L’homme, paix à son âme, mérite les trois qualificatifs si on se réfère à ses 42 ans de pouvoir effectif et sans partage. De 1969 à sa mort, il a régné sur son pays qu’il a tant aimé et chéri. Il a géré de main de maître les richesses, surtout la manne pétrolière de la Lybie. Il a développé son pays et l’a imposé comme une nation qui compte dans le concert des nations du monde. Nationaliste dans la peau, le verbe et le geste, révolutionnaire à fleur de peau, il a remis à la Libye et même l’Afrique toute leur dignité. Panafricaniste, il a réhabilité, un tant soit peu, l’Afrique et s’est battu avec certains de ses pairs, Alpha Oumar Konaré, notamment pour l’Union Africaine même s’ils ont des approches différentes de cette union dont ils ont tous rêvé.
Mais ce héros nationaliste, repenti du panarabisme, vite reconverti au panafricanisme est un homme controversé et introverti. Le colonel, auteur du livre vert, activiste insaisissable de gauche, n’a pas fait que le bonheur des libyens et de ses voisins. Kadhafi supporte peu ou prou la contradiction aussi bien en Libye que de la part de ses pairs. Il a été parrain de plusieurs mouvements terroristes et rebelles notamment dans les pays voisins du Sahel et de l’Afrique Occidentale. L’homme a été un tyran surtout dans ces moments de colère hystérique. C’est cette colère hystérique qui l’a emporté lors des soulèvements de février qui l’ont engagé dans le bras de fer contre une partie de son peuple révolté qualifié de rats à tuer ou à anéantir. Et les puissances occidentales qui ont joué sur son orgueil, sa fierté, sa dignité et ses nerfs à fleur de peau. Ces puissances occidentales avides des richesses et du pétrole libyens et jaloux de la puissance et la notoriété dérangeantes du frère Guide Libyen qui n’hésite pas à humilier ou banaliser l’Occident chaque fois qu’il en a l’opportunité.
Face à son obsession, son intransigeance, son nationalisme jusqu’au-boutiste et son égo condescendant, le CNT s’est appuyé sur la puissance de feu de l’OTAN forte de feu vert de l’ONU. L’armada disproportionnée et la force aérienne extraordinaire déployées par l’OTAN ont fini par venir à bout du Guide et sa famille devenus par la force des choses des résistants. Tant l’intervention de l’Occident n’était pas au prorata des agissements de Kadhafi contre les activistes libyens. Sa résistance et son courage à riposter à l’OTAN et l’Occident qu’il hait ont fini par sa fin tragique et une mort qui en ont fait un martyr.
Le Frère Guide est ainsi mort en martyr faisant oublier quasiment l’autre face du controversé Roi des Rois africains.
Mahamane Hamèye CISSE