L’observation du jeûne pendant le mois de ramadan fait partie des 5 piliers de l’islam mais revêt un caractère non obligatoire pour les femmes enceintes, celles qui allaitent, les enfants mineurs, les vieillards et les grands malades. Deux autres piliers bénéficient de la même mesure de clémence : la zakat (aumône) et le pèlerinage à la Mecque (hadj).
Les doctrinaires de l’islam ont sans doute compris qu’il aurait été d’un cynisme certain de demander la zakat au musulman affamé et d’exiger du croyant déguenillé et dont la survie alimentaire dépendait de la générosité du voisinage, d’accomplir le pèlerinage aux lieux saints de l’islam.
Chaque mois de ramadan, dans la nuit des 5 derniers jours (cette année ce fut du samedi à dimanche), est célébrée la nuit du destin, en arabe laylatoul kadr, supposée être la nuit où Mahomet, le Prophète de l’islam (PSL) reçut la révélation de Dieu. Selon des sources provenant des hadiths (commentaires du Coran), le Prophète serait monté au ciel sur un cheval tout blanc muni de 2 ailes et au cours de ce voyage céleste, aurait reçu de Dieu le message de l’unicité de Dieu en lieu et place du polythéisme dominant dans l’Arabie d’alors et celui faisant de lui le fondateur de l’islam avec en sourdine l’idée de tuer toute personne qui aurait l’outrecuidance de s’opposer à ses vues ou de revendiquer une partie de cette paternité. Mais d’autres sources plus critiques parlent de l’impossibilité de ce voyage dans les conditions ainsi évoquées avec une telle monture et font valoir l’hypothèse d’une retraite de Mahomet dans une grotte des environs de la Mecque où il aurait parlé avec Dieu par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, patron de ces créatures divines.
Mais le fait essentiel est que tout, dans la vie du croyant musulman, est subordonné aux oscillations de la lune sur lesquelles s’établissent les calendriers musulmans. D’où les nombreuses discordes liées à l’apparition du croissant lunaire au début et à la fin du mois du ramadan.
En raison du fait que la lune ne fut pas aperçue probablement pour des causes atmosphériques le même jour par tous les musulmans du Mali, le jeûne ne commença pas le même jour pour tout le monde et en conséquence la fête de clôture du jeûne, l’Aïd el fitr, eut lieu dans le même désordre. Quand pour beaucoup de musulmans maliens, la fête n’avait de jour que le mardi 12 mai 2021, d’autres affirmaient mordicus que la leur aurait lieu mercredi, jeudi et même vendredi si possible. Vinrent ensuite se greffer sur ce terreau de tous les dangers, les considérations religieuses liées à la prolifération des sectes dont beaucoup dépendent de l’humeur de leurs chefs eux-mêmes liés financièrement aux puissances pétrolières du golfe persique.
L’islam est une religion qui accepte difficilement les reformes. Beaucoup d’imams de nos contrées prêchent de vivre comme au temps de Mahomet (PSL) ou selon une copie pâle du VIè siècle après JC. Les progrès scientifiques et techniques sont peu de choses pour eux, l’essentiel étant de vivre comme les sawabas (compagnons du Prophète) et de s’assurer ainsi une place au paradis et donc dans l’outre-tombe de Chateaubriand.
La mise en place d’une commission de la lune à partir du règne de Moussa Traoré (1968-1991) pour faire plaisir à la communauté musulmane, au lieu de simplifier le problème, le compliqua davantage avec des primes accordées. D’où aujourd’hui la célébration de la petite fête (séli fitini) à des jours différents aux dépens des prérogatives de l’Etat qui bien que se déclarant laïque, reçoit cette indépendance d’esprit comme une égratignure au domaine régalien.
Selon Chateaubriand « l’homme ne peut pas arrêter le temps, c’est le temps qui peut arrêter l’homme». Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, selon les philosophes des Lumières, l’année prochaine, on revivra la même chose.
Facoh Donki Diarra
écrivain Konibabougou