-Le Président de la Cour : Monsieur le chef de famille, vos arguments sont assez séduisants, mais pas tout à fait convaincants. En effet, cet Etat fautif dont vous parlez, ce sont les ‘’produits’’ de la famille qui l’animent et le dirigent. Ses acteurs, c’est vous qui les avez éduqués. C’est donc vous qui êtes responsable de leur comportement.
-Le Chef de famille : Je n’en disconviens pas, Votre Honneur. J’ai simplement voulu attirer votre attention sur la complexité d’un phénomène. L’éducation d’un enfant, c’est d’abord la famille, ensuite le Carré, le quartier, puis l’institution école, plus tous ces facteurs extérieurs qui agissent sur lui. La bonne éducation ne peut donc s’obtenir qu’en agissant à la foi sur tous les leviers. Cela dit, le chef de famille que je suis, assume toute sa part dans le chaos qui s’est installé. J’en tirerai toutes les conséquences, avec l’espoir bien entendu, que les autres segments de la société, y compris l’Etat régulateur, jouent leur partition. Je vous remercie, Votre Honneur.
-Le Président de la Cour : La Cour prend acte de votre déclaration et de la sagesse de vos propos. L’audience est suspendue. Elle reprendra lundi, comme toujours à sept heures trente.
C’est à cet instant seulement que la foule, venue assister à ce procès aussi historique qu’étrange, commença à se disperser. Tout comme s’engagèrent des conversations nourries, parfois même entre inconnus : « Mais qui a porté plainte contre les chefs de famille ? si comme ça, personne ne sera épargné, à commencer par les juges eux-mêmes… ». Partout s’animaient des conversations. Les gens avaient hâte de vieillir de deux jours. Pour être au lundi et être de ceux qui auront la chance d’assister à ce jugement hors du commun.
On comptait, parmi la foule de curieux, des gens de toutes catégories sociales (chômeurs, étudiants, fonctionnaires, religieux, ménagères, militaires, etc.) venus d’ailleurs. « A qui le tour ? », murmurait-on ici et là. Puis arriva lundi tant attendu. A suivre…
S.H