Také : Aujourd’hui, certains citoyens de la capitale malienne sont en train de réveiller les vieux démons en faisant recours à ce qu’on appelle dans le jargon «article 320». C’est-à-dire, ils n’hésitent pas à brûler vif des voleurs. N’est-ce pas inquiétant dans un État de droit?
Ganglè : Ah oui, il parait que l’article 320 du code Brûler Vif (BV) est de retour à Bamako. Il est mis en pratique par la justice des rues et du non droit. Ça veut dire que les professionnels de la vraie justice et les agents de sécurité sont en congé de somnolence payé. Déjà, le bilan est lourd car six gaillards ont été calcinés. Ces peines ont été prononcées et exécutées par ordre chronologique dans les Communes IV, V et II de Bamako. Le pire est que des gens adhèrent de plus en plus à cette idée satanique.
Le code de BV remonte en mars 1991. Il n’y avait ni droit ni autorité. En colère, les gens se faisaient justice et n’hésitaient pas à payer un litre d’essence à 300 Cfa et une boîte d’allumette à 20 f pour brûler les voleurs. Aujourd’hui, bien que le prix du litre d’essence ait doublé, cette sale pratique gagne du terrain. Pour les voleurs de moto Jakarta qui sont nombreux dans le lot des victimes du BV (Brûler Vif), les bruleurs n’ont même pas besoin d’aller à la station. Ils se servent directement dans le réservoir de la moto volée. Off, le Mali est perdu à nouveau.
Cette situation prouve que nous revenons en arrière. Ça veut dire tout simplement que les gens n’ont plus confiance en la justice de leur pays pourtant cité exemplaire en matière de démocratie. Car, on sait que les voleurs ne sont plus punis. Ah, la liberté provisoire et la présomption d’innocence! Nous avons là des termes élastiques. Dès qu’un voleur à les poches solides, on met en avant ces termes que les profanes ne comprendront jamais.
C’est pourquoi, quand tu conduis un voleur à la police, le lendemain, il viendra se moquer de toi. Il y a aussi les grands voleurs, je veux dire les cadres pilleurs du fonds public. Ils ne sont jamais punis. Tous ces aspects négatifs mettent les gens en colère. La vie chère plus l’impunité, c’est comme du feu et de l’essence mis côte à côte.
Alors Messieurs les juges et les policiers, il est temps que votre congé de somnolence prenne fin. Laissez les dessous de table et cessez d’avoir peur pour votre place. S’il s’agit aussi d’une carence de votre part, dites-le sans hésitation. Je sais quand même que le ministre de la sécurité intérieur et de la protection civile, Sadio Gassama, a besoin d’aller se reposer. N’est-ce pas yigo. Také ferme ton appareil on se verra, la semaine prochaine, plaise à Dieu.