Také : Sarkozy n’a pu passer pour faire un second mandat à la tête de la république française. Certains disent qu’il a subi ‘’un vote sanction’’ de ses compatriotes à cause de sa politique économique et sociale. En tant qu’Africain, quel regard portez-vous sur cette défaite de Sarkozy?
Ganglè : Par voie des urnes, le 06 mai 2012, les français ont choisi François Hollande mettant ainsi Sarkozy à la porte de l’Elysée. C’est la politique de ce dernier basée sur l’inégalité sociale qui a plongé beaucoup de ses concitoyens dans le chômage. Les descendants des Gaulois avaient d’énormes souffrances liées à la vie chère.
Malgré un joli discours après sa défaite, Sarkozy était choqué au point de vouloir prendre sa retraite politique. De toute façon, si le néocolonialiste Sarkozy ne pourra plus mettre en œuvre en Afrique son nouveau projet scabreux on ne peut que s’en réjouir. Il faut donc dire bye bye au ‘’Lucky Luck français’’ qui voulait nuire aux africains vivant sur leur continent et en France.
On se rappelle, en 2007, à peine élu, le sarcastique Sarkozy s’est rapidement mis en offensive contre le peuple africain en le qualifiant de pleurnicheur. Ajoutant que celui-ci se dit perpétuellement victime de l’histoire alors qu’il ne veut pas évoluer. C’était à Dakar lors d’une cérémonie qui a provoqué le courroux de certains écrivains comme notre compatriote Adama Bâ Konaré.
Depuis, Sarkozy s’ingère dans nos affaires comme si la France recommence la colonisation en ce 21è siècle. D’autre part, suite à l’affaire dite «Arche Zoé», le peuple tchadien, sa justice, ses dirigeants et l’ensemble des africains ont vu leur dignité bafouée par Sarkozy. Il a banalisé les actes commis par des esclavagistes français du temps moderne en se moquant de la justice Tchadienne qui les a jugés.
Dans la foulée des tractations concernant le rapatriement forcé de ces voleurs d’enfants africains, une rébellion bien armée s’est facilement avancée sur le palais présidentiel d’Idriss Deby Itno. Celui-ci a été contraint d’amnistier les criminels de l’Arche de Zoé. Quelques heures seulement après ce compromis, l’armée française a totalement anéanti la rébellion.
En 2010, avant que les chefs d’Etat africains décident de fêter le cinquantenaire de l’accession de leurs pays à l’Indépendance, c’est Sarkozy qui s’est mis au devant de la scène. Il les a convoqués à la fête du 14 juillet pour, disait il, célébrer les 50 ans d’amitié renforcée par les liens de l’histoire. Sous Sarkozy, la France a directement exercé son influence dans les décisions et activités de l’Union Africaine (UA). Elle a même réussi à mettre certains de nos dirigeants dos à dos. On peut citer le cas du Programme de lutte contre le terrorisme en Afrique et les promesses des fameuses subventions vertes.
Sur un autre plan, la politique de Sarkozy est à l’origine de nombreux massacres commis en Afrique. À titre illustratif, en Côte d’Ivoire, l’armée française est entrée en action pour déloger Laurent Gbagbo du palais présidentiel au profit de Alassane Dramane Ouattara. Mais bizarrement celui là même qui vivait confiné dans un hôtel d’Abidjan se permet, aujourd’hui, d’utiliser des termes durs quand il s’agit du Mali. Alassane a-t-il oublié les cadavres dont il a enjambés pour se retrouver à la tête de son pays? À l’époque, malgré la mort des milliers de personnes Alassane et Sarkozy n’ont pas demandé à la CEDEAO de prendre des sanctions contre la Côte d’Ivoire. Pourquoi?
Aussi, lors des soit disant raids menés en 2010 contre l’AQMI près de la frontière Mauritano-malienne des nomades maliens sont morts pour rien ! Sarkozy avait-il soif du sang? C’est encore lui qui s’est vite mêlé du soulèvement à Benghazi provoquant ainsi la chute puis la mort du guide libyen, Mouammar Kadhafi. Brandissant le principe de la création d’une zone d’exclusion aérienne, la France et ses alliés se sont adonnés à des bombardements massifs. Des villes entières ont été détruites.
Plusieurs milliers de personnes ont été massacrées parce que Sarkozy voulait uniquement satisfaire son désir personnel de verser du sang africain. Il visait aussi l’embrasement du sahel qui est la conséquence immédiate de cette guerre afin de réussir à épauler ses protégés du MNLA au Mali. C’est pourquoi au début des émeutes en Libye, il a tout fait pour écarter l’Union Africaine qui voulait régler ce problème par le dialogue entre africains.
Le départ de Sarkozy de l’Elysée prévu pour le 15 mai 2012 donnera lieu à des fêtes un peu partout en Afrique et même en France. Mais la déception est que nos dirigeants ne peuvent pas le faire comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI) pour ses crimes contre l’humanité. Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu!