Sous d’autres cieux, notamment en Occident, la période de précampagne électorale est d’habitude propice à la guerre des sondages et des pronostics. Le phénomène est en train de prendre corps au Mali. Il n’ya pas très longtemps, des «sondages» donnaient gagnants certains de nos responsables politiques, alors même que ceux-ci n’ont pas officiellement fait acte de candidature.
Après les «sondeurs», ce sont les voyants qui se mettent en valeur. Un prédicateur (Un provocateur ?) déclare Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), président du RPM et candidat non déclaré, vainqueur de l’élection présidentielle de 2012, rapporte Le Hoggar du lundi dernier. IBK a déjà été battu à cette élection, en 2002 et 2007, et se présentera très certainement en 2012. Son heure serait donc venue, à en croire un devin inconnu du grand public, qui, apparemment, se fie plus à ses cauris qu’à la volonté populaire et à la vérité des urnes, lesquelles ne se sont pas encore exprimées. Toujours est-il qu’IBK aurait tort de croiser les bras, en se disant que la victoire est déjà acquise.
Quels Directeurs de campagne pour les candidats ?
En effet, des adversaires de taille sont tapis dans l’ombre. Et, eux, travaillent déjà, minent le terrain, pipent les dés, et sont prêts à tout. Si certains d’entre eux n’ont pas non plus déclaré leur candidature à la présidentielle de 2012, le confrère 22 Septembre (05/09/11) leur offre un cours gratuit et gratis de sciences politiques et électorales. Il indique à Dioncounda Traoré de l’Adéma-PASJ, à IBK du RPM, à Oumar Mariko de Sadi, et à Soumaïla Cissé de l’URD de quels Directeurs de campagne ils auraient besoin pour gravir le chemin long et escarpé de Koulouba où est perchée La Maison du Mali. Un cours magistral qui prend en compte la course de fond, la course de demi-fond et le sprint. En voilà un, un certain Tékété de PBS, qui ne doute pas un instant que la victoire électorale est offerte sur un plateau d’argent par des Directeurs de campagne et non par le peuple. Et ce dernier, après avoir été berné pendant deux décennies par des candidats qui ne tiennent jamais leurs promesses électorales, voudra sans doute être convaincu par un programme de gouvernement et un projet de société réalistes et adaptés aux besoins de toutes les populations, et non des tentatives réussies pour certains, de brigandage des biens publics, comme le dirait Zorro. En effet, les hommes et femmes qui nous gouvernent depuis le processus boiteux de démocratisation, n’ont guère brillé par de véritables velléités à tirer le Mali vers le haut, d’où cette fort railleuse mais vraie de «pays immergeant». Et beaucoup de ceux-là mêmes qui ont été aux affaires, aspirent à revenir ou à continuer, pour jouir encore des prébendes de la République.
Le gaz, la vraie réforme de la discorde
Amadou Toumani Touré, dans son immense et légendaire sagesse, a décidé de modifier la donne. D’où le courroux de certains, dont un certain Younouss Hamèye Dicko, ex-Ministre et ancien beaucoup de choses, qui, à la tête de 43 partis politiques non-alignés, crie à la trahison du peuple malien auquel ATT veut imposer des réformes politiques et institutionnelles qui feraient basculer le pays dans une nouvelle République. Ce front du refus se serait enrichi, à en croire Soir de Bamako, par l’arrivée de la société civile et des syndicats. Lesquels étaient tout de même là depuis le début. On dit même qu’ils ont été consultés sur toute la ligne et qu’ils auraient donné leur accord, sans faire trop de chichis, croyant sans doute siéger dans les Commissions, comités, projets, et autres programmes qu’ATT crée à tour de bras pour «ses» réformes.
A propos des réformes, il y en aurait deux en vue qui pourraient pousser les populations à adhérer massivement au front du refus «Touche pas à ma constitution». Concernant la première, c’est L’Indépendant (05/09/11) qui vend la mèche en révélant que le Gouvernement veut faire augmenter de 500 FCfa le prix de la bombonne de gaz butane de 6 kg. Selon le confrère, la nouvelle Ministre du Commerce, de l’Industrie et des Investissements trouve économiquement anormal que cette denrée n’ait pas connu de variation depuis 10 années. Qu’est-ce qui se passe donc ? Mme SANGARE Niamoto Ba aurait-elle acquis des actions dans la distribution de gaz ? Le Gouvernement aurait-il décidé de ne plus subventionner le 6 kg ? Le chef de l’Etat aurait-il une réforme approfondie de l’environnement ? Toujours est-il qu’il faut toujours «sanzer», quitte à accélérer la déforestation et la désertification.
Brave Gouvernement, il est vraiment décidé à faire feu de tout bois. Et à 2500 Fcfa la bombonne, sûr que les Maliens qui ne voient déjà plus le diable pour lui tirer la queue, se rueront sur le bois vert et le charbon pour chauffer le peu qu’il y a dans la marmite.
La deuxième reforme serait une hausse en vue des tarifs de consommation de l’électricité. Pour cette autre énergie également, le Gouvernement aurait décidé de «sanzer», selon Le Combat, du 7 septembre. Plus de gaz, plus de courant. On va bientôt ressembler à Dakar.
Cheick TANDINA