Le docteur Ganglè

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Le vieux Ganglè un ancien combattant de la première guerre mondiale manifeste son indignation par rapport à l’inégalité sociale avec laquelle, les festivités du cinquantenaire de l’Indépendance de notre pays ont été organisées.


Také : Quel bilan tirez-vous de l’organisation du cinquantenaire?

Ganglè : La fête était grande avec ses exhibitions vertigineuses. Mais, quel a été son coût financier? Vous conviendrez avec moi que seule une minorité de nos concitoyens ayant eu la main dans la pâte, peuvent exactement répondre à cette question. Ils ont utilisé le pactole comme un bœuf dépecé. Les autres n’en ont même pas vu la couleur. Il s’agit des Maliens moyens constituant la couche majoritaire.

Toi Také, tu dois bien le savoir parce que les journalistes comme toi œuvrant en dehors du cercle fermé ont été mis à la touche. Ils n’ont pas eu un copeck, durant toutes les campagnes de sensibilisation et de mobilisation. Surtout ceux qui avaient émis des réflexions critiques fussent-elles constructives concernant le programme du cinquantenaire. Leurs organes de presse ont été purement et simplement ignorés. On les a mis «out» comme s’il ne s’agissait pas d’une cause nationale.

Les journalistes ont été lésés. C’est une forme d’inégalité aiguë que même Jean Jaques Rousseau ne pourrait définir. Des agences de communication ont été sélectionnées, selon des critères d’affinité et d’intérêt idéologique. Il parait que plus de 800 millions de francs CFA ont été alloués à la presse. Où est donc parti cet argent? Est-il tombé dans la tanière de l’hyène? Les organisateurs ont décidé de minimiser la presse et d’improviser d’autres formes de communication pour donner une déviation au magot. Les bénéficiaires seraient privés de leurs sous.

Dans cette affaire, je veux dire ce business du cinquantenaire, le grand absent s’appelle l’équité. Pourtant, nos dirigeants ne cessent de dire que notre démocratie est solide. Tu vois que ce n’est pas vrai ! C’est pourquoi, je te dis toujours que c’est du vent tout ce qu’ils disent. Nous sommes face à un grin dont les membres se filent les sous. Seuls les projets élaborés ou soutenus par leurs proches sont prioritaires.

Par exemple, personne ne s’attendait à la résurrection de Niamody. On ne le connaissait même pas, du moins plus de la majorité des Maliens ignorait ce qu’il a été pour notre pays. Mais cette année, avec l’appui d’un ancien ministre de la culture on l’a mis au centre de l’histoire du Mali. Je n’ai rien contre ce grand chef du Logo ayant résisté pendant quelques heures seulement. Aussi, je le respecte bien qu’il soit mort pendant sa fuite devant l’ennemi. Ce qui m’a beaucoup donné à réfléchir, est qu’il a ravi la vedette à tous ceux qui ont longuement combattu les blancs tels que Samory, El hadj Cheick Oumar et Firhoun. Qu’en est-il de ceux qui se sont donnés la mort plutôt que la fuite, comme Babemba ou Koumi Diossé.

D’autre part, s’agissant de la fête, il faut voir ce qu’ils ont fait aux artistes. Avant le 22 septembre 2010, beaucoup de campagnes ont été faites avec leur nom. Mais par la suite, ces artistes n’ont eu aucune considération. Le seul égard qu’ils ont eu fut le gala organisé au palais présidentiel. Au défilé civil, leur place fut occupée par quelques étudiants favorisés et les troupes de la Fondation pour l’enfance. Avant leurs prestations on nous parlait de culture et tradition, cependant leurs accoutrements, danses et comportements faisaient pleurer tous ceux qui réclament notre identité nationale.

Tu m’as demandé de faire un bilan, n’est-ce pas? Bon, pour l’ensemble des activités en tenant compte de l’aspect identitaire et historique, je donne à la commission d’organisation du cinquantenaire huit sur vingt. Ce n’est pas peu dans la mesure où cette moyenne peut être repêchée. Mais si l’on prend à part l’assainissement, il faut dire que c’est nul, zéro. Parce qu’en dépit de ces constructions d’infrastructures à coût faramineux, la plupart des rues de Bamako sont pourries. Les moustiques, mouches et maladies sont omniprésents.

Ainsi, on veut mettre une certaine presse hors jeu pour maquiller les micmacs avec des propagandes d’endormissement payées à coût des milliards. Ils peuvent faire de l’argent public ce qu’ils en veulent, mais la terre tourne.

La Redaction

 

 

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