Le Docteur Gangle Le vieux Ganglè donne son point de vue sur le comportement des Maliens pendant le mois de Ramadan.

0

Také : Pendant ce mois, on constate un net changement du comportement des Maliens. Doit-on déduire que c’est le moment où chacun redouble sa foi en Dieu?
Ganglè : Au Mali, pendant le mois de Ramadan les habitudes et comportements changent. Cette année n’a pas dérogé à la règle. Les bonnets et chapelets étaient à l’honneur chez les hommes de tout âge. De leur côté, les femmes et filles ont mis les voiles et hidjabs à la mode. Tout le monde sait que tout est une question de moment pour cette couche féminine.
Les bodys, jupes et pantalons conçus pour exhiber les tatouages sur les fesses étaient mis dans les placards. Les chansons dites ‘’zikr’’ et bandes audio de prêche ont momentanément détrôné les balani show. Les théières étaient en jeûne pendant la journée. Bref, des changements ont été sentis partout. Mais, chez beaucoup de gens ce n’est pas dans le bon sens comme on peut l’imaginer. Autrement dit, certains se donnent des apparences pour tromper leurs semblables et non le Bon Dieu qui voit, entend et connait tout.
À titre illustratif, durant les deux premières semaines de ce mois béni, les mosquées ne désemplissent pas. Elles sont prises d’assaut par des gens qui ont passé toute l’année sans y mettre les pieds. C’est comme si la dévotion se limite à ce seul mois. Même les «tchatcho» (personnes dépigmentées par des produits cosmétiques) fréquentent les lieux de culte. Et le hic c’est que certains arrivent même à piquer les places des vrais croyants et des assidus de la mosquée. Ce sont des «Silamè zèrènidjè» une plante parasite qui phagocyte celle qui l’abrite.
Par conséquent, la lueur de foi atteint difficilement le cœur de ces musulmans d’occasion qui, comme on le redoutait, ont déserté les lieux de prière. En ce qui concerne le changement dans le domaine alimentaire, on a constaté qu’avant la rupture du jeûne, les gens se font entourer des mets les plus savoureux. Dieu sait que la plupart de gens le font juste pour le côté ostensible que pour le besoin. Pour y parvenir, certains n’hésitent pas à voler surtout ceux qui trouvent la possibilité de brouter les sous de l’Etat.
Paradoxalement, le Ramadan constitue une sorte de campagne pour les voleurs de tout genre. Il paraît qu’à la veille de ce mois, les policiers du commissariat du 12è arrondissement se sont adonnés à leur vieillotte et mauvaise habitude en rackettant des motocyclistes à Titibougou. Allahou Akbar ! (Dieu est le plus grand). Avec cet argent sale ils ont acheté des bonnets, chapelets et même de la nourriture pour la rupture du jeûne.
Sur un autre plan, beaucoup de commerçants ont doublé voire triplé les prix de vente de leurs articles surtout les produits de première nécessité. Pis, durant le marchandage ils passent la journée à mentir et à jurer «au nom de Dieu, au nom de mon jeûne, au nom de mes enfants et tralala !» Ils s’agissent ainsi juste pour tromper les acheteurs sous prétexte que tout est cher. Pourtant, ces arnaqueurs qui se disent musulmans et qui ont la langue bien effilée font encombrer nos mosquées. C’est également le cas des médecins qui, pour quelques sous, font de diagnostics pour soutirer de l’argent à certains patients. Il s’agit des patients qui s’attribuent des maladies ou les inventent pour justifier leur refus de jeûner. Ces gens ont peur de la perception que leur voisinage fait d’eux. Mais, ils ne craignent pas le Tout Puissant Allah.
Ainsi, les noms du diabète, de l’ulcère et de la tension sont devenus des termes célèbres. À preuve, il paraît qu’un journaliste de radio se baladait avec son sachet de médicaments à la main. Je me demande si l’on fait allusion à Hama, à B…ou à Modib…? Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu!

Commentaires via Facebook :