Infos ou intox : Le Mali et l’Azawad

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Il y a deux semaines, votre journal, Le Prétoire, toujours très lucide et osé, usant entièrement et totalement de son credo, la liberté d’expression et le devoir d’informer, a posé le débat sur le calendrier électoral. Et depuis qu’il l’a ouvert, nombreux acteurs politiques, observateurs de la scène et journalistes se sont engouffrés dans cette brèche.

Une fois le pavé jeté dans la mare, les crapauds et le menu fretin ont sautillé haut et fort, les uns croassant leur profond attachement au respect des dates constitutionnelles, les autres, frétillants, souhaitent le report sans oser le demander. Quant aux gros poissons, ils demeurent insaisissables dans les profondeurs des eaux troubles, pesant le pour et le contre. L’un de ces gros poissons aurait rencontré les membres du MNLA en Mauritanie (Sphinx, 24 février). Rien de surprenant à cela, même si le fait était avéré. Le président de la République a demandé à toutes les bonnes volontés de s’impliquer pour la tenue des élections et son départ à temps. Et quand lui-même a été accusé d’être de mèche avec les bandits, parce qu’on aurait retrouvé son numéro dans le répertoire téléphonique d’un bandit, Le Prétoire, dans ces mêmes colonnes,  n’a pas exclu l’éventualité de contacts nourris entre des responsables politiques et le MNLA. C’est de bonne guerre, il faut se battre sur tous les fronts conformément à l’esprit de dialogue du Malien. Aux vœux également de candidats qui sont pressés d’en découdre entre eux à une présidentielle dont certains ne veulent pas entendre parler.

Selon L’Indépendant (21 février), si les élections étaient reportées, ATT aurait fait le jeu du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et les bandits auraient gagné leur combat. Le président de l’ADM, Madani Amadou Tall, candidat à la présidentielle, renchérit : une transition n’est plus ni moins qu’une défaite de la démocratie et une victoire des rebelles. La Nouvelle République (23/02) est plus catégorique : « Ni transition ni coup d’Etat »

Le Mali est deux et divisible

En 1992, aux dires de certains qui ont toujours le bon mot, les élections se sont déroulées partout sauf dans la région de Kidal, au lendemain de la signature du Pacte national, le 12 avril.

Cette jurisprudence est assez nécessaire pour maintenir le calendrier électoral dans les délais constitutionnels. Autrement dit, le président Amadou Toumani Touré veut rendre le tablier de Koulouba le 08 juin 2012. Lui-même y tient et l’a déclaré sur les antennes de Radio France internationale. L’intention est louable, répond aux aspirations d’une grande partie de la classe politique, respecte la parole donnée,  ajoute à l’estime générale.

Or tenir coûte que coûte les élections aux dates indiquées (avril, mai et juillet), contrairement à ce que croient la classe politique, des observateurs et certains confrères, c’est faire le jeu du MNLA, c’est une défaite de la démocratie, c’est une victoire des rebelles. Et les rebelles auraient gagné leur combat.

A l’heure actuelle et dans les mois qui suivent, les élections ne peuvent se tenir que dans une toute petite partie du pays. Dans les régions du nord qui couvrent les 2/3 du territoire national, il n’est plus possible de battre campagne a fortiori d’organiser des scrutins. Dans les localités du septentrion, l’Etat est absent, les élus ont déguerpi, les forces armées et de sécurité ont déserté, les populations se sont exilées. Même les maisons ont été pillées et vidées de leur contenu. S’entêter à tenir les élections, c’est dénier à une grande partie de la population le droit de voter, de s’exprimer sur le choix du futur président dela République et des futurs députés. C’est une manière de dire aux nordistes qu’on n’a pas besoin d’eux pour organiser des élections et choisir le chef de l’Etat, que les élections peuvent se faire sans eux et pas pour eux. C’est reconnaître que l’intégrité territoriale et l’unité nationale ne sont pas vraiment des priorités. C’est consacrer, de fait, la partition du pays entrela République du Mali etla République de l’Azawad, et donner raison à ces bandits qui revendiquent leur indépendance et la libération d’un territoire.

C’est leur donner la légitimité dont ils ont besoin et qu’ils peinent à avoir auprès de leurs propres communautés.

Cheick Tandina

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2 COMMENTAIRES

  1. Celui qui veut venir voter… qu’il vienne voter… celui qui ne veut pas voter… qu’il reste où il est……. 🙁 🙁 🙁 … l’argument pour les réfugiés, les déplacés, est sans aucun doute recevable par respect des principes démocratiques… Mail il faut savoir que les 120.000 déplacés ne représentent pas 1 % de la population malienne…. Or, tout le monde sait que seulement 20 % des 5 millions d’électeurs au Mali votent effectivement… ce qui donne environ 1 million de votants… Conclusion… on ne va pas dépenser des milliards de francs CFA pour dire que 8.000 déplacés n’ont pas pu voter… c’est complètement absurde….. Concernant les grands centres : Tombouctyou, Gao, Kidal… l’armée est présente… et ceux qui veulent aller voter iront voter… On ne va pas bloquer la démocratie pour ça… 🙁 🙁 🙁

  2. Enfin! Une bonne analyse de la situation! Je suis tout à fait d’accord avec vous. Tenir des élections à tout prix dans ces conditions d’insécurité générale au Nord voire ailleurs est tout simplement insensé et irresponsable. ATT a foutu le pays dans la merde par son laxisme et sa passivité en laissant notamment Aqmi s’installer sur notre territoire et en laissant ouvertes nos frontières aux revenants de Libye lourdement armés! Il est donc le premier responsable de nos malheurs actuels. C’est donc à lui de ramasser sa merde en ramenant la sécurité au Mali avant la tenue de toute élection. Tous les maliens( du Nord, du Sud, d’Est et d’Ouest) ont le droit de choisir leurs représentants lors des élections. Je ne voit pas au nom de quoi on veut priver ceux du Nord de ce droit sauf à les transformer en militants du MLNA. Bon sens! 👿

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