Les coups de la vie « La libido de Badri l’a conduit à la mort à vingt-six ans »

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Tous les actes que l’on pose dans la vie ont des conséquences. Autant le bienfait n’est jamais perdu, Autant le mal ne reste jamais impuni. La vie, dans son effervescence et ses multitudes facettes, nous réserve toujours des surprises désagréables.  L’ingratitude, l’infidélité, l’égoïsme et l’irresponsabilité ont tellement pris le dessus dans nos comportements, que nous sommes devenus des propres dangers pour nous-mêmes.  Le SIDA, le paludisme, les accidents de la route font de nos jours beaucoup de ravages auprès des jeunes. L’ironie du sort est que les jeunes d’aujourd’hui, de par leurs propres comportements, creusent souvent leur propre tombe. L’histoire de Badri, qui est mort à cause de sa propre libido, doit être une leçon pour tous les jeunes y compris ceux qui ne croient plus à nos traditions…

 

 « Lors d’une mission à l’intérieur du pays, l’un de mes collaborateurs nous a mis dans une situation inconfortable. Cette mission consistait à fournir de l’électricité pour un bâtiment administratif. Nous sommes électriciens. La mission devait, en principe, durer quinze jours. Notre grand patron ayant perdu quelqu’un, nous a demandé d’y aller sans lui. Nous étions au nombre de huit. En cours de route, chacun comptait le contenu de l’enveloppe qu’il avait reçue de la part du patron. Chacun avait 25 000F  pour la journée sans compter la prime de mission. Cette fois, le patron avait été très généreux et il fallait en profiter. Issiaka, l’aîné du groupe nous a donné une idée géniale : “ Et si on trouvait quelqu’un chez qui séjourner pendant ces deux semaines au lieu d’aller à l’hôtel, cela nous permettrait d’économiser “. Tout le monde a aimé l’idée, mais parmi nous qui connaissait quelqu’un dans ladite localité ? Personne ! Mais par contre, j’avais un ami  qui avait de la famille là-bas. J’ai dû l’appeler pour qu’il m’aide dans ce sens. Seydou, mon ami en question m’a rappelé en me disant que son oncle avait accepté de nous héberger le temps de notre mission. Seulement, il avait une seule chambre pour tout notre groupe. Nous avons accepté prétextant que nous y allions juste pour travailler, donc nous ferons avec les moyens de bord. Chacun était content de pouvoir garder son argent.

 

Une fois sur place, nous avons aménagé chez l’oncle de Seydou. C’est un homme d’une cinquantaine d’années qui vivait avec ses quatre épouses et ses enfants. Il était vraiment bien logé, car chaque épouse avait son espace, c’est-à-dire, sa chambre, sa cuisine et ses toilettes. Personne ne dérangeait personne. La chambre mise à notre disposition était très grande, avec sa douche. Le vieux a mis une télé à notre disposition et des matelas qu’il a empruntés ça et là pour nous permettre de passer un bon séjour. Nous avons dit au vieux que nous rentrons seulement les soirs pour dormir, car nous mangerons avant de rentrer. Le vieux a dit être contre cela. Il a mis sa dernière femme à notre disposition pour nous faire à manger les midis et les soirs. Les midis, elle nous apportait la nourriture sur le chantier et les soirs, nous rentrions dîner à la maison. Tout le monde était content de la générosité du vieux qui finalement nous permettait d’économiser tous nos sous. Les cinq premiers jours, le vieux était là, mais il a dû s’absenter pour acheter du bétail à Diafarabé pour  les revendre. C’était ça son activité. La veille de son départ, il est venu nous voir dans notre chambre. Il nous a rassuré qu’il avait tout mis en œuvre pour que nous soyions à l’aise. En quittant notre chambre, il nous a dit en riant : “ Mes enfants, faites attention à vous. Comme vous êtes de passage, ne touchez pas à la femme de quelqu’un. Ici, ce n’est pas bon du tout ’’ Nous avons tous répondu oui en regardant Badri, car il n’arrêtait pas de draguer les filles  depuis notre arrivée. Il trouvait même la dernière épouse de notre hôte trop belle. Lorsque le vieux est sorti, j’ai été le premier à prendre la parole : “Vous avez bien compris ce que le vieux vient de dire. Nous sommes de passage, ne laissons pas de traces ici’’. Nous avons fini le boulot plus tôt que prévu, mais Badri ne se portait pas bien. Pendant 5 jours, il n’arrêtait pas de se tordre de douleur dans la maison. Je l’ai emmené en clinique, mais son état était inquiétant. La femme de notre hôte lui apportait des remèdes comme si elle connaissait l’origine de son mal. Elle s’intéressait trop à lui et je ne voulais pas de problème. J’ai coincé Badri  qui m’a avoué avoir eu des relations avec elle. IL essayait de me convaincre qu’elle l’avait retrouvé dans les toilettes très tard dans la nuit. Elle l’aurait supplié de lui faire l’amour car son mari ne la satisfaisait pas au lit. J’ai attrapé ma tête. Comment Badri avait-il osé, après tout ce que le vieux avait fait pour nous ? Badri  pleurait, car à présent, il avait des douleurs atroces  au bas-ventre. Son état avait-il quelque chose à avoir avec la femme du vieux ? Je l’ai ramené à l’hôpital pour qu’on lui prescrive quelque chose. Nous étions à deux jours de notre retour et le vieux devait revenir de son voyage. Fallait-il lui avouer ce que Badri avait fait ? Je n’en avais pas le courage. Aicha, son épouse courait dans tous les sens pour trouver le remède approprié. Je l’ai grondée, car elle était aussi coupable que Badri. Elle s’est mise à pleurer en me disant qu’elle ne savait pas que le vieux l’avait envoûtée ». Elle m’a aussi avoué qu’elle ne l’avait jamais aimé. C’est le moindre de mes soucis, car il fallait faire quelque chose pour Badri dont l’état de santé s’empirait.

 

Lorsque le vieux est rentré, il est venu s’enquérir de nos nouvelles. Je n’ai pas eu le courage de lui faire part de notre problème. Les autres ont souhaité qu’on ne dise rien, car les conséquences seraient trop grandes. Aicha perdrait son foyer et c’est une très grave trahison. Le vieux nous avait trop bien reçus pour qu’on le remercie de la sorte. C’est trop méchant. Comment expliquer à Seydou l’audace de Badri qui s’était fait prendre au piège ? Tous ensemble, nous avons décidé de taire l’affaire et d’emmener très vite Badri à la maison pour lui trouver un remède avant qu’il ne soit trop tard. Yaya a dit connaître un guérisseur très puissant qui pouvait le guérir. Avant même qu’on ne même qu’on ne quitte la localité, il l’a informé de la situation. Le guérisseur a dit qu’il fallait faire vite, car au fur et à mesure que le temps passait, ses chances de survie s’amenuisaient. Après avoir remercié le vieux pour sa grande générosité, nous avons quitté sa maison, très inquiets. Malgré l’état de Badri qu’on transportait pratiquement, car il ne pouvait pas marcher, le vieux n’a pas cherché à savoir ce qu’il avait. Nous en avons donc conclu qu’il savait ce qui s’était passé et qu’il feignait ne pas être au courant.

 

Une fois à la maison, nous avons couru chez le guérisseur de Yaya. A notre arrivée, Badri était inconscient. Le guérisseur nous a informé qu’il était trop tard. “ Il était pourri ‘’ selon ses propres termes. Une heure après, Badri est mort. Nous étions inconsolables regrettant cette mission. La libido de Badri l’a conduit à la mort à vingt-six ans. Lorsque nous avons rendu compte à sa famille de ce qui avait causé la mort de leur fils, son père  nous a dit très peiné : “Que cela vous serve de leçons ‘’.

 

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