La fièvre revendicative ou vindicative ?

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Au Centre, la coupe est pleine, trop pleine et déborde. L’augmentation du nombre de personnes déplacées internes, se situant à 207 751 et la présence de 140 800 réfugiés maliens dans trois pays d’asile, à savoir le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger, au 31 janvier 2020, est établie de sources officielles.

De même, il serait superfétatoire d’évoquer les greniers, le cheptel des populations du Centre brûlés à chaque attaque terroriste.

Les faits sont constants et abominables : les jihadistes continuent d’aller racler les fonds de grenier et ce ne sont pas quelques misérables tonnes de céréales dont une bonne partie se volatilise avant la destination finale qui soulageront les gargouillements des ventres qui crient famine.

Ainsi, les populations martyres crient à gorge déployée leur rage, leur désespoir, leur angoisse, relève de la logique. Une nouvelle poussée de fièvre revendicative et probablement vindicative se fait alors jour, à travers les manifestations à Bamako et au Centre. Une défiance s’est déployée à grande vitesse née dans les insatisfactions de toutes sortes : insécurités alimentaire, physique, impertinence…

Peut-être que le PM a réussi le tour de force de démanteler les check-points tenus par le Groupe d’autodéfense Dan Ambassagou, avec le soutien de la MINUSMA qui endosse une nouvelle fois son manteau de pondérateur des humeurs, parce qu’autrement ce serait le fiasco assuré comme le 7 juillet 2018, quand l’armée malienne a tenté, sans succès, de désarmer la milice à Kanou Kombolé, et quand sa dissolution non suivie d’effet a été prononcée, le 24 mars 2019, par le Conseil des ministres. La mesure impopulaire, sélective, si ce n’est vindicative provoque l’explosion finale des peurs, le délire généralisé, comme on a pu le constater ces derniers jours. Ne s’agit-il pas d’ailleurs d’un ripolinage balourd inspiré d’une inculture mâtinée de dogmatisme, source de nouveaux délires ?

Mais, la frugalité de l’engagement militaire et la modicité ses résultats jusque-là engrangés sur le plan militaire auraient dû détourner le PM de la tyrannie de l’affirmation de l’autorité de l’État. Parce que, un gestionnaire de crise, c’est ce dont le pays a vraiment besoin ; pas un hiérarque qui en rajoute à la crise par condescendance ou simplement par ilotisme. Il ne fait aucun doute qu’il a un trou dans la raquette. Le ruissellement vers le haut n’existe pas. Contre un PM à irresponsabilité illimitée dans ses choix discriminatoires, le retour du jacobinisme centralisateur ; il faut une nouvelle éthique politique. Le dégagisme prôné, et qui semble faire l’unanimité, dès lors, n’est que juste rétribution des bourdes à répétition.

PAR BERTIN DAKOUO

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