Le Mot de la Semaine de Youssouf Sissoko : Inculpation

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Burkina: le RSP renonce à demander la démission d’Isaac Zida
Le président du Burkina Faso Michel Kafondo (D) et le Premier ministre Isaac Zida (G) le 2 décembre 2014 à Ouagadougou.
REUTERS/Joe Penney

La semaine dernière, l’actualité politique africaine aura été très riche en événements. D’un côté, on note des remous au sein du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) au Burkina Faso où certains éléments demandent le départ du Premier ministre Yacouba Isaac Zida. De l’autre au Mali, c’est la neutralisation de l’un des terroristes les plus recherchés Mohamed Aly Ag Wadoussène, l’assassin du surveillant de prison Kola Sofara, libéré on se rappelle à l’indignation des défenseurs des droits de l’Homme contre la libération du français Serge Lazarevic. Ailleurs, ce sont des attentats au quotidien au Nigéria qui firent plus de 500 morts et cela depuis l’investiture du nouveau président Muhammadu Buhari.

L’analyse discursive de ces différentes inculpations révèle le réveil brutal de nos magistrats dans un continent où l’impunité est érigée en règle de gestion.

En effet, pourquoi alors avoir attendu  la démission de Moussa Dadis Camara de l’Armée ? Pourquoi attendre qu’il portât sur les fonts baptismaux son parti politique, les Forces Patriotiques pour la Démocratie et le Développement (FPDD), et scellât son alliance avec l’UFDG de Cellou Dalein Diallo dans l’optique de la présidentielle d’Octobre 2015 pour l’inculper dans l’affaire dite des massacres du 28 Septembre 2009 ? Même si les faits reprochés sont suffisamment graves, l’opinion publique guinéenne ne voit en ce geste qu’une manière d’éliminer un adversaire de taille comme Dadis qui a toute la guinée forestière derrière lui. Pour les analystes avertis de la scène politique guinéenne ce n’est ni plus ni moins qu’une façon de diminuer les chances du peulh Dalein Diallo de remporter ces élections devant son adversaire de toujours le malinké Alpha Condé qui a montré toutes ses limites  et dont le bilan est en deçà des attentes des guinéens.

Si la  Guinée d’Alpha Condé est empêtrée dans son clivage politico-ethnique, en Côte d’Ivoire voisine, cette ère semble révolue. Le pays sous  la bonne gouvernance d’Alassane Dramane Ouattara a renoué avec la croissance. L’économie est relancée et les conditions de vie des citoyens ivoiriens s’améliorent d’année en année. La seule igname chaude entre ses mains reste les dossiers de ses partisans soupçonnés d’être impliqués dans la grave crise post-électorale de 2011 qui avait fait plus de 3000 morts. Ses détracteurs et une partie de la communauté internationale qui avaient qualifié la justice Ivoirienne de celle des vainqueurs auront d’autres qualificatifs après l’inculpation récente de ceux qu’on croyait jadis intouchables et non des moindres : les  lieutenants colonels Chérif Ousmane, commandant en second du Groupe de sécurité du président de la République (Gspr), Losseni Fofana dit « Loss », actuel chef du Bataillon de sécurisation de l’Ouest (Bso) et deux de ses hommes que sont les lieutenants Daouda Koné et Eddie Medy. Par ce geste, ADO s’est non seulement attiré la sympathie de la communauté internationale en livrant à la justice des éléments encombrants qui risquaient de tacher son positif bilan. Il vient surtout de faire un grand saut en avant pour sa victoire aux prochaines élections présidentielles.

IBK s’inspirera-t-il du chemin ainsi tracé par ses homologues guinéen et ivoirien pour demander enfin à la justice malienne, en tant que premier magistrat, d’inculper ses partisans impliqués dans divers scandales d’Etat dont l’affaire dite des engrais frelatés, celle de l’achat du Boeing présidentiel et des équipements militaires ? IBK est donc attendu pour tuer la bête comme il l’a si bien fait dans le controversé dossier de la junte du Capitaine  Général Amadou Haya Sanogo.

Youssouf SISSOKO

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