En dressant un tableau apocalyptique de la situation au Nord, les compères de circonstance, la CMA et la Plateforme, omettent volontairement des scènes et des rôles d’acteurs, tout en s’affermissant dans la démolition de leur pays. Et l’État doit expier tous les crimes qu’ils ont commis.
Face à l’INTOX de destruction massive, nous vous proposons la DÉSINTOX de construction massive.
Lisez les croustillantes PÉPITES de la semaine.
Les hâbleries
INTOX
La Coordination des mouvements armés (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juillet, dans leur ‘’ Évaluation succincte de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger’’ adressée au Conseil de Sécurité de l’ONU en visite à Bamako, mettent volontairement en évidence : ‘’face aux attentes des populations majoritairement jeunes, les défis sécuritaires complexes (le trafic de drogue, le terrorisme, le trafic de migrants, les prises d’otages, les assassinats ciblés…) sur un territoire aussi vaste (…)’’.
DÉSINTOX
Calmos ! Au Nord comme au Sud, puisqu’on est entraîné de gré ou de force dans cette démarcation superficielle entre les régions d’un même pays, dont on reconnaît ailleurs l’unité nationale, l’intégrité et le caractère laïc et républicain, la population est majoritairement jeune. Selon les données de 2011, la structure par âge donnait 47,3 de la population malienne pour la tranche de 0 à 14 ans. La couche à laquelle font référence les deux alliés dans la malveillance et la manipulation de l’information ne représentent pas une goutte dans l’océan de ces 47 % de la population malienne. S’il y a à s’arracher les cheveux, c’est à l’ensemble de la jeunesse malienne, dont le sort pourrait être à plaindre à juste titre, de le faire.
Le défi sécuritaire lié au trafic de drogue ? ¨Parlons-en, puisque l’occasion se présente.
Un ancien Premier ministre, déplorant le fait que les groupes armés ont investi dans les armes au lieu de payer des moyens de production pour les populations qu’ils prétendent défendre, conclut : « le problème du nord du Mali est plus un problème de narcotrafiquants que de djihadistes ou de séparatistes ».
Pierre Boilley explique : ‘’le commerce est aux mains de quelques grandes familles arabes, ce n’est un secret pour personne. Pour le transport, ils payent les mouvements armés touaregs. Certains combats qui apparaissent comme politiques sont en fait des batailles de narcotrafiquants’’
Selon un connaisseur du Nord-Mali présent à Bamako, la bataille du 22 juillet 2016 pourrait justement être due à « l’énervement de combattants du Gatia responsables d’un convoi de six véhicules chargés de drogue, qu’ils se sont fait voler aux environs de Tinzaouaten », à la frontière de l’Algérie.
‘’Ce jour-là, la colonne du Gatia, composée de quatre ou cinq véhicules, rentrait de mission. Les hommes du HCUA et du MNLA l’ont laissé passer la barrière avant d’ouvrir le feu, raconte Azaz Ag Loudagdad, le président de la Coordination Imghad. Quelques jours plus tôt, il y avait déjà eu des heurts. La situation était tellement tendue que ça s’est tout de suite propagé au reste de la ville’’. Le communiqué conjoint du HCUA et du MNLA présente une version différente : ‘’A la surprise générale, cette colonne du Gatia a fait irruption dans la ville, en tirant des rafales d’armes automatiques dans tous les sens. Nos combattants ont naturellement répliqué’’.
Qui sont ces narcotrafiquants à col blanc ? Ce sont hélas ceux qui crient au scandale du trafic de drogue qui s’avèrent les premiers mafiosi. Il faut donc arrêter d’insulter l’intelligence collective.
Entre nous, quel est l’enjeu de Tabankort, pour que la CMA et la Plateforme cherchent chacune, avec une détermination dépassant tout entendement, à en avoir le contrôle sans partage ? Tous les témoignages concordent : avoir Tabankort, c’est avoir le contrôle sur une route stratégique du trafic de drogue. Cela explique amplement les combats meurtriers et répétitifs entre la CMA et la Plateforme pour en avoir le contrôle, contrairement à tous les bla-bla.
L’insécurité liée au terrorisme ? Il est évident qu’à ce niveau, il faut partager les responsabilités. En effet, l’article 29 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger stipule : ‘’les Parties réitèrent leur engagement à combattre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le crime organisé et le trafic de drogue, y compris à travers les stratégies et mécanismes régionaux existants’’. Que font les Parties des mouvements armés de leur engagement, lorsqu’on sait que certains de leurs éléments se font lyncher par la population pour braquage ?
Par ailleurs, selon des sources bien informées, c’est à Kidal qu’Iyad Ag ghaly a sa base la plus importante. Ce sont ceux qui dénoncent le laxisme de l’État qui vivent en parfaite intelligence avec les hommes de ce chef jihadiste qui leur donnent, au besoin, des coups de main. Une des preuves est la marche soi-disant des femmes et des enfants sur les positions de la MINUSMA au cours de laquelle l’on a entendu des coups de feu d’origine inconnue. Des sources locales ont révélé par la suite qu’il y avait des combattants de Iyad infiltrés parmi les manifestants et qui seraient à l’origine des tirs.
La complicité avec un des plus sanguinaires chefs jihadistes fait-elle partie de l’engagement à combattre le terrorisme sous ses multiples connexions ?
Au sujet des prises d’otages, auxquelles il convient d’ajouter les enlèvements et les séquestrations, les assassinats ciblés, rappelons simplement ce que disait le Communiqué N° 20 de la Plateforme :
COMMUNIQUE N° 20
Les Mouvements de la Plateforme informent le Chef de file de la Médiation Internationale, le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies à Bamako, le Gouvernement de la République du Mali, tous les membres de la Médiation Internationale élargie ainsi que l’opinion Nationale et Internationale d’une série de violences perpétrées par la CMA contre des populations innocentes en violation flagrante de l’Accord de Paix issu du Processus d’Alger. Au nombre de ces actes :
– L’assassinat de Monsieur Ibrahim Souley Maiga, sauvagement assassiné à l’intérieur de sa boutique à Kidal, le Mardi 15 Septembre 2015.
– L’attaque gratuite contre nos positions à Limrare dans la zone d’Inafaragh, le 16 Septembre 2015.
– Les agressions physiques gratuites à Takaloute, Région de Kidal, des sieurs Alhassane Ag Buk, Ibrahim Ag Ikaye, Hamadalamine Ag Mahdi, le 18 Septembre 2015.
– Le retour provocateur et injustifié des éléments de la CMA à Anafis le 18 Septembre 2015.
– La séquestration dans la nuit du 18 au 19 Septembre 2015 de deux individus, en occurrence M’bossi Ag Alhousseyni et Alhadji Ag Alhader par des éléments de la CMA non loin de Anafis, le premier a été sommairement exécuté même si le second a pu s’évader.
– Les humiliations et maltraitances infligées par des éléments de la CMA le 18 Septembre 2015 à Almoustapha Ag Eljimite, Hamine Ag Issa, Badi Ag Achenawa dans la zone Aguelhock avant de les relâcher.
Les Mouvements de la Plateforme rappellent que si aucune disposition n’est prise par la Médiation Internationale pour éviter de tels actes, ils ne pourront demeurer inactifs face à des tels agissements qui sont de nature à mettre en péril le Processus de Paix obtenu grâce aux gigantesques efforts déployés par elle et le Gouvernement ainsi que les multiples sacrifices consentis par la Plateforme pour le préserver.
Les Mouvements de la Plateforme déplorent que de nulle part, ces violations délibérées et répétées par la CMA du cessez-le-feu, n’ont fait l’objet de dénonciation à fortiori de condamnation.
La Plateforme toutefois, demeure ouverte aux discutions avec la Médiation Internationale ainsi qu’avec toutes les parties prenantes au processus et suggère la tenue rapide d’une réunion du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) en vue de prendre en charge ces questions récurrentes qui peuvent dangereusement compromettre le Processus de Paix.
La Plateforme
La CMA de son côté, par le passé, a eu à soulever des griefs similaires mettant en cause la Plateforme.
Comme on peut le constater, ce sont les Mouvements armés qui sont au cœur, en tant qu’artisans, de ce qu’ils présentent comme défis à la Communauté internationale.
L’agneau sacrificiel
INTOX
‘’(…) Le Gouvernement du Mali est en absence totale de volonté politique et d’initiatives cohérentes et consensuelles pour imprimer une nouvelle forme d’État capable d’assurer aux citoyens une gouvernance conformément aux dispositions de l’Accord’’.
DÉSINTOX
Pauvre Gouvernement du Mali ! L’agneau sacrificiel qui doit expier les crimes des narco-jihadistes. L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, n’est-il pas une initiative portée à bout de bras par le Gouvernement quand des lieu-tenants de Iyad Ag Ghaly sabotaient les pourparlers d’Alger, en exigeant le retrait de la mention ‘’laïcité’’ de la Constitution ? Cet Accord, qui a été signé par l’ensemble des Parties, ne prévoit-il pas une nouvelle forme d’État ? Oui ! Le principal obstacle à l’avènement de cette nouvelle forme d’État qui donne des pouvoirs étendus aux Collectivités, ce sont une nouvelle fois les Mouvements armés qui s’opposent à la tenue des élections régionales, locales et communales. Ce, en arguant de subterfuges du genre la décision n’a pas été inclusive ; il faut faire la révision des listes électorales, faire revenir les réfugiées et les personnes déplacées, en sachant pertinemment qu’il s’agit de données dont personne n’est maître. S’il n’y a pas de gouvernance, conformément aux dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issue des élections du 17 décembre, la CMA et la Plateforme seront responsables devant le tribunal de l’histoire et des populations dont elles prétendent défendre les intérêts.
Bien avant la signature de l’Accord, le Président Bourama n’a pas caché son attachement sans faille à la décentralisation poussée, à la régionalisation, question de rendre les Communautés elles-mêmes maîtres de leur destin.
L’Accord n’a fait que conforter cette volonté politique de Ladji Bourama. Dans l’article 1 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les Parties réitèrent leur attachement aux principes ci-après :
‘’b) reconnaissance et promotion de la diversité culturelle et linguistique et valorisation de la contribution de toutes les composantes du peuple malien, particulièrement celle des femmes et des jeunes, à l’œuvre de construction nationale ;
c) prise en charge par les populations de la gestion effective de leurs propres affaires, à travers un système de gouvernance prenant en compte leurs aspirations et leurs besoins spécifiques’’.
Les businessmen de la crise sont sur le point de transformer en cauchemar un espoir de rompre définitivement avec un certain mode de gouvernance qui a fait son temps. La non-tenue des élections serait de ce point de vue un énorme gâchis. Bien sûr, pas pour ceux qui perçoivent mensuellement entre 1,4 et plus de 2,2 millions de francs CFA pour les primes de participation au Comité de suivi de l’Accord (CSA) qui a, de ce fait, de longs jours devant lui.
La valse des
mouvements armés
INTOX
‘’La conséquence logique de cette situation dramatique est la disparition de l’espoir populaire tant suscité par cet accord’’.
DÉSINTOX
Désolé, mais il n’y a aucun lien de causalité à ce niveau. C’est vrai, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a suscité beaucoup d’espoir chez nos compatriotes et chez tous ceux qui se sont précipités au chevet de notre pays quand il était plongé dans le creux de la vague, incapable de s’en sortir tout seul.
Mais ce qui a assassiné l’espoir, si c’est le cas, c’est la valse des Mouvements armés qui ont continué à s’affronter, malgré la signature de l’Accord, continuant à jeter les populations civiles sur les routes de l’exil devenant les premiers facteurs d’insécurité.
Ce qui a tué l’espoir, ce sont les nombreux retournements de veste des Mouvements armés.
Ils font de la mise en place des Autorités intérimaires une priorité pressante. Le moment venu, ils s’emploient à enrayer le processus en s’entredéchirant entre eux. Tout le monde a vu comment un groupe armé a pris Tombouctou en otage ; comment l’Assemblée régionale de Gao a été prise d’assaut par des hommes armés…
Ils font du démarrage du Mécanisme opérationnel de coordination une priorité absolue. À l’heure de passer à l’action, ce sont les listes de leurs combattants qui manquent à l’appel (Il a fallu que le Comité de suivi de l’Accord donne un ultimatum à la CMA pour qu’elle s’exécute).
Il y a toujours un grain de sable dans la machine de l’opérationnalisation du MOC à Kidal et ce n’est pas le Gouvernement qui l’y a introduit.
Ils demandent le retour de l’Administration, la nomination d’un Gouverneur à Kidal donne lieu à toute une scène. On dénonce le manque d’inclusivité dans la décision de nomination qui relève pourtant du pouvoir discrétionnaire de l’État ; on soupçonne le Gouverneur d’être proche de la Plateforme, le frère ennemi de la CMA. En somme, tous les moyens étaient bons pour garder le statu quo.