Infos ou Intox : Mal gouvernance et sous-développement

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Modibo Sangaré, le politicien musulman, président du parti UNPR, a prévu au Mali un  printemps arabe, autrement dit, toute une série de marches de protestation contre la vie chère, la corruption, l’impunité et les réformes politico-institutionnelles. La première de ces marches a eu lieu vendredi dernier, et, selon le confrère L’Indépendant (22 août 2011), elle a été un fiasco. Même si d’autres affirment le contraire, cette manifestation ne semble pas avoir drainé le monde espéré par son principal organisateur. Preuve que les Maliens ne sont pas si mécontents du Gouvernement et de tous les efforts qu’il dit faire pour leur satisfaction. Contents également des mesures arrêtées pour lutter contre la corruption et l’impunité.

Pour preuve, ils applaudissent toujours quand la police ou la gendarmerie arrêtent des malfrats et des corrompus. Ils se soucient peu que ceux-ci ne soient que du menu fretin exhibé comme écran de fumée. Concernant les réformes, le peuple a largement adhéré au projet, à travers ses honorables représentants à l’Assemblée Nationale. Selon l’inénarrable Makan Moussa Sissoko, un des concepteurs et défenseurs du projet, ces réformes permettront au pays de sortir de l’ornière, parce qu’elles sortent tout droit de la pensée de Soundiata Kéïta et de quelques roitelets indigènes et sauvages qui s’étaient réunis, il y a de cela quelques siècles, à Kurukan Fuga pour concocter le super modèle de Constitution dont se sont inspirés, depuis, tous les Etats modernes.

Et rien qu’à la simple évocation de ces réformes, avant même qu’elles soient adoptées par le peuple, le Mali a fait un bond qualitatif de plusieurs années en avant, en matière de développement. C’est du moins ce qu’on ressent en lisant L’Essor du 23 août. «Le Ministre de l’agriculture en zone OHVN, constat globalement satisfaisant», soutient le confrère. C’est fou ce que cachent ces «globalement et en général». C’est l’arbre qui cache la forêt. Parce que, depuis des années, le riz, dont une grande partie est produite dans cette zone, est devenu une denrée rare et hors de portée de la plupart de nos concitoyens. L’Initiative riz ? Un projet probant et structurant pour…quelques individus sans scrupules. Où est le développement ? On le verra bientôt lorsque les campagnes seront officiellement ouvertes pour les élections législatives et présidentielles. On saura alors qui a été réellement développé.

Pour l’hebdomadaire Le Patriote (23 août), c’est au Nord que se trouve ce fameux développement. Selon lui, l’ADN (Agence pour le Développement du Nord) serait un bon exemple pour le développement. Difficile de le croire. Car dans cette boîte, rien ne va plus entre le Directeur et son Adjoint. Le dernier accuse le premier d’avoir une gestion opaque et désordonnée des ressources de l’Agence. Mais, selon plusieurs témoins, l’Adjoint souffrirait d’absentéisme aigu. Invisible aux réunions hebdomadaires de planification, aux séances de travail, pendant les missions. Il viendrait vers midi et s’en irait à quatorze heures, après deux heures de durs et rudes travaux. Et pendant ce temps, c’est tout le service qui souffre. Quand même, on dit que l’ADN est un bon exemple à suivre. C’est vrai ! Au Mali, c’est en fournissant le moins d’effort que l’on participe au développement. Mais contre cela, les autorités ne peuvent absolument rien.

C’est comme dans le cas de la lutte contre l’incivisme. Candide, Le Politicien africain du 18 passé se demandait : «Où est passé le Maire du District», après avoir constaté l’obstruction de la voie du Boulevard du peuple par les marchands, les vendeurs ambulants, les acheteurs et les badauds. Cher confrère, le Maire du District était loin de cette voie, préférant frimer en Commune I, aux côtés des forces de l’ordre, et sévir contre des automobilistes distraits et des maçons négligents qui avaient, quand même, occupé la voie publique. C’était bien, mais ce qu’ATT attend de lui, c’est plutôt de dégager «son» anneau SOTRAMA.

Mais, il risque de se casser les dents, l’édile. Au Mali, depuis que la démocratie a été importée, il n’y a plus d’autorité de l’Etat, plus de civisme, plus de respect du bien public. Les gens souffrent la faim et la misère, à cause de la mal gouvernance et du sous-développement, et n’ont nullement l’intention d’assister en spectateurs passifs à tout ce qui se passe en haut. Surtout qu’en définitive, c’est ce peuple qui doit payer.

 

Oumar Mariko, ancien chef du Syndicat estudiantin, aujourd’hui Député à l’Assemblée Nationale, a affirmé en public que depuis qu’il est à l’Hémicycle, le sport favori des Députés est de voter des textes qui endettent le Mali à hauteur de milliers de milliards destinés à financer le développement de la minorité et le sous-développement de la grande majorité. Mais, «nin bee bi ban don do».

 

Cheick TANDINA


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