Intime conviction : La République poignardée par ses privilégiés

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La résurgence de la rébellion au nord-Mali a-t-elle été savamment organisée pour repousser les élections, au risque de plonger notre pays dans le chaos socio-politique ? Cela est aujourd’hui une conviction de nombreux compatriotes qui n’ont jamais cru à la promesse du président Amadou Toumani Touré de respecter la constitution en cédant le fauteuil présidentiel  le 8 juin 2012. Une conviction de plus en plus partagée dans certaines chancelleries dans la capitale malienne. Ce qui est sûr, c’est que la République du Mali est aujourd’hui menacée dans ses fondements. Menacée non seulement par la mauvaise gestion doublée de laxisme qui est à la base de cette incessante rébellion touareg, mais aussi par l’appétit vorace de groupes bien organisés (politiques, affaires, cadres…) qui n’ont aucun intérêt à voire ATT partir «si tôt» !

 

Le président ATT a-t-il réellement envie de quitter le pouvoir le 8 juin 2012 ? La résurgence de la rébellion au nord-Mali est-elle un fait anodin à lier uniquement à la chute du Colonel Kadhafi en Libye ? Autant de questions qu’on se pose dans des cercles fermés et les chancelleries à Bamako. Et la réponse ne fait pas de doute pour de nombreux compatriotes : ATT n’a pas la volonté de quitter la présidence du Mali et la rébellion a été orchestrée pour éviter la tenue des élections aux échéances prévues. Et cela au risque de conduire le pays dans une impasse démocratique et de le plonger dans le chaos politique et social.

Ceux qui défendent cette thèse, mettent en avant certains signaux comme arguments. «Dans certains salons feutrés de la capitale, des proches du président disaient que ce dernier leur a recommandé de ne pas s’engager derrière tel ou tel candidat avant fin janvier 2012. Et curieusement, on a déploré les premières attaques de la rébellion le 17 janvier 2012. Est-ce un hasard ? Je ne pense pas puisque les mêmes proches disaient que le Chef de l’Etat allait prolonger son mandat pour mener à bien certaines missions. A mon avis, la crise de la Libye n’a servi que d’opportunité au pouvoir pour planifier cette rébellion dont certains meneurs étaient conseillers à la présidence seulement quelques semaines avant son déclenchement», défend l’un d’eux.

«Pourquoi le Mali est déstabilisé par les revenants de la Libye alors que les voisins de la Jamahiriya ne connaissent aucune action de déstabilisation ?  Le Mali a été le seul à accueillir sur son territoire ces éléments avec leurs puissants armements. L’Algérie, le Tchad et le Niger ont désarmé ceux qui se sont réfugiés sur leurs sols. L’armée avait donné l’alerte et souhaité désarmer ceux qui sont les insurgés d’aujourd’hui avant de se heurter à un niet catégorique du pouvoir politique. Ceux qui l’accusent aujourd’hui d’être des complices des leaders de la rébellion n’ont pas totalement tort parce qu’il y a trop de coïncidences inquiétantes dans la reprise des hostilités au nord du pays», souligne une source militaire. Une déclaration qui en dit aussi long sur la division qui règne présentement dans les rangs de l’armée malienne.

La crainte du chaos politique

Aujourd’hui, notre septentrion est un lieu de non droit, un terrain de prédilection pour les ravisseurs de touristes, trafiquants d’armes et d’humains ainsi que de la drogue. Ainsi de 2006 à 2011, la situation est devenue plus compliquée et incontrôlée par la présence de plusieurs groupes armés qui ont pris goût aux traitements de faveur des différents régimes depuis l’avènement de la démocratie. L’ancien Mouvement pourla Libérationde l’Azawad (Mpla) qui avait secoué le nord dans les années 1990 vient par exemple de reprendre les armes.

Il y a aussi des groupes sortis des entrailles du Mpla comme l’Armée Révolutionnaire de Libération de l’Azawad (Arla), le Front Populaire de Libération de l’Azawad (Fpla), le Mouvement Populaire de l’Azawad (Mpa). Ceux-ci cohabitent et font front commun de nos jours avec les ex-combattants venus dela Libyeet ceux de l’Aqmi qui règnent en maîtres intouchables depuis 2009.

Ce sont ces forces paramilitaires que nos soldats doivent affronter en position de faiblesse parce que moins bien formés et moins armés que leurs ennemis. Cela explique en partie pourquoi, ces dernières semaines, nos forces armées et de sécurité enchaînent les revers face aux rebelles touaregs qui, selon leurs sources, contrôlent désormais un bon tiers du pays. Peut-on organiser des élections crédibles alors que le tiers du territoire est occupé par des insurgés qui réclament officiellement l’indépendance d’une vaste région, l’Azawad ?

Avec un Trésor public déjà éprouvé par les efforts de guerre ou de paix, selon que l’on soit belliqueux ou non, le gouvernement pourra-t-il faire face à des élections budgétivores ? Rien n’est moins sûr, malgré que les Partenaires Techniques et Financiers (Ptf) soient disposés à accompagner le pays dans le processus de consolidation de l’expérience démocratique ! Même si une source militaire pense que, «le Mnla ne pourra pas tenir des mois et des mois, il devra faire face à un problème de ravitaillement, notamment en carburant. Lui aussi a donc intérêt à ce que les élections se tiennent à la date prévue pour entamer des négociations avec un nouveau pouvoir».

Toutefois, le Mnla aura-t-il envie de discuter de l’indépendance en accumulant les victoires militaires sur le terrain face à une armée qui ne cesse de se replier sur elle-même ? Cela n’est pas non plus évident ! Surtout que dans les derniers affrontements, notamment dans la sanglante bataille de Tessalit, les insurgés ont récupéré plusieurs véhicules blindés, des canons d’artillerie et des munitions. Aujourd’hui, nos soldats ne rassurent personne sur leur capacité à pouvoir renverser rapidement le rapport de forces en leur faveur face à des rebelles touaregs très déterminés et bien organisés.

Cela n’est pas d’autant sûr que, en début mars, des colonnes dirigées par trois officiers expérimentés des troupes régulières avaient ainsi été mises en déroute par le Mnla sur la route de Tessalit. Lors de cette opération, l’un des trois hélicoptères (MI-25) de l’armée malienne serait tombé en panne. Et les deux autres seraient ménagés par le Palais présidentiel, qui craint une possible contre-offensive des insurgés touaregs vers la région de Ségou voire des zones du Sud.

En déroute, l’armée baisse dans l’estime des Maliens

Les déroutes des défenseurs de l’intégrité territoriale du Mali amènent certains compatriotes à se poser la question : Le Mali a-t-il réellement une armée ? «Pour moi, une armée qui se comporte comme la nôtre le fait actuellement en désertant des camps stratégique n’est pas digne de ce nom. Voilà tout le problème», s’offusque sur Facebook une femme cadre du pays. C’était au cours d’un forum très animé et dont la plupart des animateurs partageaient finalement la position de la jeune femme.

«Le Mali a une armée d’ailleurs très efficace. Mais, ce qui manque à cette armée c’est la décision… Cette armée a besoin juste d’un bon commandement, car ceux qui sont aux commandes actuellement ne peuvent rien refuser au pouvoir en place et qu’ils continuent de suivre aveuglement dans sa quête d’une improbable paix dans cette situation», avait souligné un internaute.

La question est très intéressante ! Selon de nombreux experts, le Mali a une armée, mais pas une force armée comme on l’entend ! Nos militaires sont sous-équipés et très mal formés ! Le népotisme et la corruption sont passés par là ! Pour être recrutés dans l’armée, il faut être fils de militaire ou avoir les bras longs si on n’est pas d’une famille nantie ! Pour passer au concours d’entrée du Prytanée, il faut être fils ou fille d’officier ou être sous le couvert d’un haut gradé ! Il en est de même pour intégrer l’Ecole militaire interarmes (Emia). Et les quotas ont définitivement achevé ce qui restait comme valeur dans les recrutements de l’armée, de la gendarmerie, de la garde nationale, de la police et des services de la douane. Toutes les hautes autorités ont leur quota !

Le recrutement dans les forces armées et de sécurité ne répond plus à des critères d’aptitude, mais à la position de tel ou tel parent, tel proche… Et comme le dénonçait récemment le Général Sadio Gassama, le ministre dela Défenseet des Anciens combattants, au Camp de Kati, en période de crise, les mêmes personnes remuent ciel et terre pour que leurs enfants ne partent jamais au front ! Comment peut-on miser sur une armée dont la majorité des éléments ont été recrutés et formés dans la totale complaisance ?

Sans compter, comme nous le soulignions si haut, la division au sein même de la hiérarchie. Cela n’est un secret pour personne que celle-ci est de nos jours plus que divisée entre ceux qui sont pour ou contre le pouvoir en place. Et cela à cause des promotions complaisamment accordés ici et là ! «Certains officiers ont été écartés des postes de commandement sans raisons valables. Comme d’autres ont été promis sans aucun mérité. Depuis son retour au pouvoir, le président a formé un cercle restreint d’officiers autour de lui et qui ont droit à tous les honneurs et à tous les privilèges. Cette position ne répond à aucun critère de compétence», déplore notre source militaire.

Des chevaux de Troie dans l’armée

Ainsi, malgré leur expérience et leur niveau de formation, certains officiers sont mis au banc de la formation des troupes sur le terrain et exclus de la formulation et du raffinement de la stratégie de défense nationale. Selon de nombreuses sources, les mouvements de protestation des épouses et enfants de soldats de début février 2012 seraient orchestrés par des Officiers qui disent «en avoir marre» de «cette gestion lâche» de la rébellion au nord-Mali. Des protestations qui ont frôlé une insurrection populaire exposant le régime à un coup de force militaire comme l’a avoué le président ATT le 8 mars dernier devant les femmes. D’ailleurs, le spectre d’un coup d’Etat plane toujours sur le pays.

L’autre handicap de l’armée face «aux bandits armés», c’est la politique d’intégration des anciens rebelles dans les forces armées et de sécurité. Ces intégrés sont, pour une grande partie, de véritables chevaux de Troie au sein des troupes régulières. Certains quittent leurs postes pendant des mois avec armes et minutions. Ils reprennent service quand ils veulent sans rendre compte à qui ce soit.

Les rapports de désertion ne sont jamais suivis d’effets parce qu’oubliés dans les tiroirs lorsqu’il s’agit de ces intégrés. Mieux, à leur retour, ils bénéficient du rappel de l’intégralité de leurs salaires. On sait que normalement, après seulement trois jours d’absence non justifiée par un soldat, le compte-rendu désertion est aussitôt rédigé et envoyé à qui de droit dans la hiérarchie. L’intéressé est radié au bout de six mois d’absence.

Il n’est pas interdit d’intégrer ces «bandits armés» si cela pouvait consolider la paix et la stabilité du pays. Mais, quand on accepte d’intégrer un corps ou une unité, on doit être prêt à se plier aux règles et exigences qui les régissent. Malheureusement, il y a toujours un traitement spécial pour les éléments des troupes rebelles intégrés dans l’armée, la gendarmerie, la garde nationale, la police, la douane…

Et, hélas, cela ne fait que les (paix et stabilité) compromettre davantage parce qu’affaiblissant nos forces armées et de sécurité. Et malgré l’échec de presque tous les accords de paix signés avec la rébellion de 1991 à nos jours (Tamanrasset, Pacte National, Alger…), les autorités n’ont pas cessé de dorloter les hors-la-loi. Curieusement, la signature des accords de janvier 1991 avec le Mpla a par exemple fait naître chez d’autres individus l’envie de prendre les armes pour se faire prendre en charge par l’Etat. Et contre toute attente, les Accords d’Alger (Algérie) ont été signés en juillet 2006 avec à la clé une largesse inouïe concédée aux ennemis de la paix. Et cela tout en sachant qu’une grande partie de l’opinion nationale n’y adhérait pas.

Le pouvoir a courbé l’échine devant des tueurs en leur offrant des fortunes et des postes confortables au sein de l’armée et de l’administration publique. «Ces dernières années, nos autorités ont dilapidé l’argent du contribuable malien en essayant d’amadouer des touareg rebelles qui n’ont aucun respect pour la nation malienne et qui ne se cachent pas pour se livrer à des propagandes anti-Maliens, notamment sur le site internet de Kidal Info et dans des médias algériens», s’offusque un internaute dans un débat sur Facebook.

Il poursuit, «tenez vous bien, ils peuvent même venir siroter tranquillement du thé à Koulouba aux frais du contribuable malien et se moquer des Maliens en arabe quand bien même qu’ils maîtrisent parfaitement le français, la langue officielle du Mali jusqu’à preuve du contraire».

La République poignardée par les privilégiés du pouvoir

Aujourd’hui, ce sont ces citoyens dorlotés et amadoués qui sont en train de poignarder la Républiquedans le dos en la menaçant dans son fondement : l’unité nationale ! Une grande partie des intégrés dans les forces armées et de sécurité ont rejoint les rebelles avec les armes et des informations précieuses sur notre stratégie de défense. Ils sont à la base de toutes les victoires militaires des insurgés.

Selon des sources concordantes, Diré a par exemple été attaquée par des éléments intégrés de son propre peloton. Des assaillants qui ont bafoué les symboles de l’Etat malien. Après avoir vandalisé le domicile du préfet, les assaillants ont rendu  visite   au commissariat de police, à  la brigade de  gendarmerie,  à la douane,  à la préfecture où les occupants avaient, partout,  décidé de vider les lieux. Les insurgés n’ont rencontré aucune résistance sur place. Alors libres de leur mouvement et en terrain conquis, ils n’ont pas épargné l’hôpital et l’Institut de Formation Professionnel (Ifp).  Les assaillants ont en effet enlevé les véhicules des deux structures ainsi que celui du percepteur.

Après cette crise, après ces événements tragiques comme vécus à Aguelhok, il va falloir reconstruire une vraie armée Républicaine et sortir du fantasme de l’intégration comme solution de la paix et de la stabilité. Ce n’est pas en amadouant son ennemi qu’il va forcément changer de mentalité. Et surtout que la guerre n’est pas une plaisanterie pour prendre le risque de se faire harakiri !

Toutefois, les Maliens ne doivent pas céder au découragement et au pessimisme au moment où la démocratie est menacée par des aventuriers agglutinés au pouvoir et la Républiquepar des renégats plus préoccupés à protéger un espace vital pour leurs trafics (drogues et armes) que par une quelconque indépendance de l’Azawad. C’est le moment d’être unis, fort et solidaires. Comme le dit un couplet de notre hymne nationale, «Si l’ennemi découvre son front/Au dedans ou au dehors/Debout sur les remparts/Nous sommes résolus de mourir» ! Mourir pour consolider la démocratie, pour sauvegarder l’intégrité du territoire nationale. Mourir pour le Mali !

Kader Toé

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1 commentaire

  1. att et son entourage ont vendus le mali au bandit armée du nord pour avoir la paix et sa retourné contre lui ses gens du nord non jamais respecté les maliens du sud ils se sentent superieur tout sa ete organisé par alpha et att

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