Ce n’est pas le Grand timonier, et pourtant il est seul sur le pont balayé par des lames furieuses. En tout cas les démocrates de la rue, même ceux qui se réclament du 26 mars, sont invisibles au moment où il faut dire au peuple, en face, qu’une nouvelle révolution est nécessaire dans la société du XXIe siècle : l’abolition de la peine de mort (que Roger Badinter assimilait à celle de la torture, légalement pratiquée jusqu’au XVIIIe siècle sous le nom respectable de « question ») et l’égalité de l’homme et de la femme, un présupposé de l’émancipation de cette dernière (que nul ne saurait nier désormais) dans la société.
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LE PARA-COMMANDO AU CŒUR D’OR
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Les armées ne sont pas faites pour faire la guerre mais la paix. Ces propos aux accents gandhiens sont d’ATT, de la première promotion des commandos parachutistes de notre armée, dont la devise serait de réfléchir par les pieds, tant ils savent donner des coups de pied qui font réfléchir les récalcitrants. Mais les faits sont là : ATT, chef militaire, n’a jamais puni, son propre témoignage, et Dieu sait que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu de motif pour cela, avec ceux dont il avait le commandement ! Pourquoi ? Parce que, évidemment, il avait la force supérieure de patienter devant les bévues. L’homme a le cœur dans la main, c’est vraiment son caractère, bien avant qu’il n’invente au Mali l’idée des logements sociaux et on espère que les dirigeants qui lui succéderont l’assimileront, pour le grand bien des pauvres. C’est à ces pauvres qu’il pense, quand il veut abolir la peine de mort, celui dont un des premiers actes a été la cité Goudiaby, pour les fonctionnaires moyens de l’époque, aux revenus misérables. C’est eux qui ne pourront pas prendre les avocats qu’il faut pour éviter que le couloir de la mort ne les conduise vraiment sur l’échafaud. Et c’est à la pauvre femme qu’il pense -comment en douter ?-, et non à la milliardaire, dans le nouveau Code de la famille.
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EN PREMIERE LIGNE POUR LA PAIX
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ATT est de toutes les guerres pour défendre la paix : la paix sociale, celle des salaires et des maisons à prix et à mode d’acquisition modérés, ou la paix civile, pour éteindre l’incendie des rébellions. Pour l’Accord d’Alger de 2006 avec les rebelles, il fut quasiment seul à en prendre l’initiative et à la défendre, tout comme aujourd’hui, serein, il impose la paix à Bahanga et à tous ceux qui, hésitants, ne veulent pas s’engager sur ce chemin salutaire. On s’empresse de l’accuser d’aller à contre-courant de l’Islam, en rappelant que sa première mesure fut, le 26 mars 1991, de rétablir l’ouverture des bars pendant le Ramadan, comme si ce n’était pas là une revendication majeure des « démocrates » qui le talonnaient et prétendaient même lui enlever la paternité du coup d’Etat. Il faut rappeler aux uns et aux autres que le recteur de l’Université d’Al Azar, au Caire (la plus grande référence en droit islamique), a affirmé que la charia est le summum du droit, un objectif terminal, pour avertir qu’il faut éviter d’y voir un point de départ. Le président Oumar El Béchir, qui mène la guerre sainte depuis trente ans au Soudan contre les adversaires de la charia, n’a-t-il pas retiré de lui-même la loi sur l’amputation des mains du voleur, sous la pression de l’opinion publique interne et internationale ? Il l’avait pourtant « modernisée », puisque l’organe coupable était coupé à l’hôpital par des chirurgiens qualifiés… La vraie question est donc la suivante : en dépit des apparences, le peuple malien, quoique musulman dans son immense majorité, est-il prêt à accueillir la charia, après avoir goûté aux délices du droit occidental ? Peut-il, aujourd’hui, au sortir de la prière du vendredi, lapider à mort l’homme ou la femme coupables « seulement » d’adultère ? Une réponse affirmative, là-dessus, n’est pas sûre.
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Ibrahima KOÏTA
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