La France a spolié l’Afrique

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En 1857, Louis Faidherbe, gouverneur général de l’Afrique occidentale française, confronté aux besoins engendrés par la colonisation, créa le corps des tirailleurs sénégalais par décret signé le 21 juillet 1857 par Napoléon III. Ce corps est constitué d’esclaves, de prisonniers et de volontaires d”origines diverses.

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A la fin de la guerre franco allemande de 1870, et en pleine préparation de la guerre 1914-1918, la France face au manque cruel de soldat exprima son besoin urgent de trouver des combattants à enrôler afin de tenir tête aux allemands

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 Les représentants de l’autorité française en Afrique enrôlèrent rapidement plusieurs milliers de volontaires recrutés dans un style colonial classique. Des révoltes en pays bambara éclatent contre l’enrôlement forcé et durèrent 6 mois de Juin 1915 à novembre 1915. D’autres révoltes furent décrites ailleurs en Afrique et seront durement réprimées par la France dont l’artillerie n’hésita pas à tirer sur des villages africains provocant ainsi la mort de plusieurs milliers de civils, qui ont refusé de se rendre.

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Les multiples mutineries furent toutes écrasées par le colon et camouflés afin d’éviter d’amplifier la propagande allemande selon laquelle la France faisait venir des barbares d’Afrique pour renforcer les fronts européens.

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Les tirailleurs offerts par les territoires africains ralliés à la France libre vont constituer les Bataillons de Marche de la 1re division française libre. Les Tirailleurs sénégalais du BM 2 s”illustrèrent sur plusieurs fronts.

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Entre 1914 et 1918,  520 000 soldats coloniaux avaient participé à la guerre. En  1940, ils  étaient déjà

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127 320 tirailleurs d’A.O.F, 15 500 d’A.E.F., 34 000 de Madagascar.

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Au cours de toute la seconde guerre, les colonies constituaient les réservoirs d’hommes de l’armée française. Des centaines de milliers d”africains du nord, d”Afrique noire et d’asiatiques participèrent  à la deuxième guerre mondiale sur des théâtres d’opération aussi variés que la Libye, l’Italie, la Normandie, l’Allemagne, le Moyen Orient, l’Indochine, la Birmanie, etc.. Par sécurité, les réserves de la Banque de France avaient été repliées et entreposées à Kayes au Mali.

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A l”aube du 15 août 1944,  750 commandos originaires d’Afrique furent les premiers à prendre pieds sur les rivages de la méditerranée, une image que l’on ne voit point au cours du débarquement dans le film "le jour le plus long". Ils sont les premiers libérateurs à débarquer sur ce rivage que certains d”entre eux abordent pour la première fois. Ils constituaient le fer de lance de l”opération "Dragon" .

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Les effectifs dans l”armée d”Afrique au cours de la Première Guerre mondiale, s”élèvent à environ 1000 000 d”hommes dont 550 000 indigènes ayant combattu en Europe : 175 000 Algériens dont 35 000 tués ou disparus, 40 000 Marocains dont 12.000 tués ou disparus, 80 000 Tunisiens dont 21 000 tués ou disparus, 180 000 Africains noirs dont 25 000 tués ou disparus, 41 000 Malgaches dont 2 500 tués ou disparus.

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Pour la Seconde Guerre mondiale, En 1940 les effectifs des troupes coloniales étaient 250 000 hommes. En 1945, sur un total de 520 000 hommes, on compte alors 134 000 Algériens, 73 000 Marocains, 26 000 Tunisiens et 92 000 ressortissants d”Afrique noire. Le sang africain a arrosé le sol français.

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En 1958, lorsque le général De Gaule arrive au pouvoir, il   pressentait déjà l’irréversibilité des indépendances  face à la détermination des hommes politiques africains. Il   chargea Jaques Foccart son « Monsieur Afrique » de mettre en place des structures permettant à la France de maintenir les colonies dans une forme de dépendance post coloniale. La domination n’était pas politique, économique, militaire et culturelle, elle était une forme de feodation totale à la France.
rnCette domination incontestée de la France sur ses anciennes colonies d’Afrique ne s’est jamais atténuée. La France est toujours présente en Afrique où elle fait et défait, décide impose    et guide, pilote dirige et oriente selon ses intérêts, sa stratégie sa politique « africaine ». Les termes colonisation, France d’outre mer etc ont laissé la place à des expressions plus nuancées comme : coopération bilatérale, partenariat, France-afrique etc…Ainsi donc, le nouveau mode d’organisation choquera moins les esprits car moins   visible, et plus doux. Les ambassadeurs français étaient plutôt ses gouverneurs en Afrique et les décisions arrivaient toujours de Paris.

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La France n”a jamais cessé d”exploiter l”Afrique depuis la traite négrière. Au XVIIème siècle, ses comptoirs se comptaient par dizaines et ses incursions au cœur de l’Afrique ont spolié celle-ci de sa jeunesse, de ses femmes, de ses hommes valides. La France nous a inculqué la peur, le complexe d’infériorité le tremblement l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme comme disait Aimé Césaire.  

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Le 25 septembre 2001, dans un discours prononcé à l’Elysée à l’occasion de la première Journée d’Hommage National aux Harkis le Président Jaques Chirac déclarait  « Notre premier devoir, c’est la vérité. Les anciens des forces supplétives, les Harkis et leurs familles, ont été les victimes d’une terrible tragédie. Les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l’empreinte irréparable de la barbarie. Ils doivent être reconnus.
rn« La France, en quittant le sol algérien, n’a pas su les empêcher. Elle n’a pas su sauver ses enfants.
rn« Les Harkis ne sauraient demeurer les oubliés d’une histoire enfouie. Ils doivent désormais prendre toute leur place dans notre mémoire.
rn« La mission des historiens doit se poursuivre. Elle doit être menée avec conscience et impartialité. La connaissance du passé, parce qu’elle permet de rendre justice aux victimes de l’histoire ne peut que servir l’approfondissement de notre concorde nationale.
rn« Ce devoir de vérité trouve son prolongement naturel dans un devoir de reconnaissance. »

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En Algérie 200 000 musulmans français d’origine algérienne ont combattu dans les rangs de l’armée française Ils furent les malheureuses victimes des accords d’Evian, abandonnés à la merci des combattants de l’Algérie indépendante : Ils sont 61 000 harkis au sens propre (membres des « harkas », groupes militaires supplétifs), 62 000 GAD (groupes d’autodéfense constitués de civils volontaires), 19 000 moghaznis (dont la mission était de protéger les 700 sections administratives spécialisées – SAS), 8 600 GMS (groupes mobiles de sécurité recrutés essentiellement parmi les anciens combattants musulmans) et

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2 270 sentinelles. Soit près de 153 000 hommes. Auxquels s’ajoutaient environ 50 000 élus et fonctionnaires musulmans. 

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Oui, les historiens doivent écrire l’histoire, la vraie. Ils doivent étayer la vérité historique entretenir la mémoire collective car comme disait un grand homme africain Monsieur Boubou Hama du Niger « … tout ce qui a été demeure car le présent n’épuise ni le passé ni l’avenir….. Dans notre présent grouille tout le passé la totalité de ce celui-ci ayant traversé des présents successifs qui ont tissé dans l’espace et le temps la trame de notre destin… »

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 Au plan humain la discrimination raciale en Europe à l’encontre de ceux dont les pères ont libéré la France se vit au quotidien. Ils sont traités de racaille, de vermine lorsque devant les frustrations, les humiliations et la provocation ils tentent dans un effort désespéré de s’affirmer. Le taux de chômage dans le milieu immigré avoisine les 40 %. La discrimination touche jusqu”à 30 ou 50% des élèves d”origine étrangère.

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Les africains de France vivent dans une situation d’apartheid pure et dure se traduisant par un malaise social, une injustice flagrante, la stigmatisation affichée et le mépris des jeunes de banlieues, et des travailleurs immigrés qui peinent nuit et jour pour la France.

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Pour corser le tout voila que Monsieur Sarkosy nous propose le test ADN une pratique médicale érigée en moyen d’identification. Est – ce là l’expression de l’amitié de la France, ou son souci de vouloir contribuer au développement de l’Afrique ? J’en doute fort. 

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Sur le plan économique et financier :

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Créée en 1948 pour permettre à la France de contrôler le destin de ses 14 colonies (le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d”Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la Guinée Bissau et le Tchad), le franc cfa a maintenu incontestablement l’Afrique dans une dépendance totale de la France. En échange de la garantie française les pays africains ont accepté de déposer 65% de leurs réserves de devises étrangères sur un compte du ministère des finances français. Ils ont accordé un droit de veto à la France sur toute la politique monétaire de la zone franc.

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La dévaluation du franc cfa de 50% en 1994 a provoqué la privatisation des sociétés publique sous l’œil bienveillant du FMI et de la Banque mondiale. Les secteurs de l”énergie, des télécommunications, de l”eau et des banques ont été liquidés aux entreprises occidentales.

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Le partenariat France-Afrique a provoqué tout simplement un déficit du marché africain, un taux d’intérêt élevé, la fuite des capitaux, le cumul des dettes le manque d’investissement et le ralentissement du développement de l’Afrique (éducation santé production alimentaire logement et industrie).

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La France elle s’en tire bien avec la part du lion, grâce à son influence politique la présence militaire la mainmise sur les politiques africaine et le maintien des dictatures au service de la France.

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La France et l’Europe ont vidé l’Afrique de sa sève. Ils ont tué, asservi, vendu, exploité. Ils ont importé, imposé façonné, gommé, mais ils n’ont jamais pu effacer, deculturaliser, dépersonnaliser l’africain, car l’Afrique ne meurt pas. L’africain est ce bel athlète, ce bûcheron, cet homme de Dieu, ce producteur, cet industriel cet homme de science et de connaissance, cet homme d’histoire qui crée, innove, transforme enrichit le monde. Il est le dirigeant, l’homme politique libéré des carcans de la répétition de la décalcomanie.  

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En Afrique, la colonisation est bien responsable des guerres sanglantes qu’elle a dans plusieurs cas provoquées entretenues,ou tout simplement  ignorées. Elle a une part de responsabilité historique dans les génocides sur le continent. L’exemple du Rwanda est frappant. Oui la France crée les dictateurs et les entretient, puis les ecrase, lorsqu’ils ne sont plus utiles. Pour les plus chanceux, elle obtient un droit d’asile dans un pays ami ou chez elle. Point n’est besoin d’en citer. Elle  punit les braves et les héros (Sankara, Lumumba etc..). Elle déroule le tapis rouge pour ses roitelets. 

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Monsieur Sarkozy disait au cours de sa campagne  « Je vais rendre aux Français la fierté de la France. Je vais en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine de l’autre. »  Je voudrai dire Monsieur le Président de la France qu”Une haine n’est jamais feinte. Elle est l’expression, la résultante d’un comportement d’une attitude de l’autre, son mépris de l’Afrique et des africains. Elle est l’expression de plusieurs siècles de servitude, d’exploitation de soumission, et finalement d’abandon. Quant à la repentance, elle est plutôt une reconnaissance de ses torts et un soulagement de la conscience.

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Dans son discours à Dakar , en plus des contradictions relevées, Monsieur le Président se confond  lourdement lorsqu”il  déclare je cite « C’est en puisant dans l’imaginaire africain que vous ont légué vos ancêtres, c’est en puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans ces formes qui, depuis l’aube des temps, se transmettent et s’enrichissent de génération en génération que vous trouverez l’imagination et la force de vous inventer un avenir qui vous soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre, où vous vous sentirez enfin libres, libres, jeunes d’Afrique d’être vous-mêmes, libre de décider par vous-mêmes. »

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Il ajoute ensuite, je cite « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.

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Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.

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Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance.

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Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. »

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Quel paradoxe ! Monsieur Sarkozy ! Notre passé que vous qualifiez de tremplin tantôt, de source est celui-là même que vous accusez de vouloir nous maintenir dans un perpétuel recommencement et nous empêcher de voir l’avenir.  

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La réalité africaine  comme s”amuse à le répéter Monsieur Sarkozy, c’est une croissance économique trop faible trop dépendante de l’aide extérieure, de la dette extérieure, du FMI et de la banque mondiale.

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La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère conséquence des guerres et des conflits entretenus par l’Occident, par la vente d’armes, de soutien militaire, financier, de maintien des dictatures.

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La réalité de l’Afrique, c’est le sous développement provoqué par une trop forte inflation,  c’est l’achat à pris dérisoire des produits de l’Afrique ( fer, cacao, or, coton, uranium , phosphate, bananes cobalt, arachide, bois etc..)

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La réalité de l’Afrique, c’est les vieilles routes, les infrastructures vieillottes héritées du colon, les ponts chancelants les écoles en décrépitude les hôpitaux-mouroirs,  que nous a légué l’Occident. 

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 La réalité de l’Afrique, c’est enfin  l’exploitation de son énergie, de ses richesses de ses cerveaux  et de sa naïveté par un Occident plus soucieux de son intérêt que des préoccupations réelles des africains.

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La colonisation a empêché toute forme de développement de l’Afrique. Le poids de la dette a maintenu et renforcé la dépendance économique. Les indépendances ne sont que des leurres. Aujourd’hui, les peuples africains ne disposent d’aucune souveraineté et les décisions qui concernent l’Afrique sont prises dans les grandes capitales occidentales. Qui ne tire pas les leçons de son passé est appelé à refaire les mêmes erreurs. La présence de la France a causé des ravages et a pillé les richesses du continent. La dette extérieure, la politique d’ajustement structurel et la mauvaise répartition des richesses ont été et sont encore des causes du sous développement de notre continent.

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Seulement, Monsieur le Président de la France, l’Afrique aujourd’hui renaît. Elle redevient un pôle d’intérêt pour les USA, le Canada et les nouvelles puissances économiques d’Asie. La France paniquée  et  dans la peur de se sentir déposséder de « son Afrique », son grenier, se débat, discute, propose aux Etats unis d’Amérique, approche  la chine et le japon, renforce l’axe Paris-Berlin et anime l’Europe.

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L’Afrique avec son pétrole, son manganèse (Gabon, Mauritanie, Mali, Niger), son uranium (Niger), son coton (Mali Burkina Faso), son or (Mali), son café et son bois (Gabon, Côte d’ivoire, Angola) son fer son poisson (Mauritanie) son arachide (Sénégal)  est un puissant marché qui renaît et séduit.

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La France trop habituée à imposer, ordonner, à décider à la place des africains s’inquiète et nous chante l’Afrique à Dakar, mais le ton est faux et la gamme ratée. Les cadres africains conscients de leurs compétences, armés d’un savoir-faire arraché de haute lutte et les nouvelles démocraties aidant, savent désormais à qui vendre nos richesses, nos produits, nos compétences. Les dictateurs africains meurent un à un emportés par la maladie dans un lit d’hôpital en Europe ou ailleurs (ils ne meurent jamais en Afrique!) et de nouvelles élites voient le jour. Des hommes nouveaux conscients responsables et probes parlent désormais pour l’Afrique, oui ; l’Afrique, notre Afrique,  cet arbre la-bàs splendidement jeune planté au milieu des fleurs blanches et fanées… qui pousse patiemment obstinément et dont les fruits ont peu à peu l’amère saveur de la liberté.

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Mohamed Ould Sidi Mohamed

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Nouakchott Mauritanie

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Tél 00 222 622 31 36 [email protected]

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