excellence politique sinon on n’aurait pas aujourd’hui des analphabètes et des néo alphabètes à l’Assemblée nationale tant il est vrai que très peu de députés ont lu Balzac ou Flaubert. Quant aux professeurs d’histoire que les hasards de la vie ont projetés sur les bancs de l’Hémicycle, seule une poignée peut vous faire la différence entre les Girondins et les Montagnards de la révolution française de 1789.
Facoh Donki Diarra,
(écrivain Konibabougou)