Le long de certaines routes de Bamako, de jour comme de nuit, il ne faut pas bien longtemps avant qu’un taxi ne s’arrête pour vous. À coups de klaxon, d’appels de phares ou de gestes de la main, votre potentiel chauffeur vous fait comprendre qu’il est à votre disposition. Si vous y êtes disposé, c’est le moment d’y répondre. S’approche alors le véhicule. Une Mercedes 190 jaune, quelques éraflures sur la peinture, et la porte légèrement enfoncée.
Le premier tarif annoncé pour ma course ne manque pas de me rappeler ma condition de toubab. Certains chauffeurs ne font pas la distinction, avec d’autres il faut négocier. Argumentaire, supplication, ultimatum, tous les moyens sont bons pour faire des économies. Chaque rabais est alors une victoire. Ainsi mon trajet ne me coûtera que 2000 F CFA au lieu des 3500, initialement requis.
Évitant de justesse une entorse de la cheville dans le caniveau, je grimpe dans la voiture qui cahote sous mon poids. Bien installé au milieu des fausses peaux de bêtes, je suis prêt. Le moteur qui ronronnait jusqu’alors se met à rugir. La climatisation ne fonctionnant pas, il faudra ouvrir la fenêtre. Démarre alors le massage de mon visage, fouetté par le vent brûlant de l’après-midi.
Sur le goudron, les taxis bien bas se mêlent aux “Sotrama“, camionnettes tout de vert vêtues. Cousines de nos bus français, elles parviennent à se faufiler malgré leur gabarit. Dans les bouchons, quelques motos Jakarta quittent la voie de droite qui leur est réservée pour gagner de précieuses minutes que leur pilote n’aura pas à passer sous le soleil ardent. Se joue alors devant moi un ballet vrombissant de véhicules s’esquivant et s’entrecroisant d’une dextérité surprenante.
Arrivé à l’aéroport, ma destination est désormais atteinte. C’est ici que, pour la dernière fois, je prendrai place dans un véhicule avant de quitter Bamako.
À suivre…
Thibault Petit
@Thibptt