Le docteur Gangle

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Le vieux Ganglè donne son point de vue sur l’incompréhension du monde concernant les réalités de la question touareg au nord du Mali.

Také : Il a fallu beaucoup de discours et de mouvements pour que les français et autres amis du Mali commencent à percevoir clair l’épineuse question touareg. Y a-t-il eu des failles de la part de nos dirigeants?

Ganglè : Depuis longtemps l’opinion internationale est mal informée sur ce sujet. Même certains occidentaux prétendus experts sur le sahel confondent les bandits du Mouvement national de libération de l’Azawad (MMNLA) à l’ensemble de la communauté touareg. C’est de ce côté qu’il y a de l’amalgame et ce mot est devenu un passage obligé. Car, nos autorités l’utilisent dans tous leurs discours même s’ils s’expriment sur d’autres sujets. Et si nous en sommes arrivés là, c’est parce que la diplomatie malienne était zéro.

À part les pleurnichements et les formules de mendicité ou d’apitoiement dont ils savent faire quand il s’agit de demander de l’argent, nos diplomates ne peuvent même pas convaincre un enfant de cinq ans. À titre d’exemple, deux mois avant le coup d’état, l’ancien ministre des affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga s’est exprimé sur RFI pour répondre à certains mensonges d’Ibrahim Ag Assarid. Mais, il n’a pu convaincre personne ! Pourtant, c’est un homme d’expérience et d’un niveau intellectuel très poussé. Alors pourquoi la voix du MNLA est-elle montée sur la sienne?

Parce que tout simplement, au Mali, quand on obtient un poste c’est pour savourer les avantages et occulter l’essentiel. Sinon durant toutes ces années de manigances du MNLA, nos dirigeants ne parlaient que d’intégration de ces bandits dans l’armée. Idem, du côté de nos prétendus plénipotentiaires ambassadeurs surtout celui résident en France. Finalement, tous les efforts faits pour le nord sont tout le temps mis dans les oubliettes. Que justifie cet état de fait? Reconnaissons, au moins et en toute honnêteté, au lapin la longueur de ses oreilles. Comme on le dit en langue nationale Bambara : «Certains de nos responsables ne peuvent pas empêcher un poulet de plonger son bec dans la jarre d’eau». C’est-à-dire, la plupart d’entre eux sont des incapables. Point à la ligne !

Un moment, les représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MMNLA) passaient tout leur temps à pourfendre Ba- Maliba sur les médias de l’hexagone. Qu’a pu faire notre ambassadeur à Paris en guise de réplique? Rien ! Son refus de démentir ou d’affirmer son désaccord sur ces attaques verbales donne du poids aux menteurs armés. À l’époque, il a fallu que les associations des Maliens de France et leurs amis jouent leur rôle en faisant entendre leurs voix. D’autres compatriotes de l’intérieur ont effectué, à leur tour, des voyages pour convaincre les occidentaux sur les mensonges savamment distillés par le MNLA.

Sur un autre plan, le mardi 29 janvier 2013, à l’occasion de l’adoption de la feuille de route du gouvernement à l’Assemblée Nationale, nos députés ont fait du bruit pour affirmer leur refus à une éventuelle négociation avec le MNLA. Moi Ganglè, un ancien combattant, appelle ça du tapage de dernière minute pour se montrer. Vous qui avez été à l’école vous l’appelez : du m’as-tu-vu. Durant tout leur mandat qui vient d’être prorogé à cause de la transition, nos dépités, pardon députés n’ont pas voté une loi pour empêcher les bandits à pousser des plumes. Qui peut me dire le contraire?

Chers élus de la Nation, vos compatriotes viennent de vous applaudir pour la première fois, parce que vous avez dit Non à la négociation avec le MNLA. D’ailleurs, on ne sait pas si votre attitude positive est liée aux élections devant être tenues durant l’année en cours. Peut-être que vous êtes à la recherche d’électorat. Alors, pour votre noblesse, vous ne devez plus nous décevoir. Maintenez votre position et faites tout pour prouver au monde que le MNLA a tort sur toute la ligne.

Dites au monde qu’au nom de la paix presque tout a été entrepris au Mali au profit de ces touaregs. À titre illustratif, certains d’entre eux qui n’ont même pas le DEF ont été recrutés dans la douane, dans l’armée et dans d’autres domaines de la fonction publique qui exige moins de niveau intellectuel. Faites savoir à vos interlocuteurs que ce sacrifice prouve à suffisance qu’aucune action n’est dirigée contre cette communauté touareg. Et que l’irrédentisme de celle-ci a été toujours maté par les présidents Modibo Kéita et Moussa Traoré. Trop c’est trop. Le peuple malien en a marre ! Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu.

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