Le vieux Ganglè contre certains caractères de magouilles imprimés au mois de la solidarité.
Také : Le mois d’Octobre, mois de la solidarité a été institué par les autorités du Mali, il y a 23 ans pour porter un regard en direction des démunis. N’est-il pas une avancée dans le sens de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion dans notre beau pays?
Ganglè : Allahou Akbar (Dieu est le plus Grand). Chaque jour, on nous rabat les oreilles en disant que le mois de la solidarité est une occasion pour aider les pauvres, les personnes âgées, les handicapés etc. C’est de la poudre aux yeux! Les organisateurs de ces activités de mascarade croient que nous dormons et que nous ne sommes pas au courant de leurs manigances. Ils sont en train de se servir de la pauvreté et de l’exclusion pour se remplir les poches. Chaque année, ils décaissent l’argent du contribuable au nom des couches vulnérables qui, en majorité, ne savent même pas ce qui se passe dans notre pays.
Dès que ce mois s’approche, on assiste à une course aveugle des vautours. C’est le moment le plus propice de l’année, pour fignoler et présenter beaucoup de projets bidon qui n’arrangent que leurs initiateurs. Là aussi, ils pensent que nous ne sommes pas au courant de leurs sales méthodes. Certains prennent plusieurs millions pour un projet monté au nom des handicapés physiques du Mali. Ils en achètent quelques tricycles (ce qui est à la mode) à moins d’un million.
Avec des miettes, ces vautours vont démarcher certaines associations d’handicapés physiques de la capitale qui sont leurs complices. Le but vise à trouver des bénéficiaires qui seront montrés au monde entier à travers des médias. Pour la cérémonie de remise, ils dépensent 1 million dans l’organisation médiatique et le folklore. Voilà, le tour est joué. Où va le reste des millions? Il se trouve dans les poches des riches gens bien portants qui ont initié le projet. Le hic est que devant les micros de la télévision, ils s’adonnent à une surfacturation fabuleuse du prix d’achat des articles donnés.
Autrement dit, ces vautours bien doués dans le mensonge, donnent des chiffres gonflés pour duper les gens. Avec tout ça, on parle de solidarité au Mali. C’est de la foutaise et de l’insulte! Les démunis au nom desquels toutes les activités sont entreprises ne font qu’assister aux spectacles folkloriques. Comme on le dit bien en langue nationale Bambara : «ceux qui doivent tout bénéficier ne sont ni à la tête encore moins à la queue de quoi que ce soit !» C’est cela notre mois de solidarité? Au fur et à mesure que les éditions s’entassent, le mois de la solidarité offre l’occasion de mieux apercevoir le grand fossé qui sépare les riches des pauvres.
Aujourd’hui, le mois d’Octobre permet de savoir que l’exclusion et l’inégalité sociales sont en pleine effervescence dans notre pays. Les riches prouvent qu’ils sont mieux placés pour bouffer les fonds destinés aux pauvres. Je ne sais vraiment pas jusqu’où nos autorités veulent enfoncer le grand Mali. Il parait même qu’elles veulent laisser le mois de la solidarité à la merci des opérateurs économiques. Il faut dire que le label de la solidarité est devenu un bien vendu. Dans un autre sens, on a vendu les pauvres aux commerçants qui utilisent la pauvreté pour faire du marketing.
On aura tout vu dans ce pays. N’est-ce pas Monsieur le ministre Harouna Cissé, toi qui chargé du développement social et des personnes âgées au Mali? Pouvez-vous jurer que ces complots contre les pauvres entrent dans le cadre de la solidarité? Il faut trouver un autre terme pour votre mois d’Octobre et laisser en paix le mot solidarité. Ça ne colle pas! Sinon, si vous ne savez pas, la solidarité est une des valeurs fondamentales de notre société. On n’a pas besoin de faux projets pour la pérenniser. Tout le monde sait que le Mali est connu par l’entraide, la tolérance et le partage.
De l’antiquité au début des 23 dernières années, notre société était bien organisée par ces grandes valeurs. C’était un moyen par excellence de surmonter plusieurs problèmes liés à la pauvreté et à l’égoïsme. Mais voila, tout cela est fini! Depuis que le prétendu mois de la solidarité a été institué, Dieu seul sait que la pitié, le soutien aux démunis et tant d’autres choses qui se rapportent à la solidarité disparaissent progressivement. Les gens vont se bouffer si ça continue, je vous le jure Harouna! Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu!