L''avenir politique au Mali: La Collaboration et la complicité

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La première est acquise entre le gouvernement et l”Alliance. La seconde sera plus difficile à établir.
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rnLes seconds mandats présidentiels affrontent généralement une même préoccupation : celle de se dérouler aussi longtemps que possible comme une séquence classique d”exercice du pouvoir et de se faire accepter dans son intégrité par le maximum d”acteurs publics politiques et sociaux. L”entreprise n”est jamais aisée, quels que soient les cieux sous lesquels elle se situe. Elle s”est même révélée utopique dans un pays comme les États-Unis où à l”entame de la mi-mandat, les analystes américains accordent au président de bonnes chances de terminer en "canard boiteux".
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rnC”est-à-dire en dirigeant qui s”épuise à garder la maîtrise des événements et dont les plus redoutables adversaires sont désormais à rechercher dans son propre camp. Dans un second quinquennat, la tendance précoce à se projeter à l”échéance suivante est donc tout aussi inévitable que l”est le démarrage anticipé de la précampagne électorale dans un premier mandat. Elle figure dans l”ordre naturel du combat politique et il vaut mieux s”employer à la contenir qu”à se ridiculiser à la déplorer.
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rnIl n”y a donc rien de fondamentalement étonnant que depuis deux-trois semaines paraissent épisodiquement (et avec insistance) des informations sur les états d”âme du camp présidentiel, sur le début des grandes manœuvres au sein des ténors de l”ADP en prévision des échéances de 2012 et sur l”identité supposée du dauphin que le président Touré serait en train d”aguerrir. La même atmosphère de bataille de succession anticipée prévalait en 1997. Elle s”était même considérablement alourdie lorsque le président Konaré eut la sincérité et la maladresse de souligner que ce second mandat serait également son dernier. Par ce rappel, le chef de l”État n”avait eu d”autre souci que celui de réaffirmer son attachement aux dispositions constitutionnelles et par conséquent, son refus de céder au tripatouillage des textes qui faisait alors fureur sur notre continent.
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rnMais parce qu”il avait été répété avec une certaine insistance, le message fut dépouillé de sa signification première et interprété comme une autorisation à déjà préparer l”avenir. Ce qui provoqua la mise en route avec zèle et empressement de toute une aile du PASJ. Ce qui entraîna assez rapidement une accumulation de malentendus entre le président et son Premier ministre d”alors. Ce qui déclencha un schisme dans le parti majoritaire. Ce qui finit par l”éclosion de candidatures adémistes multiples à la présidentielle de 2002. Le ferment du début de bouillonnement politique actuel ne vient pas de déclarations du président Touré. Mais des enseignements que les différentes formations ont tiré de la composition de l”actuel gouvernement. Rappelons encore une fois cette vérité de La Palice : pour les partis, l”Exécutif représente tout à la fois une tribune de prestige et un tremplin pour l”exercice élargi du pouvoir.
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rnDEPITS PERSONNELS –
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rnOr les équilibres instaurés dans l”équipe Modibo Sidibé ont forcément accordé à l”Alliance pour la démocratie et le progrès une représentation bien moindre que celle escomptée. La déconvenue a cependant produit deux types différents de réactions. Les formations moyennes ont concentré l”essentiel de leur grogne sur le fonctionnement interne de l”Alliance qui, selon eux, n”offrirait pas à tous ses membres une chance égale d”émergence institutionnelle. Par contre, dans les grandes formations, les déçus (et il n”en manque pas) s”estiment les sacrifiés d”une collaboration politique déséquilibrée dans laquelle la fidélité d”accompagnement aurait été insuffisamment récompensée.
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rnCette atmosphère ronchonne a redonné de l”écoute aux "autonomistes", c”est à dire à ceux qui avaient souhaité voir leurs formations se tester lors des présidentielles. Les mêmes ont repris la tribune pour, dès maintenant, mettre en garde contre l”adoubement d”un dauphin pour 2012, dauphin dont la candidature prolongerait la dévaluation du fait partisan.
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rnQuelle importance faut-il accorder à ce mouvement qui reste encore souterrain ? Uniquement celle d”un signal à prendre en compte et à garder à l”esprit autant pour le président de la République que pour le Premier ministre. Pas plus, mais pas moins. Car ainsi que nous le précisions, ce qui s”exprime actuellement ne constitue qu”un ensemble de dépits personnels, conséquence collatérale de la formation du gouvernement, et non un courant structuré. Le passage de l”un à l”autre est toutefois possible dans deux ans quand les enjeux se préciseront et que les positionnements s”ébaucheront. Mais quelle sera la conjoncture à cette période et comment influera-t-elle sur le comportement des acteurs partisans ? Nul ne peut le dire.
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rnPour le moment, il est intéressant de noter la démarche inédite effectuée la semaine dernière par Modibo Sidibé. Le Premier ministre a tenu à s”entretenir avec le directoire de l”ADP sur les activités et projets du gouvernement. L”effort de concertation vaut d”être initié, mais l”auteur lui-même ne nourrit certainement pas des illusions excessives sur sa portée. En effet, le jeu des relations direction des partis – députés – gouvernement, tel qu”il se pratique depuis 1992, est complexe. Il est plus dominé par l”indépendance jalouse de chacun des camps vis-à-vis des deux autres que par la volonté d”une solidarité partagée.
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rnUN COMMENTAIRE LACONIQUE –

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C”est d”ailleurs ce que dicte la répartition des rôles entre les trois parties dans un schéma politique classique. Les états-majors politiques inspirent, le gouvernement agit, le parlement accompagne et contrôle. Chacun essaie autant que possible de se préserver l”entière liberté de réagir sur les initiatives des autres. L”écoute et le dialogue sont donc possibles, par contre, la complicité s”avère beaucoup moins évidente à construire. Cela s”était vérifié entre 1992 et 2002. La direction du PASJ n”exerçait qu”une influence limitée sur son groupe parlementaire, qui lui-même ne laissait pas échapper une occasion pour chercher noise au gouvernement, lequel se plaignait de la faiblesse du soutien que lui apportait le parlement dans la gestion des questions les plus délicates. En outre, et pour bien souligner la relation particulière qui existe entre les directions politiques et le parlement, rappelons que c”est bien à l”Assemblée nationale qu”ont été consacrés les deux derniers schismes encaissés par le PASJ avec la création du RPM, puis de l”URD.
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rnDe fait, il n”y a eu – à notre souvenir – qu”une seule occasion où la symbiose fut entière et active entre les trois entités. Ce fut en février 1994 quand les alliés politiques du PASJ, lassés des mauvaises manières de leur trop puissant compagnon adémiste et peu désireux de s”embarquer dans la gestion sociale de la dévaluation du franc CFA, sortirent du gouvernement de base politique élargie. Abandonnés à eux-mêmes, les Rouges et blancs avaient alors fait bloc avec beaucoup de combativité autour de l”équipe gouvernementale de Ibrahim B. Keïta.
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rnAujourd”hui, mise à part la conjoncture économique difficile (mais beaucoup moins qu”alors), aucune contrainte pressante ne pousse vraiment à la constitution d”une union sacrée. C”est pourquoi il convient de recadrer le rendez-vous à la Primature. L”initiative du P.M. innove incontestablement par rapport au consensus en créant un nouvel espace d”échanges. Cependant le commentaire laconique de Dioncounda Traoré, président du Directoire, sur l”usage qui pourrait être fait de cet espace indique clairement l”efficacité restreinte de celui-ci. Mais, répétons-le, cette réserve n”est pas dommageable pour l”action gouvernementale, car d”une certaine manière elle évite la confusion des genres.
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rnLe cordon de sécurité que pourrait dresser l”Alliance n”aura son utilité pour le gouvernement que dans des situations extrêmes lorsque l”Exécutif aura besoin de relais politiques loyaux pour affronter une passe particulièrement critique. Il faudrait donc attendre que survienne une de ces circonstances exceptionnelles pour mesurer la solidité et la sincérité de l”articulation gouvernement – ADP. Entre-temps la gestion des situations usuelles – adoption de la Déclaration de politique générale, vote des lois – n”appelle pas de mobilisation particulière des alliés. Et ne délivrera donc pas de diagnostic significatif sur l”efficacité réelle du tandem.
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rnG. DRABO
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