Intos et désintox: le chantage syndical

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Mali : deux militaires condamnés pour tentative de coup d'Etat
Le président Ibrahim Boubacar Keita ( 2014.@ MIGUEL MEDINA / AFP

La reconnaissance du Président IBK suite aux nombreuses manifestations de sympathie après son opération à Paris ; les manifestations violentes de civils qui ont fait deux morts et des blessés, à Kidal, contre les forces internationales ; les hommages en France aux trois soldats français tués au Nord, ont dominé la manchette des canards cette semaine. Pour autant, des cris stridents d’un front social en ébullition ou d’organisations de la société civile à la solde d’opposants politiques ont percé cette actualité qui est aussi faite d’INTOX. C’est pourquoi nous vous livrons la DETOX. Lisez.

La reconnaissance
Intox
Dans son adresse à la Nation, le Président IBK, depuis Paris où il a été opéré avec succès, a dit : « Je voudrais au sortir de cette pause obligée par la maladie venir m’adresser à vous aujourd’hui en devoir de reconnaissance pour l’immense océan de sympathie, de compassion dont j’ai été l’objet (…) ».

Détox
Indéniablement, l’humanité a prévalu au cœur de cette épreuve vécue par le Président IBK qui a été opéré d’un adénome parathyroïde. Comme il a été donné à tout le monde de le constater, la solidarité, dès l’annonce de la nouvelle, à travers un communiqué de la présidence de la République, a fusé de toute part. Majorité présidentielle, Opposition politique, Organisations de la société civile, Citoyens tout court, personne n’est demeuré indifférent à cette maladie du chef de l’État qui n’était vraiment pas seul. C’est aussi cela le Mali et les Maliens. Du reste, cette vague de sympathie n’est pas sans rappeler l’article 29 de la Constitution du 25 Février 1992 qui dispose : « (…). Il est le gardien de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des traités et accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l’État ».
Mais au-delà de la compassion, de la solidarité avec un homme, il est également indispensable d’accorder une importance particulière à l’union sacrée autour du pays en les moments où il n’est pas au mieux de sa forme. Sur ce plan, il y a assurément du chemin à faire encore avec des réactions de l’Opposition et même de la Société civile tendant à rendre le pays ingouvernable. Cela, autour de questions qui ont pourtant fait l’objet de larges discussions telle celle concernant les autorités intérimaires.

Le péril
Intox
Sur un tout autre plan, en l’occurrence sur le plan sécuritaire, le confrère ‘’L’Indicateur du Renouveau’’ fait un faux étonnement en soulignant : « C’était inimaginable il y a seulement quelque temps : les groupes armés de Kidal se retourner contre les soldats de la mission Onusienne (Minusma) et française (Barkhane) ».

Détox
Le confrère, pas plus que les autres Maliens, ne fait que semblant de s’étonner, tant les éléments de la Coordination des mouvements armés (CMA) savent briller par leur imprévisibilité. Ce qui a donné du fil à retordre à toutes les parties impliquées dans les récentes négociations avec le Gouvernement, dans la perspective de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Cela, sans compter que l’essentiel des Accords antérieurs à celui de mai-juin 2015, a été plombé par leur remise en cause spectaculaire par les groupes armés sur fond de dénonciation calomnieuse. Jamais le Gouvernement n’a été aussi de bonne foi à leurs yeux. Et leurs lobbies ont pris cela pour parole d’évangile. À présent qu’ils sont dans l’œil du cyclone, ils n’ont d’autre choix que d’ouvrir les yeux. Dans leur langue, l’acte d’instrumentalisation de la population civile par la CMA, contre les forces internationales, s’appelle le retour de la manivelle. Les forces internationales devraient savoir les raisons pour lesquelles la présence de l’État à Kidal est l’une des dernières choses souhaitées par la CMA, une présence qui dérange. Barkhane, tout comme la Force de la MINUSMA, en fouinant dans les affaires intérieures de Kidal et en mettant le grappin sur des trafiquants d’armes ou de présumés terroristes, a mis la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les manifestations de femmes et d’enfants sont une arme de dissuasion massive dont ne se privent pas les anciens rebelles toutes les fois qu’ils sont en difficulté. L’armée malienne en sait beaucoup pour en avoir été victime. Or, avec les dernières arrestations, c’est la chaîne du trafic qui est en péril. Les responsables de la CMA n’assisteront certainement pas à sa rupture les bras croisés ; quitte à envoyer des personnes désarmées à l’abattoir.

L’interpellation
Intox
Selon le confrère ‘’L’Indicateur du Renouveau’’ : « François Hollande a présidé hier mercredi 20 avril aux Invalides (à Paris), un hommage national rendu aux trois soldats français tués au Mali. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, était également présent ».

Détox
L’image est forte d’un président malien debout, nonobstant son état de convalescence, rendant hommage à des soldats français qui ont perdu la vie pour la défense de notre Patrie contre les terroristes. Certaines différences de vues sur des questions politiques n’y ont rien fait. Pour le Président IBK, c’était un devoir de reconnaissance auquel il a sacrifié de bon cœur. Cela, au nom de la Nation malienne tout entière. Toutefois, cette reconnaissance restera une profonde interpellation pour nous Maliens qui avons le devoir et l’obligation de défendre, « debout sur les remparts… », le Mali et l’Afrique. La montée en puissance de nos forces armées et de sécurité est un réel motif de satisfaction qui reste encore à parfaire pour relever les défis sécuritaires qui se posent au pays, en acceptant l’appui de nos partenaires.

L’extrémisme
Intox
Le confrère ‘’Le Prétoire’’, rapportant les propos du secrétaire général adjoint de l’UNTM, Maouloud Ben KATTRA, a écrit : « en posant la question au gouvernement du Mali, il vous dira qu’il a fait beaucoup pour l’Untm en augmentant les salaires, le Smig, les allocations familiales. Le gouvernement dira en outre qu’il est en train de faire baisser l’ITS ».

Détox
Le très volubile secrétaire adjoint de l’UNTM égrène un chapelet de points de revendications qui ont fait l’objet de satisfaction. Cela est tout à son honneur. Ce qui l’est moins, est qu’il fait l’impasse totale sur l’incidence financière, sur le budget de l’État, de la réalisation de ces points. Ce n’est pourtant pas faute de la connaître en tant que N° 2 de la centrale syndicale. Et pour cause, cela est au cœur de toutes les négociations. Il ne précise pas non plus la période au cours de laquelle ces points ont été satisfaits déniant volontairement au Gouvernement IBK des mérites pour des raisons manifestement extra-syndicales. Dès lors se pose la question de la bonne foi de ce responsable syndical aux méthodes souvent peu orthodoxes.
Emporté par un élan de radicalisme rarement observé chez la centrale historique des travailleurs de notre pays, Maouloud Ben KATTRA, dans toutes ses œuvres, monte les enchères : « nous dirons à l’Untm que ça ne suffit pas, parce que les autres points que certains, y compris le gouvernement, considèrent comme des points qui peuvent venir en deuxième position, pour nous, ce sont des points essentiels, au même titre que ceux qui ont été appliqués ».
Il est nécessaire de clarifier le « nous ». S’agit-il des travailleurs dans leur ensemble, ou de maîtres chanteurs embusqués dans la peau de syndicalistes ? Parce qu’entre nous, la frontière n’est pas étanche. Ce qui inquiète également, à la suite de cette sortie, est que la notion de syndicat responsable va à vau-l’eau par la faute de responsables syndicaux d’un autre genre. Jusqu’à ces dernières années, l’UNTM s’était illustrée par des pratiques plutôt vertueuses, citoyennes. La centrale syndicale n’avait jamais été prise à défaut sur la solidarité nationale au moment où le pays traversait des crises ajournant même certaines de ces revendications. Autre temps, autres meurs. Quand la cupidité sur fond d’intransigeance s’invite à l’autel des revendications syndicales, cela crée un Capharnaüm qui est loin de contribuer à la stabilité du pays, mais, qui, paradoxalement, semble servir certains intérêts inavoués. Il faut arrêter la dérive de cette centrale syndicale qui doit rester une référence dans le pays et en Afrique !
L’animateur du jour, Ben KATTRA, a bouclé la boucle en annonçant : « pour terminer, il dira que l’ensemble de ces problèmes peuvent constituer des nouvelles revendications pour l’Untm, qui seront ajoutées aux points non satisfaits du protocole de 2011 et de 2014 à l’occasion du 1er mai 2016 ».
Sur ce plan, il n’y a rien de nouveau sous le ciel. L’UNTM a toujours procédé de la sorte. Ce qui change, c’est l’emballage nauséabond de chantage et d’intimidation dans lequel sont présentées ces futures revendications. Cela frise les limites d’un règlement de compte personnel. Toute chose qui n’est pas du tout à l’honneur d’une centrale syndicale qui a été de tous les combats pour les libertés individuelles et collectives, pour la démocratie dans le pays. L’exercice du droit syndical ne saurait en aucun cas servir de passe-droit pour la réalisation d’ambitions personnelles. Pourtant, il s’impose à l’évidence qu’il y a un grave amalgame volontairement entretenu à ce niveau.

La prétention
Intox
Le confrère ‘’L’Aube’’, traitant la marche de la CSTM, hier, contre l’indifférence des autorités à ses revendications, a rappelé des propos de Yacouba DIAKITE, dirigeant du Réveil citoyen du Mali : « quand l’insouciance, l’incapacité, l’incompétence riment ensemble, l’échec est inéluctable et la contestation une parfaite évidence ».

Détox
Le français est si riche que le président du Réveil citoyen du Mali peut se permettre une juxtaposition de termes pour décrire une situation virtuelle ou réelle, selon le camp où l’on se situe, la dramatiser ou la dédramatiser en fonction de l’objectif. Il s’en est donné à cœur joie. Pour autant, cette grande ouverture ne saurait faire perdre de vue que ses qualifications peuvent être des jugements de valeur. Parce que soutenir qu’un régime est incompétent, incapable, insouciant, c’est quand même prétentieux. Il peut y avoir des défaillances dans le mécanisme, mais toute la chaîne ne peut pas être coupable de carence et d’irresponsabilité morale. Cela est un fait évident.
Par ailleurs, établir une corrélation entre les griefs soulevés et la contestation relève d’une escroquerie intellectuelle de bas étage. Et pour cause, la contestation peut naître simplement d’une divergence de vues ou d’une ignorance.

La désinformation
Intox
Selon le confrère ‘’L’Indicateur du Renouveau’’ : « Elle a, depuis 2014, déposé sur la table du gouvernement un cahier de doléances. Aucune des revendications formulées par la CSTM n’a trouvé de solution ».

Détox
Une telle affirmation de la confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) sent la désinformation et la manipulation à plein nez. Il est évident que si certaines de ses revendications spécifiques n’ont pas été satisfaites, beaucoup d’autres, par contre, dans un cadre général, l’ont été. L’UNTM nonobstant les frasques dont elle a la mauvaise réputation, ces derniers temps, a eu l’honnêteté de reconnaître que beaucoup de réponses positives ont été apportées aux revendications. Étant donné que ces réponses positives ne sont pas sélectives, tous les travailleurs en profitant, une telle affirmation de la CSTM ne peut être considérée que comme très exacte et abusive. A contrario, si c’était le cas, alors elle devrait se poser la question de la crédibilité de ses revendications et de sa propre légitimité.
Le confrère poursuit : « alors, elle entend par cette marche de ce jour, dénoncer la mal gouvernance, la corruption et la gestion clanique du pouvoir ».
Selon des sources concordantes, c’est environ un millier de personnes qui a effectivement pris part à cette marche annoncée à grand renfort de publicité. À en croire les élucubrations de certaines personnes, c’est tout Bamako (à part ma famille d’abord) qui est à l’article de la mort par faute de soins de santé, de nourriture… En toute logique, ce sont tous les oubliés de Bamako qui devraient se mobiliser pour manifester leur mécontentement. Mais c’est juste un petit millier de personnes qui a battu le pavé hier. Cela pose des problèmes par rapport à la véracité de certaines allégations visiblement tendancieuses. Cela met également la confédération syndicale en délicatesse avec ses accusations contre le Gouvernement. En tout cas, il y a une certitude : sur le million de Bamakois, si c’est seulement un millier de personnes qui se mobilise pour cette marche grandeur nature, c’est que la CSTM n’est pas suivie dans son combat.

Le suivisme
Intox
Le confrère ‘’Le Républicain’’, rapportant un passage du communiqué du Forum des organisations de la société civile du Mali (FOSC), a écrit : « La position de faiblesse dans laquelle l’État se trouve sur le terrain, l’absence des partis politiques dans le mode de désignation des autorités intérimaires, créent une situation de domination des groupes armés, qui en fait, obtiennent ainsi toute la latitude d’imposer leurs choix dans la désignation desdites autorités ».

Détox
L’on était en droit de s’attendre à ce que le Forum des organisations de la société civile vole un peu plus haut que de servir de caisse de résonnance à certains partis politiques qui se dédient dans cette affaire d’autorités intérimaires. Ils ont été associés aux discussions au cours desquelles les éventuels problèmes pouvant surgir ont été posés, analysés avec des propositions de solutions. Tout comme le Gouvernement, ils sont censés être embarqués dans la même aventure. Retournement de situation, ceux d’entre eux qui sont représentés à l’Assemblée nationale décrètent le boycott de la séance au cours de laquelle devait être approuvée la loi sur les autorités intérimaires. Dans une logique de déstabilisation, les partis politiques frondeurs, par une déclaration en date du 12 avril, ont annoncé leur décision de quitter le Cadre de concertation ministère de l’Administration/Partis politiques.
Le FOSC se devait aussi de voler plus haut en ne cédant pas à une manipulation facile. Parce que si les partis politiques ne participent pas au mode de désignation des autorités intérimaires, il n’est dit nulle part qu’ils sont exclus du jeu démocratique. Les autorités intérimaires exercent pendant une période intérimaire prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Après ces parenthèses viendront les élections qui sont l’affaire, par excellence, des partis politiques. Qu’est-ce qui fait alors courir certains partis politiques et leur sous-traitant de la société civile ? Y a-t-il quelque chose qu’ils cachent aux Maliens. Y a-t-il un procès d’intention ? Des réponses claires s’imposent.
Pour ce qui est de la position dominante des groupes armés, elle est de facto ; avec ou sans autorités intérimaires. C’est cela la vérité du terrain. Il faut par conséquent être d’une naïveté déconcertante et d’un idéalisme pour s’imaginer autre chose.

 La rédaction

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