Les humeurs de Facoh : Considérations politiques sur le Malikura

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Depuis la chute d’IBK en octobre 2020, il est de plus en plus question d’un Malikura dont tout le monde parle mais dont personne ne peut définir avec précision le fond et la forme. Etymologiquement, cela peut se traduire par un Mali nouveau à la grande satisfaction des masses populaires. Le vocable vint d’abord des tribuns du boulevard de l’indépendance, puis gagna les partis politiques et maintenant les hauteurs du pouvoir où on parle de refondation sans qu’on sache s’il y a correspondance entre les deux, autrement entre Malikura et refondation.

Le Mali issu de la décolonisation de 1960 a une superficie de 1 240 000 km2 avec une population qui a augmenté entre-temps pour aboutir à plus de 12 millions d’habitants maintenant. Ses frontières avec les voisins n’ont pas varié en dépit de 2 guerres contre la Haute Volta en 1975 et en 1985 ; territorialement donc le pays reste le même. La population est toujours multiraciale et multiethnique comme au temps de la Ière République (1960-1968). Il y eut des velléités d’autonomie, voire d’indépendance comme en 1962-1963, en 1990 et en 2012 avec les conséquences funestes que l’on sait et qui résument toute l’insécurité d’aujourd’hui.

On remarquera que des tentatives de ce genre eurent lieu sur le continent dans les années 1970 -1980 au Congo Léopoldville sous Mobutu. Dans chacun de ces cas, le renouveau se limita à un changement de nom, Zaïre pour le Congo, Bénin pour le Dahomey et Burkina pour la Haute Volta. Les structures néo-coloniales furent maintenues à côté de mesures folkloriques dites d’authenticité comme le port de la tenue traditionnelle rendu obligatoire dans les services publics.

Au Mali, après l’euphorie de l’ère démocratique, suite à la mauvaise gouvernance économique, administrative et politique par des élections truquées, surtout après la mort de l’espoir mis au régime d’IBK, la nécessité du changement se fit sentir à tous les niveaux. Il faut penser que les démocrates et les républicains, tous pareillement convaincus, reçurent le peuple en se comportant comme des braconniers qui ne chassaient que pour remplir leur besace.

Une refondation véritable ne se limite pas à un seul changement de constitution et donc de régime. Il ne sera certes pas question d’une révolution nationale, démocratique et populaire comme le réclamaient les étudiants maliens de France dans les années 1970-1980, et qu’ignore d’ailleurs l’actuelle transition politique, mais d’une véritable révolution dans les mœurs politiques, administratives et économiques du pays.

Dans les journaux, il est question d’un Malien de type nouveau et les animateurs des radios libres y vont chacun de son inspiration pour obscurcir davantage le concept.

Le Malikura n’est certes pas du vent mais demande encore beaucoup de voiles pour naviguer. Demander à des hommes et à des femmes  habitués à s’enrichir gratuitement sur le dos de la Fonction publique de quitter leurs magouilles ne sera peut-être pas possible sans violence.

 

Facoh Donki Diarra,

Ecrivain

 

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