Le Docteur Gangle : Le vieux Ganglè parle, aujourd’hui, du Soroké 2011.

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Také : Chaque année, au cours d’une manifestation dénommée : Nuit du Soroké d’or, des trophées sont décernés à des hommes et femmes de médias à l’issue d’un concours sur des thèmes bien définis. Pour l’année 2011, la fête s’est déroulée le week-end dernier, au Cinéma Babemba. Quelle leçon peut-on en tirer?

Ganglè : Tout d’abord, je souhaite bonne et heureuse année 2012 à vous, à vos lecteurs et à tous vos proches. Que ce nouvel an apporte la paix, la quiétude, l’unité et surtout l’autosuffisance alimentaire dans notre pays. Pour revenir au Soroké d’or 2011, les organisateurs devaient tout simplement dire que leurs trophées étaient faits pour les agents des médias de l’État. Le reste était attribué aux quelques affinités des organisateurs. En tout cas, c’est ce qui s’est passé le weekend dernier.

On avait l’impression que les agents des médias privés ne savaient pas traiter un thème. Ils les ont purement ignorés dans ce truc de mascarade. Quand on analyse aussi les thèmes traités, on constate que c’est un diktat. Car, on ne pouvait que parler du côté positif de certaines politiques gouvernementales qui ont été plus que des échecs dans notre pays. À titre illustratif, il y a la controversée AMO, la place des femmes dans la gouvernance, l’environnement, le tourisme et l’insécurité au Nord etc.

Les organisateurs ont fait faire des écrits et productions sonores pour défendre la vision du gouvernement dans ces domaines là. Ce qui veut dire que dans cette affaire, il y a quelque chose de louche. À leur dire, les membres du jury devaient noter la forme et le fond des écrits. Pour les radios, il fallait ajouter la présentation vocale, la qualité sonore et la qualité de l’image pour les télés. C’est normal ! Sauf que pour le fond, il fallait suivre le chemin dicté pour prétendre avoir un Soroké.

Par exemple, un journaliste qui parle du côté négatif de l’AMO dans son élément doit savoir qu’il est d’office censuré et disqualifié. Il fallait obligatoirement dire que cette Assurance maladie obligatoire est bénéfique. D’ailleurs, le lauréat de ce thème a parlé d’un lancement de cette politique en la défendant bec et ongles. Or, celle-ci est boudée à raison par la majorité des Maliens. Parce que dans les hôpitaux tout comme dans les pharmacies c’est la croix et la bannière pour se faire servir. Et pour cause : les responsables des hôpitaux et des pharmacies disent à haute et intelligible voix qu’il leur est difficile de percevoir leur argent après la prestation. D’ailleurs, nombreux sont des Maliens qui sont en train de connaitre le déclin à cause de cette AMO. Celle-ci est-elle victime de sabotage? Si oui, pourquoi? Difficile de répondre. On ne pouvait pas dire non plus qu’au début, des prélèvements ont été faits sur les salaires des gens à leur insu.

Concernant l’environnement, on n’a pas permis aux postulants au Soroké d’alerter la population sur les erreurs du gouvernement à propos des menaces qui planent sur les zones d’exploitation d’or au Mali. La fameuse affaire de l’uranium de Faléa n’a pas été abordée. On devait aussi se taire sur l’état chaotique du fleuve Niger étranglé par des constructions et de la pollution.

S’agissant de l’insécurité, il fallait couvrir le gouvernement et montrer que la souffrance du tourisme est due à d’autres causes. C’est-à-dire, on ne devait pas parler de l’incapacité du gouvernement à rétablir la sécurité notamment au nord, la zone de grande fréquentation touristique du Mali. Il ne fallait surtout pas parler de la réelle situation de guerre qui prévaut au nord à cause des agitations qu’ont connu les pays du Maghreb. Le plus grand choc que le Mali a senti est venu de la Libye. À vrai dire, l’élément choisi pour le Soroké sur le tourisme n’avait rien de convaincant.

En un mot, à part leurs partenaires que sont le gouvernement et les sponsors, les organisateurs se foutent du reste. Et tant pis pour les journalistes qui se laissent aller à cause d’un prix insignifiant. Est-ce un moyen pour réduire le journalisme à un instrument de propagande? Ils ne le peuvent pas ! C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ont donné tous leurs prix aux agents des médias d’État et aux quelques affinités. Dans ce cas, ils ne doivent plus nous casser les oreilles en disant que le Soroké d’or est un concours pour tous les médiats. C’est un conseil. Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu !

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