Infos ou Intox :  Les Députés mangent, le Vegal dort

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«Primaires ADEMA pour la présidentielle 2012, 53 députés de la ruche apportent leur soutien à Dioncounda Traoré» pour contrer l’offensive des six autres candidats à l’investiture.

C’est L’Indépendant (8 juillet 2011) qui le révèle, à la Une, mais sans être trop sûr de ce qu’il avance puisque dans le même papier, il conclut que, selon un proche de Sékou Diakité, un autre candidat, seuls 17 Députés auraient rallié la cause de Dioncounda Traoré. Assez troublante, cette querelle des chiffres qui amène cette question : combien de Députés l’Adema-PASJ compte-t-il à l’Assemblée Nationale ?

Jeune Afrique, dans son édition du 19 au 25 juin, parle de 46 Députés «Abeilles». Il est vrai qu’avec les nombreuses transhumances et désertions, on a souvent du mal à se situer. Sûr que les groupes parlementaires ne savent trop quoi dire. En attendant d’en avoir le cœur net, il faut signaler que des Députés ont bel et bien décidé de prendre fait et cause pour le président de leur parti au détriment de ses premier et deuxième Vice-présidents, adversaires les plus sérieux, et des autres, dont le Secrétaire général du parti, Marimanthia Diarra, qui affirme à un confrère «être surpris qu’on soit surpris de sa candidature» à la primaire.

Le choix des Députés, donc, peut paraitre normal. On est en démocratie, et même des Députés élus peuvent se permettre d’élire à leur tour. En revanche, ce qui est plus qu’anormal, c’est que ces Elus de la Nation n’aient pour seules motivations de leur choix que l’argent et des avantages, et non la lettre de motivation qui décline succinctement le programme des candidats à l’investiture du parti. Or, à en croire la Une de L’Indicateur du Renouveau (11 juillet 2011), «des soupçons de corruption» pèseraient à l’Assemblée Nationale sur les Députés, lesquels seraient payés pour apporter leurs voix à Dioncounda Traoré dans la primaire qui l’oppose à d’autres prétentieux.

Pour bien se lécher les babines, ces 53 ou 17 députés, en plus de l’argent perçu en espèce même lorsqu’ils ne font rien, bénéficieraient de marchés, de missions à l’étranger, et de beaucoup d’autres avantages en nature. Tout ce pactole serait distribué gracieusement par le premier questeur (l’argentier) de l’Assemblée Nationale pour faire chanter ces Députés et les corrompre. Pour cela, puiserait-il dans les caisses de son parti, l’Adema, ou aurait-il jeté son dévolu sur le budget du Parlement ? On sait que l’Assemblée Nationale bénéfice d’une solide et consistante allocation budgétaire pour gratifier des députés qui, le plus souvent, ne votent que des projets de loi rédigés par d’autres et ne font qu’entériner les diktats de leurs pendants du Gouvernement. Mais aussi important que soit ce budget, il doit avoir une utilisation précise et déterminée. Si ce que disent notre confrère et d’autres Députés est vrai, le nouveau Vérificateur Général, que personne ne voit ni n’entend, qui semble ne pas se donner trop de travail comme son prédécesseur, doit jeter un coup d’œil sur la gestion des fonds publics par Dioncounda Traoré et «son» questeur.

Selon plusieurs observateurs et autres confrères, la primaire de l’Adema occasionne beaucoup de dépenses de la part des prétentieux. En ce qui nous concerne, nous avons eu ces dossiers de prétention, rédigés sur papier glacé, imprimés dernier cri, gracieusement offerts à la presse. A l’évidence, les rédacteurs, infographes et autres imprimeurs ont touché le jackpot. Cela est d’autant plus alarmant et inquiétant que cette débauche financière amène cette question : si rien que pour des primaires, ces prétentieux mobilisent autant de sous, qu’en sera-t-il lorsqu’il faudra se lancer dans une vraie campagne électorale ?

A l’évidence, le seul budget de l’Assemblée Nationale ne suffira pas. Les trois prétentieux les plus sérieux à l’investiture de l’Adema sont Dioncounda Traoré, Député et président du Parlement, Ibrahima Iba N’Diaye, ancien Ministre, et Sékou Diakité, également ancien Ministre. Tous trois émargent au budget national dont chacun connaît les limites et difficultés. En principe ils ne devraient pas posséder autant d’argent à jeter même dans une campagne au seul niveau de leur parti a fortiori dans une campagne à l’échelle nationale. Apparemment nos braves «Abeilles» ont trouvé les moyens de tromper la vigilance des services de contrôle et d’inspection pour financer leurs propres activités politiques. Les autorités, qui sont si promptes à sévir contre de «petits» directeurs des finances et du matériel, devraient donc impérativement se doter de munitions pour la chasse au gros gibier. Mais, cela demande beaucoup de volonté politique, dont le sens, semble-t-il, est inconnu en haut lieu. Surtout si ce haut lieu est également bénéficiaire.
Cheick TANDINA
 

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