L’agression et les options militaire, diplomatique et juridictionnelle

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Le Gouvernement du Mali s’est appuyé sur les déclarations du Porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, Andriy Yusov, et de l’Ambassadeur de l’Ukraine au Sénégal, Yurii Pyvovarov, qui ont avoué et soutenu « l’implication de l’Ukraine » dans la bataille de Tinzaouatene, ayant entraîné la mort d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité maliennes, ainsi que des dégâts matériels, pour conclure en la véracité de cette version des faits (participation ukrainienne). On ne peut que lui en concéder.

Ne disposer que de ces déclarations comme seules pièces à conviction à la disposition du gouvernement pour établir les faits, asseoir sa crédibilité dans ces faits, dénote d’un déficit, sinon d’un manque de renseignement de nos FAMa lors de cette offensive militaire. Or, sans les renseignements nécessaires, il est difficile par la seule bravoure, de gagner une guerre d’une telle ampleur contre le terrorisme.

En l’absence de démenti encore moins de condamnation des propos du Porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire et de l’Ambassadeur d’Ukraine au Sénégal, de la part des autorités ukrainiennes, le gouvernement malien, sans autre forme de procès, en déduit d’un « clair soutien officiel du Gouvernement ukrainien au terrorisme en Afrique, au Sahel et plus précisément au Mali ». Que faire d’autre, s’il s’avère impossible d’établir un dialogue entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba ? Encore moins entre le président malien, colonel Assimi Goïta, et l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, ce dernier, bras armé de l’impérialisme occidental est en guerre contre la Russie, amie du Mali.

La diplomatie adoucit les mœurs

De l’établissement des faits d’implication ukrainienne à Tinzaouatene, à la déduction du soutien officiel du Gouvernement ukrainien au terrorisme au Mali, le gouvernement malien est resté prudent sur sa mesure de riposte à l’agression contre les soldats maliens. La diplomatie adoucit les mœurs, est-on tenté d’observer : au lieu de prendre prétexte d’un casus belli, d’intrusion de troupes étrangères sur le territoire malien, d’agression contre les soldats maliens causant des morts, le gouvernement malien a su raison garder en décidant d’une rupture des relations diplomatiques avec l’Ukraine, malgré son constat fait de «l’agression caractérisée du Mali».

La rupture des relations diplomatiques prônée parait le moindre mal eu égard à la gravité de la situation. Il s’agit d’une réponse diplomatique, à la différence d’une déclaration de guerre, pour laquelle seul le peuple malien peut donner sa caution à travers ses représentants. « Les actes posés par les autorités ukrainiennes violent la souveraineté du Mali, dépassent le cadre de l’ingérence étrangère, déjà condamnable en soi, et constituent une agression caractérisée du Mali et un soutien au terrorisme international, en violation flagrante du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies », précise le gouvernement malien à travers un communiqué lu à la télévision nationale, le 04 août 2024, par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, Colonel Abdoulaye MAÏGA.

La Charte de l’Organisation des Nations-Unies définit l’agression comme suit : « L’agression armée entre Etats au sens de la Charte des Nations Unies est une rupture de la paix internationale, dirigée notamment contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un Etat, lorsque la force armée est utilisée dans un intérêt et dans des conditions non autorisées par la Charte ». Ainsi, dans le cas d’une agression avérée, les réponses qui s’offrent peuvent être aussi bien militaires, par la légitime défense, diplomatiques (rupture des relations et autres), que juridictionnelles par la saisine des juridictions nationales (cas de complicités internes) et internationales compétentes prévues par la charte des Nations-Unies.
Le gouvernement malien, après la décision de rupture, a préconisé « la saisine des autorités judiciaires compétentes, suite aux propos de Messieurs Andriy Yusov et Yurii Pyvovarov qui constituent des actes de terrorisme et d’apologie du terrorisme », sans préjudice de la « prise de mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali à partir d’Etats africains, notamment à partir d’Ambassades ukrainiennes installées dans la sous-région ».

B. Daou

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