Le vieux Ganglè attire l’attention des gens sur la situation scolaire au Mali. Celle-ci a dépassé toutes les limites en devenant préoccupante au même titre que le problème du Nord.
Také : La crise scolaire qui prévaut depuis plusieurs années semble être occultée par les récents événements survenus au nord de notre pays. Malgré cela, le problème de l’éducation mérite d’être analysé. Cette année, pourrait-on y trouver une issue?
Ganglè : L’école malienne est en déclin. Que Dieu ait pitié d’elle ! Avec des ministres arrivés à bout de souffle et qui se foutent de l’avenir de nos enfants, comment voulez-vous qu’il y ait une porte de sortie? L’an passé, j’avais dit ici même que le ministre de l’Enseignement Supérieur et dela Recherche Scientifique, Mme Siby Ginette Bellegarde, ne voit pas plus loin que les montures de ses grosses lunettes. Mais, Sony ATT a refusé de la renvoyer. Le résultat de sa gestion catastrophique est unanimement reconnu.
Elle n’a pu trouver un terrain d’entente avec les différents syndicats des enseignants qui ont commencé l’année avec une grève illimitée au niveau dela Facultédes lettres, des arts et des sciences humaines (FLASH). En Février et Mars 2011, plusieurs étudiants dela Facultédes sciences économiques et de gestion (FSEG) et du Centre d’enseignement de Bamako (CESB) ont fait des révoltes pour dénoncer des notes qualifiées d’«injustes et d’arbitraires». Il parait qu’à l’université, les meilleures notes sont réservées exclusivement aux riches et aux filles faciles. D’ailleurs, les étudiants disent que rien ne peut arrêter les notes sexuellement transmissibles (NST). Autrement dit, le cadre universitaire est devenu une pourriture. Mme Ginette n’a rien fait pour régler ce problème. Alors les étudiants mécontents de leurs notes ont fait des casses et brûlé la direction du CESB.
Sur un autre plan, au moment où l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) luttait contre la bancarisation des bourses, des mains invisibles auraient créé des divisions entre ses membres. Dans ce désordre, les enseignants ont, à leur tour, connu le même problème de division. C’était le chao total ! Ainsi Mme Siby Ginette Bellegarde et le gouvernement ont trouvé l’occasion idéale pour boucler l’année universitaire en Juillet 2011. En s’abstenant de parler d’une année blanche, ils ont mis les structures de l’université de Bamako en congé pour, avaient-ils dit, assainir l’atmosphère polluée.
Suite à cette situation, plusieurs ateliers couteux ont été organisés. Après plusieurs jours de réflexion, le parterre de participants à ces rencontres à perdiems, n’a pu proposer autre chose que la création urgente de quatre universités à Bamako et une à Ségou. Také, la multiplication des universités va causer énormément de problèmes, quand on sait que notre pays n’a pas les ressources humaines qualifiées et en quantité pour les gérer. Pour preuve, même avec la seule université de Bamako «c’est la croix et la bannière» à fortiori quand on va créer quatre autres.
En somme, les participants à ces ateliers plus préoccupés par le montant de leurs perdiems journaliers que par les problèmes de l’enseignement au Mali, ont mis les vrais problèmes à côté pour parler du n’importe quoi. Také, à noter au passage que ces rencontres interviennent après tant d’autres qui furent toutes de véritables échecs. L’enseignement secondaire et l’éducation de base sont victimes de la même négligence de la part de l’État. Là aussi, le ministre Salikou Sanogo préfère gaspiller de l’argent ailleurs que pour la gestion de la crise scolaire. Les revendications dela Coordinationdes Syndicats de l’enseignement secondaire (COSES) et du Syndicat national de l’éducation de base (SYNEB) tournent autour d’une volonté politique et surtout d’un certain nombre de règlements financiers qui ne sont rien à côté des dépenses inutiles qui se font.
Le paradoxe est qu’au nom de la crise scolaire, Salikou et le Gouvernement utilisent des milliards pour l’organisation des fora et ateliers sur des reformes et autres choses inutiles. Ces activités profiteraient à certains cadres qui s’enrichissent à cause du chao. Ceux-ci font tout pour que ces rencontres échouent. À juste raison, cette situation suscite bien la colère des pauvres enseignants Maliens. Et malgré tous ces problèmes, l’an passé, Salikou n’a pas oublié de relooker son ministère. C’est pourquoi, les enseignants ont commencé l’année scolaire 2011-2012 par des grèves. SaIikou et Mme Siby se foutent-ils vraiment de l’école Malienne? Si oui, ils ont raison ! En effet, il parait que tous nos dirigeants envoient leurs enfants étudier à l’étranger. Par conséquent, ils ferment les yeux sur le déclin de notre école jadis performante, productive et enviée à travers le continent Africain.
Mon cher Také, comme si tout ça ne suffisait pas, lors des présentations de vœux pour 2012, Sony ATT a lâché une phrase à la fois choquante et inquiétante. Il a dit ceci : «Seuls les enseignants de l’école publique sont en grève alors que ceux des privés travaillent régulièrement». Ces mots, si l’on comprend bien, peuvent s’assimiler à une sorte de publicité de l’école privée. En tout cas une fois de plus, ces mots ont été négativement interprétés par une grande partie de l’opinion nationale du Mali. Mieux, ils s’ajoutent désormais dans le lot des dérapages verbaux de notre chef.
Sony ATT, si vous m’entendez, moi Ganglè ancien Combattant de la première guerre mondiale, sachez que nous n’avons pas eu le luxe d’inscrire nos enfants et petits enfants dans des écoles privées qui coûtent chères. Nous sommes encore en quête de notre pitance quotidienne. C’est à l’école publique que nous pouvons inscrire nos enfants. Donc, il faut renvoyer Ginette Bellegarde et Salikou Sanogo pour «Incapacité» d’accomplir les missions que vous leur avez confiées. N’oubliez pas aussi de boucler tous ceux qui ont bouffé les sous de l’éducation. Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu !