Depuis la démission forcée du président IBK, les divers clans et partis politiques qui recherchent la paternité de la victoire sur son régime, se regardent en chiens de faïence pour déterminer qui va diriger la transition politique. Les militaires du CNSP ont commis un faux pas relativement grave en prenant de façon unilatérale un Acte fondamental N°1 qui n’avait aucune chance d’aboutir, vu le sort réservé récemment à un autre pris par la bande à Aya Sanogo et qui fut vite jeté dans les caniveaux.
De son côté, l’imam Mahmoud Dicko, figure morale du M5-RFP, sans doute pour plaire davantage au peuple et à ses enfants représentés par la junte, sortit de son bois pour déclarer qu’il rejoignait ses ouailles dans sa mosquée pour ses prêches qui ne font plus salle comble. Dans les deux semaines qui suivirent le putsch des officiers de Kati, l’actualité politique resta focalisée sur ces deux temps forts, mais a pris l’ascenseur depuis. Les appétits politiques des hommes de pouvoir s’aiguisant au fur et à mesure de l’évolution du contexte. Le temps est loin où les militaires après leur coup d’Etat, prenaient des décrets et des ordonnances pour publier leurs intentions en matière de gouvernance politique et administrative. D’autant que la communauté internationale et la Cédéao veillent au grain et tentent de neutraliser les putschistes en essayant de les faire retourner dans la caserne le plus rapidement possible.
Dans le cas actuel, deux forces antagonistes se font face pour prétendre diriger la transition qui se dessine et pourquoi pas le Mali qui sortira de ces assises. Le M5-RFP, sous prétexte d’avoir commencé la lutte contre IBK, est composé de petits partis dont beaucoup n’ont même pas d’élus à la représentation nationale. Plus grave encore, ce mouvement hétéroclite est rempli d’anciens cadres qui ont mangé à la table du président déchu plusieurs nuits de suite. Il est donc laborieux de faire confiance à ces politiciens de la 25è heure qui veulent nous faire croire qu’on peut faire du neuf avec de l’ancien. Et puis rien ne permet de dire que les marches et les prières de vendredi du M5 auraient suffi sans grands dommages à faire partir IBK. Celui-ci avait même l’air de suggérer qu’il méprisait certains membres du Mouvement pour les avoir vus à l’œuvre dans son gouvernement. La population sait qui ils sont ; si elle les a suivis pour faire démissionner IBK, elle n’est pas prête à les installer de nouveau au pouvoir.
Le CNSP par contre est composé de jeunes officiers qui n’ont encore commis aucun crime économique et auxquels on peut confier une transition politique de courte durée. Ils sentent la fraîcheur et ne connaissent pas pour l’instant les vieux crocodiles des affaires qui infestent notre économie. Toute autre option aboutirait à refaire la calamiteuse transition de 2013 où les mêmes hommes politiques, à l’origine du drame d’ATT, s’étaient emparés du pouvoir pour en distribuer les dividendes aux amis, aux copains et aux maîtresses.
On n’égorge pas son bœuf pour permettre au voisin trop gourmand de venir partager sa chair entre les gens.
Facoh Donki
(écrivain Konimbabougou)