La volte-face des militaires réduit Dioncounda à un rôle de pantin

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Tout le monde avait remarqué et applaudi le ton neuf apporté par Dioncounda Traoré dans la relation entre le Mali et la CEDEAO au bord de la rupture lorsque Dr Cheikh Modibo Diarra tenait les commandes de l’Etat avec la double casquette de Premier ministre de « pleins pouvoirs » et de président de la République intérimaire. On en était  à un ultimatum fixé au 31 Juillet 2012 au terme duquel le gouvernement d’union nationale, prévu dans l’Accord-cadre du 6 avril précédant, devait être mis en place, faute de quoi le Mali serait suspendu de toutes les activités de l’organisation sous régionale. Dr Cheikh Modibo Diarra ne se trouvait pas dans la salle où cette décision  avait été prise à Ouagadougou, le 7 Juillet. Une double explication possible : soit il n’avait pas reçu le carton d’invitation pour participer à la deuxième réunion du Groupe de contact de la CEDEAO sur le Mali, qui se tenait à cette date-là, soit il avait choisi de la boudé.

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant

Revenu de son exil médical parisien de deux mois, grâce surtout aux sollicitations pressantes de la CEDEAO( ses adversaires les plus déterminés ne cachaient pas leur souhait de le voir finir ses jours sur les bords de la Seine ) Dioncounda aura pour elle  des mots de remerciement très forts et l’assurera de sa disponibilité entière à travailler avec elle pour libérer « très rapidement » le Nord du Mali alors que l’ex-navigateur interplanétaire n’écartait pas l’hypothèse d’un embourbement (ensablement conviendrait mieux à la situation ) sur « dix ans » comme c’est le cas en Afghanistan avec les forces alliées de l’OTAN. Pour faciliter les échanges et renforcer la confiance  rétablie  avec Bamako, l’Organisation ouest africaine  prendra soin de  nommer un haut représentant auprès du président de la transition malienne.

Malgré cette précaution supplémentaire, la requête que Dioncounda a fait  parvenir à Alassane Ouattara  pour aider le Mali à reconquérir son septentrion a bien failli ne pas aboutir. En effet, celle-ci déclare « sans objet » un déploiement des troupes ouest africaines à Bamako et les confine à un rôle de gendarme « dans les villes reconquises » par l’armée malienne. Des chefs d’Etat ont perçu derrière cette décision la main des militaires qui avaient affirmé, plus d’une fois, que « pas un soldat de la CEDEAO ne mettra les pieds à Bamako » et que « le nord du Mali sera prioritairement libéré par l’armée malienne elle-même » à condition que soient mis à sa disposition le matériel et la logistique dont elle a besoin. Un plaidoyer qui n’a pas emporté leur conviction. Cas du président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise, qui a estimé, la semaine dernière à Paris où il séjournait, que les réserves formulées par Bamako ne garantissent pas l’efficacité d’une intervention militaire de la CEDEAO.

Conséquence :celle-ci a notifié, le 20 septembre, à Dioncounda Traoré qu’elle renonçait  à l’intervention militaire envisagée si un terrain d’entente n’était pas trouvé entre les deux parties. Une réponse qui a désarçonné le président intérimaire au point qu’il s’est  gardé de l’évoquer dans son message à la Nation prononcé le lendemain 21 septembre et qu’il ait cru devoir trouver le salut du Mali dans « le dialogue et la négociation » d’où la litanie que  ces deux  mots lui ont inspirée et qui traduit bien plus sa désespérance que sa foi.

Dioncounda sait, en effet, qu’aucune paix n’est possible avec les salafistes  qui y mettent comme prix l’application  de la charia dans  tout le territoire national. Ils l’ont répété encore au lendemain de son discours. Voici donc le Mali sommé de choisir entre une république laïque (où toutes les religions s’exercent librement, restent l’affaire des seuls citoyens et en dehors de toute interférence de l’Etat) démocratique et respectueuse des droits humains tels que définis par les conventions internationales et un Etat dont l’unique source de droit est la charia.

Les Maliens qui, dans leur majorité, ont pris goût à la démocratie et à ses retombées non négligeables, au cours des vingt années passées, ne sont pas prêts  à l’échanger contre un système obscurantiste, importé d’une autre époque et difficilement adaptable à leur environnement actuel. La communauté internationale, qui fait vivre le Mali par ses largesses et ses investissements, n’est sûrement pas disposée à cautionner et faire prospérer un système aussi rétrograde et déshumanisant.

Les militaires, qui détiennent la réalité du pouvoir, ont compris, eux aussi, que la fin de non-recevoir opposée par la CEDEAO à la requête qui lui a été présentée, conduirait le pays à une situation pire que celle qu’il connait actuellement. Sans la CEDEAO, il ne peut tenter l’aventure militaire en solitaire. Il ne peut compter non plus sur l’aide des partenaires internationaux qui l’écouteront poliment sans poser le moindre geste. C’est pourquoi, l’espace de quelques heures, ils ont fait volte-face, tourné casaque. Eux qui avaient fait écrire dans la requête à la CEDEAO que des troupes communautaires combattantes ne seront pas déployées sur le sol malien  acceptent  désormais que ce soit le cas. Le quartier général (QG) du contingent sera installé à Bamako, de même que la base logistique. Ce qui préfigure bien le déploiement sur le terrain. On peut comprendre que ce  déploiement se fasse hors de Bamako,  non pas pour éviter la colère des populations comme l’a prétendu le ministre de la Défense, le colonel major Yamoussa Camara, mais probablement pour épargner aux militaires maliens ce qu’ils croient être une humiliation de plus.

En recevant dimanche le ministre Ivoirien de la Défense, Joseph Koffi Koffi, Dioncounda affichait  un air  contrarié. Il n’est jamais agréable, en effet, d’assumer un acte aujourd’hui et son contraire demain. Cela projette de la personne concernée une image de pantin. Mais l’essentiel est que le Mali soit sauvé des détracteurs de la CEDEAO qui ne sont pas forcément ceux qui servent le mieux ses intérêts. Loin s’en faut.

Saouti  HAIDARA       

 

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9 COMMENTAIRES

  1. Sanogo a fait signé un papier à Dioncouda comme quoi il acceptait les troupes de la CEDEAO à Bamako si on l’assurait de ne pas l’envoyer dans le Nord

  2. Saluting JE m excuse El hadji mon poet du lycee Askia JE suis tres heureux de te Renoir comme JE t si connubial en 1968 mordant lucide. JE suis tres content pour Toni ta sante. Que DIEU te protege contre les vampires du Mali a savior le 1er ministre inconscient des dangers ou son pouvoir vault plus que le nord du Mali , les MEMBRES du cndre ses apatrides au nonm de leurs interets veulent mettre le Mali en coupe de champagne pour se goinfrer d alcool et se liver a des debauches se taper les femmes Qu Ils ne pensaient meme pas VoIr en reve.
    Ce sont ses fuyards qui vont liver le Mali ? Mon oeil Que dieu protège le. Mali . Courage mon pote

  3. La nuance qu’il faut apporter à cette analyse, c’est que les militaires de la CEDEAO se feront discrets, probablement vers l’aéroport, pour NE PAS EFFRAYER NOS BRAVES MILITAIRES REFUGIES A KATI, rien de plus. Sinon, les autres militaires seront obligés d’aller au front avec les soldats de la CEDEAO qui les couvriront. La plus grave erreur serait d’oublier les milices d’autodéfense qu’on a trop souvent tendance à confondre avec les milices anarchiques. Comment les centaines de villes et de villages de la ligne de front seront protégés contre LES EXACTIONS DES BANDITS ARMES QUI ONT CHOISI COMME STRATEGIE, LE HARCELEMENT DE TOUTES LES ZONES DEGARNIES, DE KAYES A ANSONGO ET KIDAL ? Bien sûr qu’il ne faut pas encourager les milices anarchiques, elles doivent simplement être encadrées, mais SUREMENT PAS ËTRE DETRUITES. TOUTES LES ARMEES DE LA CEDEAO REUNIES NE POURRONT PAS PROTEGER TOUS LES VILLAGES ET VILLES DE LA LIGNE DE FRONT. BREF, IL EST PLUS QU’INDISPENSABLE D’AVOIR SUR LA LIGNE DE FRONT DES BRIGADES D’AUTODEFENSE DE FILLES ET DE GARCONS RECRUTES, ENCOURAGES, ARMES ET SUPERVISES PAR L’ARMEE MALIENNE. Et surtout ces malheureux six mois nous prouvent, s’il en est besoin, QU’IL FAILLE MAINTENANT PERENNISER LE SYSTEME DE BRIGADE D’AUTODEFENSE qui comme son nom l’indique n’a pas de mandat offensif et reste soluble dans la population civile.

    • Raison pourlaquelle nos militaires voulaient plus de moyens surtout de moyens aériens afin de frapper fort ces bandits très mobiles et nombreux;

  4. Dans d’autres cieux la politique construit un pays, mais chez nous elle l’a détruit par la faute des politiciens.Faire la politique pour la cité c’est dans d’autres cieux, mais au Mali on fait la politique pour ses intérêts personnels et sordides.

  5. Tout cela est beau, mais le Maliba est le plus beau, cependant des termites l’ont rongé pendant 20 ans. Hélas, mettons les pieds sur terre et partons sur de nouvelles bases.

  6. Valeureux Saouti, mais la requête n’est certainement pas de Dioncounda quoique signée par lui mais du CNDRE…………..tout cela pour accepter ce que vous avez refuser ily a six mois, dommage… l’amateurisme quant tu nous tiens..
    Donc en résumé:
    1. Le CNDRE (branche armée et politique)nous a fait perdre du temps et devrons répondre pour les multiples applications de la charia.
    2. Le Premier ministre est complice et devra répondre aussi.
    3. Dissolution des partis politiques ayant soutenus le putsch (branche politique du CNDRE.
    4. Interdiction de pratique politiques aux Hommes politiques ayant soutenus le putsch
    Il faut apprendre la politique avant de vouloir gérer un pays… et cela depuis. Aucune solution miracle n’existe………..

    • SEGUKA Vous êtes malhonnetes vous confondeZ les negocier et accepter tout.Il fallait du temps pour que les politicards se calment et surtout que la CEDEAO qui avait fait une resolution sans le mali se rende compte enfin que c’est le Mali qui doit faire la demande.

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