Le billet de Roche :Au secours ! Elle pleut !

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Aussi bizarre que cela puisse paraître, voici la phrase que  l’on entend prononcer  à Bamako pendant  l’hivernage.  Devant l’étrangeté de la phrase, l’on se précipite pour poser la question : qui pleut? La pluie !  Bon sang !  N’est-elle pas au féminin ? Me faudra t-il toujours vous rappeler qu’à Bamako, rien ne sert de partir à point, il faut courir et toujours courir ?

 

 Nous à Bamako, nous ne parlons pas le français malien mais à défaut, nous sommes " vocabularisés " à la malienne. Vous voulez la preuve ? Eh bien ! Je vous en cite une : demandez à un passant : s’il vous plaît, à quel temps est " Je baille " ? Il vous répondra : c’est au futur. Si vous vous situez dans la logique cartésienne pour comprendre, vous avez tort car dans notre vocabulaire le futur ou la finalité de bailler c’est bien sûr le sommeil. Chez nous, en période de canicule, " koutoubou yé ", pendant l’hivernage, " joronanko ". C’est en ce moment que l’on identifie facilement le Malien, même sans pièce d’identité ni passeport, ni permis de sauf conduit. Dès qu’il commence à pleuvoir, les automobilistes, bien que protégés, se sentent obligés de faire le rallye, histoire de  savoir entre eux et la pluie, qui tombera le premier ou qui imbibera l’autre. Pire, ceux qui vont à " piéton " se mettent à courir comme les garçons qui poursuivent un rat voleur. Au finish, nous avons sur nos ponts, des carambolages, des " caramblocages ", des " carambofolies "etc.

 

Mais, dites-moi les amis, vous n’ignorez tout de même pas que nous, les automobilistes, sommes tous abonnés aux pneus des casses? Si tu sais que tes pneus sont aussi lisses que la langue d’un constant buveur  de bouillie, attends-toi quand il pleut, même en te mettant debout sur les pédales de frein, à ce que ta voiture fasse une glissade digne d’un James Brown ou d’un Mickael Jackson. C’est justement en ce moment que ta voiture s’autorise une embardée abracadabrante qui provoque la série de carambolage ci-dessus citée. Et vous les pilotes de jakartas, le fait que vos roues soient aussi rugueuses que la langue d’un rat d’église ne vous épargne pas le sort des " voituristes ". Avouez qu’à Bamako, en plus des garde-fous, il y a de quoi construire des " garde-crapules " autour des ponts. Et si par malheur, en circulant dans les quartiers, vous éclaboussez par inadvertance les jeunes qui " lapent " leur thé, vous aurez droit à une cargaison d’insultes non encore dédouanées. Comme si cela ne suffisait pas, ils s’asseyent, pour leur " cure " de thé, devant une flaque d’eau et y déposent de grosses pierres qu’une 4X4 ne saurait enjamber, histoire de ne pas être éclaboussés par un impénitent chauffeur.

 

" Koutoubou yé ! " Je puis vous assurer  en tant que spécialiste dermatologue de mon genre que l’eau de pluie ne vous dépigmente pas et ne vous noircit point. Amis charlatans, si vous cherchez fortune, mettez-vous au travail pour trouver des formules qui empêchent une goutte de pluie de tomber sur le possesseur de ladite formule. Ayons le courage de prendre l’exemple sur les braves Maliennes qui vont au marché et font la cuisine sous une pluie diluvienne  sans piquer  une " grippe culinaire ". Au service, les travailleurs s’absentent aussi longtemps que la pluie continue de tomber. Un jour, un agent me dit ceci : Patron ! il faut que je retourne à la maison, la pluie m’a mouillée jusqu’au caleçon. C’était presqu’une inondation m’assure t-il. J’ai répondu en lui demandant si cette inondation n’avait pas emporté ses bijoux de famille. Non, Dieu merci! NO COMMENT ; Braves Maliens ! Vous ne cessez de prier afin que l’hivernage réussisse et vous fuyez la pluie dès qu’elle commence à tomber. KABAKO !.

Mamadou Keita dit Roche

 

 

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