Také : Aujourd’hui, notre capitale est inondée de bars et de ce qu’on appelle les hôtels de passe. Comment expliquez-vous cette prolifération? Est-ce la dérive ou l’évolution de notre société?
Ganglè : Je voulais dire qu’on doit prier Dieu pour que nous sortions de cette situation désastreuse. Mais, nos prières iront-elles loin? Est-ce que le Tout Puissant Allah nous écoutera? Parce qu’on se leurre nous-mêmes. Que ce soit sur le plan de la religion, de l’organisation sociale, des repères identitaires, bref, on se trompe sur toute la ligne. Aujourd’hui, les bars et les maisons closes font leur loi au Mali surtout à Bamako. On les trouve quasiment dans toutes les rues. Pourtant, on dit que plus de 90% des Maliens sont musulmans. Or, plus de 90% des clients de bars et de maisons closes sont issus de cette même couche. Quel paradoxe !
On ne sait plus qui nous sommes et où nous sommes. La plupart des maux de notre société comme le banditisme sexuel, les rencontres de gangs, les mouvements des pédés, les drames liés à l’abus d’alcool et tant d’autres travers prennent leur source à partir de ces lieux de dépravation. Mais, tout le monde regarde sans agir contre le mal qui est en train de nous ronger. Certains disent même qu’il est difficile de combattre ces phénomènes. Parce qu’il parait que des personnes dites «respectables» sont à la fois des grands prédateurs de filles et consommateurs par excellence d’alcool. Il s’agit bien entendu des gens qui sont bien respectés soit pour des postes de responsabilité administrative, politique et religieuse ou pour leur âge.
Donc, notre société est devenue méconnaissable. Také, si des gens considérés comme des repères se donnent à ces choses là, il faut s’attendre au pire pour les générations à venir. Car, on a enterré la honte et la dignité. Qui pouvait imaginer qu’un peuple se glorifiant de Babemba Traoré, de Soundiata Kéita, de Biton Coulibaly ou d’El hadj Cheick Oumar Tall allait accepter de vendre son âme pour des futilités? D’ailleurs, on constate que ces problèmes sont les derniers des soucis du gouvernement Malien. N’importe qui peut créer son cabaret et n’importe où ! Le peuple Malien est trahi par ses propres dirigeants. Ces derniers ont violé le pacte national qui recommande la sauvegarde de nos valeurs morales et identitaires.
Také, on a l’impression que le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales Kafougouna Koné s’en fiche éperdument de ces fléaux. De leur côté, les organisations de défense des droits de femmes aussi ont autre chose que de dénoncer ou de lutter contre la prolifération des maisons closes au Mali. Qu’est-ce qu’elles font? Rien ! Leur souci est de bouffer de l’argent au nom des femmes et non les défendre. La preuve est qu’aujourd’hui il y a des tapages partout pour la commémoration du 8 Mars, décrétée journée internationale de la femme. Také, tu vas tout entendre sauf une déploration de ces phénomènes sociaux. Pourtant, les premières victimes sont nos filles et nos petites filles surtout avec la pauvreté qui a atteint des taux inquiétants. Elles sont utilisées comme des objets qui procurent du plaisir aux hommes et constituent de véritables marchandises qui font marcher les cabarets. En un mot, ces sales pratiques constituent une insulte à l’égard des femmes et une entorse grave à nos valeurs sociétales.
Také, en plus d’être la proie des prédateurs, certaines filles de joie deviennent des vraies criminelles. Il y en a aujourd’hui en pagaille. Ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu !
Vous parlez de Babemba, Soundiata, Biton Coulibaly, savez-vous ce que ces rois faisaient? Au temps de Biton, c’est le dolo qui coulait à flot! Si réellement nous sommes dignes de lui nous devons faire comme eux. Je crois que c’est l’évolution normale de la société et surtout avec l’avènement de la démocratie tout est permis, seulement il faut préserver la liberté des autres. En démocratie tant que les textes permettent une chose, c’est l’individu en tant que citoyen qui doit savoir ce qui lui est bénéfique ou pas. Ceux qui veulent aller dans les bars ou qui veulent se prostituer ont plein droit de le faire mais seulement ne pas nuire à autrui. Comme je le disais plus haut, c’est l’évolution de la société qui demande ce passage obligé, il revient à chacun de nous d’éduquer son enfants comme nous le souhaitons. Je pense que cet article ne va pas dans le sens du progrès de la société, si c’est pour sensibiliser les décideurs, je pense que c’est raté.
Comments are closed.